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Société Publié le vendredi 20 novembre 2009 | Nuit & Jour

Sous le ‘’péril intellectuel’’

L’Afrique est une grande malade à qui tous les soins semblent avoir été prodigués sans résultat. Est-ce parce que les remèdes utilisés à cet effet n’étaient pas ceux qu’il fallait ? On ne saurait l’affirmer. Puisque ces mêmes thérapies ont fait des pays d’Asie du sud-est notamment, des nations développées en moins d’une seule génération. Mais alors que faut-il pour venir à bout du mal qui écrase l’Afrique de sa chronicité? Cette question révèle bien que pour le succès d’un traitement à administrer au continent noir, il faut assurément réaliser au préalable un diagnostic exact des causes ou des sources profondes de ce mal. Alors, qu’est-ce qui est responsable de tout ce désastre qui dévaste l’Afrique depuis les indépendances, pour ne nous limiter qu’à cette période ? De notre diagnostic à nous, il ressort que la sécheresse, la famine, les maladies, les guerres, les dictatures, l’analphabétisme, etc. ne sauraient être responsabilisés. Pour la simple raison que ces fléaux ne sont justement que les symptômes, les manifestations de ce mal et non pas le mal lui-même. De notre avis, la source de ce cataclysme qui balaie le continent noir a une seule et unique identité : les intellectuels africains ! Et l’on saurait difficilement nous contredire. Il est coutume de dire que l’analphabétisme est le plus grand mal qui puisse atteindre une société.

Et même qu’en ce troisième millénaire, refuser de se soumettre à la dictature des nouvelles technologies et de l’Anglais, est devenu la nouvelle forme de l’Analphabétisme. Cette assertion est absolument vraie sur tous les autres continents. Mais pas en cette Afrique qui, depuis la nuit des temps, oppose une résistance farouche à s’inscrire dans la marche historique de l’humanité vers le développement. Ici, ce sont plutôt les intellectuels qui sont quotidiennement à l’ouvrage de la destruction de ce continent. En voici la raison : l’Afrique manque-t-elle des ressources naturelles ? Que non pas ! Elles y sont si abondantes que c’est le réservoir où toutes les puissances confirmées ou émergentes viennent puiser pour construire leur développement. Où le problème se trouve-t-il alors ? Infailliblement au niveau de l’utilisation et de la répartition des revenus financiers générés par le commerce de ces ressources naturelles. Sont-ce les analphabètes et les illettrés qui en ont la charge? Non plus ! Mais bien les intellectuels, c’est-à-dire ce qui est censé être l’élite de la nation africaine. C’est celle-ci qui exerce le pouvoir suprême, c’est-à-dire le pouvoir politique. Ce pouvoir, alors même que l’école occidentale à laquelle ils ont tous été formés, dit qu’ils n’en ont que l’exercice et non la détention, ils en exproprient le peuple qui, seul, a ce pouvoir. Et c’est de cette souveraineté qu’ils s’arrogent que découlent tous les maux qui étreignent le continent noir. Car, ayant ainsi déchu le peuple de sa souveraineté sur les ressources de son pays, les revenus de celles-ci vont être utilisés au profit de cette élite à l’exclusion des populations. Il n’y a pas de centre de santé, d’eau potable, d’électricité, d’école, de route dans vingt ou trente villages de Bonoua et que 200 millions F Cfa pourraient bien suffire à les en équiper ? Un intellectuel ressortissant de cette localité, réputé ne tirer ses ressources que du seul budget de l’Etat, préférera s’acheter une voiture de marque Maybach d’une valeur de…500 millions F Cfa. La voilà, la clé de tout le mal de l’Afrique ! Alors que les intellectuels africains étaient censés être la locomotive qui allait frayer un chemin à leurs peuples dans le dédale de l’obscurantisme et de la misère pour aller au développement, ce sont eux qui, bien au contraire, ont une vision personnelle et égocentrique de la gestion de la chose publique. Or, les nations du continent noir assurent la formation de ces hommes et de ces femmes pour qu’en retour, ils les éclairent de la lumière ainsi acquise. Einstein ne disait-il pas « ceux qui ont le privilège de la connaissance ont le devoir de l’action ? » Malheureusement, en Afrique, les intellectuels ne sont pas porteurs de lumière, sinon que d’éclairer leur seul chemin et celui de leurs proches. En clair, ils ne se servent de leurs connaissances acquises que pour agir pour eux seuls. Comment saurait-on imaginer que le Gabon, 5ème producteur africain de pétrole brut, ne totalise pas 1000 kilomètres de routes bitumées à ce jour ? Parce que durant les 42 ans du régime de Bongo, ce dictateur et l’élite gabonaise qui gravite autour de lui, ont usé des revenus de cette ressource pour s’acheter des châteaux en France plutôt que de penser à désenclaver les contrées de leur pays. Au Benin, Nicéphore Soglo, Président de la République du 4 avril 1991 au 4 avril 1996, tout technocrate issu de la Banque mondiale qu’il était, n’a pas agi différemment, remettant les clés des caisses de l’Etat entre les mains de son épouse Rosine et de son clan. De là, cette question : comment l’Afrique pourra-t-elle se débarrasser de ses maux que sont la sécheresse, la famine, les maladies, les guerres, les dictatures, l’analphabétisme, etc., si ceux qu’elle a fait former pour l’en sortir, refusent d’agir ? En Israël, les intellectuels ont permis de transformer la terre sèche et rocailleuse qu’est tout ce territoire en cette terre promise par Dieu où coulent le lait et le miel ; la fulgurante ascension de la Chine découle directement de sa politique de rapatriement de ses millions d’ingénieurs et de techniciens dispersés dans le monde dont principalement les Etats-Unis. Aujourd’hui, le slogan qui gouverne le monde est : « La matière grise est la matière première des temps modernes». Reste qu’il faut en faire l’usage qu’il faut. Or, les intellectuels africains, plutôt que d’agir contre la misère qui frappe leurs pays, détournent à leur profit les ressources qui doivent y servir et couvrent leurs actes assassins en distrayant leurs peuples par des accusations contre l’Occident comme étant la source de cette misère. Autant dire que l’Afrique en a encore pour des siècles de sous-développement. D’autant qu’Edmond Burke a prévenu : « le mal se répand là où des hommes de bien refusent d’agir ». Or, pour le développement, les hommes de bien en question, ce sont les intellectuels.

Michel Dia
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