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Politique Publié le vendredi 30 décembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Sikensi / Après les affrontements sanglants du lundi, La police, la gendarmerie, le préfet et le maire au banc des accusés

© L’intelligent d’Abidjan
Armement saisi à Toulepleu
Ll`armement pris à Toulepleu, par les hommes du Commandant Loss; armement abandonné par les combattants fidèles à Gbagbo dans leur retraite à l`issue des affrontements
Les affrontements meurtriers qui se sont déroulés le lundi 26 décembre 2011 à Sikensi cachent encore des mystères. Malgré la fin des hostilités, le feu couve toujours entre les populations Abidji et Malinké qui continuent de se regarder en chiens de faïence.

Yves est un jeune autochtone Abidji et gérant d’un maquis situé sur l’axe principal de Sikensi, l’unique voie bitumée qui traverse la ville et qui, la nuit tombée, se transforme en ‘’une rue princesse’’. Pour les fêtes de fin d’année, sa cave a été entièrement rénovée. A la veille de Noël, le 24 décembre 2011, Yves a fait le plein de boissons pour la plupart importées. Il n’a pas retiré la moitié de cet investissement qui est parti en fumée le lundi 26 décembre à la faveur des affrontements meurtriers entre populations et Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Des affrontements qui se sont transformés en heurts intercommunautaires par la suite et causé la mort de 4 personnes, plusieurs blessés, des magasins pillés et des habitations incendiées. Sur les ruines de son établissement le mercredi 28 décembre et en notre compagnie, Yves a eu du mal à s’expliquer les événements du lundi qui ont fait partir sa cave en fumée. Un incendie dont les pertes sont évaluées à près de 10 millions de FCFA. Il a d’ailleurs sollicité les services d’un huissier de justice pour faire un constat d’usage qu’il présentera à qui de droit. Mais comment a-t-on pu arriver à de tels affrontements aussi sanglants que dévastateurs? Madeleine B., la quarantaine révolue, tente d’expliquer. Pour cette femme Abidji, tout remonte aux élections présidentielles de novembre 2010. Sikensi étant une localité majoritairement acquise à la cause de l’ancien chef de l’Etat ivoirien, après la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel annonçant la victoire de Laurent Gbagbo, les Abidji ont organisé une marche géante à travers tous les quartiers de Sikensi pour manifester leur joie. Avec l’arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 qui a vu le changement d’ordre institutionnel, poursuit notre interlocutrice, les allogènes Malinké caressaient le désir secret de se venger de leurs hôtes Abidji. «Ce n’est pas un problème de terre. On leur (les Malinké) a tout donné. Il ne faudrait pas qu’on mente sur nous. C’est une affaire politique. Ils ont profité de notre protestation contre les Frci pour s’attaquer aux Abidji. C’est vrai que nous sommes pro-Gbagbo, mais nous sommes obligés de faire avec le président qui est là», dit-elle. Et d’ajouter : «On demandait le départ des soldats Frci parce qu’ils ne nous arrangent plus. C’est la deuxième fois qu’ils (les Frci) blessent un autochtone Abidji. Pour une affaire de femme, un Frci casse la tête d’un jeune. C’était une façon pour nous de dire que trop, c’est trop. On ne sait pas dans quel coup, les Malinké ont mis pour eux dedans», s’est-elle insurgée. Pour cette dernière, la seule condition qui vaille pour le retour définitif de la paix et la cohésion entre populations Abidji et Malinké à Sikensi, c’est le dédommagement des victimes issues de ces affrontements. «Nous vivons ensemble depuis des décennies et nous ne voulons pas chasser qui que ce soit. Si les Malinké veulent revivre avec nous en paix, ils doivent nous dédommager. Ils doivent reconstruire tous les magasins et les maisons qu’ils ont incendiés. Si cela n’est pas fait, la cohabitation sera difficile», prévient-elle.
La police, la gendarmerie, le préfet Yéo Oumar
et le maire Aboh Faustin accusés
Interrogé sur les accusations qui sont portées sur sa communauté, Oumar T., d’origine malienne s’insurge contre l’argument politique avancé par leurs hôtes Abidji. D’ailleurs, révèle-t-il, la plupart des populations allogènes résidant dans le quartier dit ‘’Djoulabougou’’ sont originaires de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et n’ont aucun intérêt à ce que Sikensi parte en fumée. «Les Abidji avancent de faux arguments pour se donner raison. Sinon, ce sont eux qui sont à la base de ces affrontements. Nous n’avons aucun intérêt à ce que Sikensi brûle», soutient-il. Et l’homme de poursuivre : «Si la gendarmerie et la police étaient intervenues un peu plus tôt, tout cela ne serait pas arrivé. Mais de 6h du matin à 14h, il n’y avait aucune autorité pour intervenir. Ni le préfet, ni le maire n’étaient sur le terrain pour ramener les jeunes à la raison. Nous pensons que les policiers et les gendarmes sont complices des Abidji. C’est comme s’ils souhaitaient aussi le départ des Frci», confie le commerçant. Si les différentes rencontres de conciliation initiées par le préfet Yéo Oumar et la présence renforcée des forces de l’ordre ont permis actuellement de ramener le calme, il n’en demeure pas moins que les deux (02) communautés se regardent toujours en chiens de faïence. La ligne de non franchissement qui sépare les quartiers ‘’Djoulabougou’’ et Abidji doit être levée pour de bon. De sorte que chaque habitant, qu’il soit Abidji ou Malinké, retrouve son droit à la liberté de circuler librement dans la ville, d’enterrer ses morts et de vaquer à ses occupations habituelles. C’est seulement à partir de cet instant qu’on pourra parler du retour effectif de la cohésion sociale à Sikensi.

David Yala, envoyé spécial
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