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Société Publié le jeudi 21 juin 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Coulibaly Mahama (PDG de Mediaways): ‘’Les footballeurs ivoiriens doivent créer des emplois’’

L’IA a échangé récemment avec le promoteur du premier site sportif de Côte d’Ivoire, Coulibaly Mahama qui pilote une équipe de basket-ball au niveau des dames. Coulibaly Mahama est par ailleurs, PDG d’une régie publicitaire.


Président du Club Sportif d’Abidjan (CSA) au niveau du basket-ball, PDG de Mediaways, directeur de sport-ivoire.ci qui vulgarise l’esprit d’équipe. Qu’est-ce qui fait tant courir Coulibaly Mahama ?
Merci. Je ne cours pas, j’essaye de faire ce que je sais faire. De travailler selon une stratégie d’entreprise qui est, avant tout, notre métier. Je fais mon chemin en fonction du savoir qu’on essaie d’expérimenter sur le terrain. Il y n’y a rien d’autre que ça. Quand on se demande qu’est-ce qui me fait tant courir, c’est comme s’il y avait des intentions prédéfinies ; non, je mets en œuvre ce que j’ai appris à l’école et comme je suis un passionné de sport, j’ai une vision du sport que j’essaie d’expérimenter. Il y a plusieurs voies et c’est ce que je fais de façon naturelle. Pour vous expliquer comment je suis arrivé au CSA, il faut savoir que j’ai fait un master en économie du sport, j’ai fait un mémoire sur l’économie du sport et le sponsoring sportif en Côte d’Ivoire. Comme je n’aime pas rester sur l’irréel, il fallait mettre ce savoir-faire à contribution dans le domaine du sport. Et j’ai décidé de l’apporter au basketball. C’est en ce moment que j’ai décidé de rejoindre le bureau de Guy Berthé, dans la commission communication, pour démontrer mon savoir-faire. J’ai trouvé que c’était trop superficiel et j’ai décidé d’aller à la base, prendre une équipe qui n’avait rien de viable, afin de démontrer qu’on peut partir de zéro avec des visions modernes pour faire avancer les choses. Le sport est un ensemble de métiers. Donc de façon synergique, nous essayons de les valoriser.

Parlez-nous de la société que vous avez créée et qui a permis à la Côte d’Ivoire de découvrir les kilométriques, une sorte de bornage sur les routes du pays ?
Il faudrait savoir que c’est l’idée qui gouverne le monde. Je travaille dans la communication, dans la régie publicitaire et j’ai toujours eu l’idée d’innover. L’innovation est primordiale pour moi. Quand on veut innover, il faut toujours chercher à être concret, pratique. Nous avons voulu positionner notre régie par rapport à l’innovation sociale. Ensuite trouver des idées à travers le monde entier. Nous avons constaté que la Côte d’Ivoire avait un déficit de bornages. Comment financer le développement culturel et réduire les accidents sur les routes ? Voilà comment est venue l’idée de mettre en place ce projet. Et nous nous sommes dit que si cette idée perdure, elle allait forcément plaire. C’est l’idée qui dirige le monde, ce ne sont pas les moyens. C’est la même chose quand on a lancé le site sport-ivoire.ci. Nous menons une enquête nationale et internationale. Les résultats de cette enquête montrent qu’il n’y a pas de plateformes qui essayent d’être l’outil de promotion du sport en Côte d’Ivoire. Notre objectif est d’aller sur des niches qui ne sont pas encore exploitées. Voici comment je développe mes activités. Je voudrais dire que ce n’est pas parce qu’on a les moyens qu’on vient au sport. C’est parce qu’on se dit spécialiste du sport qu’on y est. C’est différent. Vous ne me verrez pas fanfaronner. Je cherche toujours à trouver la stratégie. Quand on gère le CSA, quelle est la stratégie de pérennisation du club ? Comment peut-on y arriver ? Quand je fais mes analyses de terrains, on ne peut pas se permettre de gérer un club comme par le passé. Il faut arriver à le pérenniser par des projets qui dans quelques années vont se concrétiser. Sans être obligé de quémander. Nous sommes sur un projet féminin. C’est fait à dessein. La femme qui gagne, la femme qui a de la valeur. La femme capable d’atteindre des objectifs. Et nous espérons que dans deux ans, l’une de nos filles qui aura son BAC+ 4 sera ministre de Côte d’Ivoire. Parce qu’on se dit, qu’elle aura été bonne, elle aura été championne d’Afrique et elle aura marqué les femmes, de telle sorte que son cursus scolaire fasse d’elle une femme complète, une femme de valeur véritable. Une femme qui peut lutter contre les difficultés faites aux femmes. Voici des projets et des plateformes sportives qui peuvent créer de la richesse. Vous savez que sur les parquets, il n’y a pas 500 personnes qui viennent assister aux matchs. Nous n’avons pas de stades. Si par le biais de cette idée, des personnes peuvent l’accompagner pour avoir du patrimoine sportif qui peut se rentabiliser, ce serait bien. Le monde ne se fait pas par la philanthropie. Tout doit être bien calculé. Il faut rationnaliser les choses, prévoir, justifier, plutôt que de faire un semblant de socialisme qui n’en est pas.

Au niveau du CSA, vous avez mis l’accent sur les dames. Pourquoi ce choix ?
Le club que je prends est à vocation féminine. Donc je fais avec l’existant et je l’améliore. Je n’ai pas voulu changer de direction. Avec mon expérience à travers le monde, un club ne peut pas être bon sur les deux segments. Il faut faire un choix de positionnement. Il faut avoir une visibilité sur quelque chose de viable. Nous faisons de la formation chez les hommes. La stratégie au niveau des hommes est de les former afin qu’ils soient capables de jouer dans les grands championnats internationaux. Et là, on fera du développement international avec les hommes. Mon patriotisme avec les femmes est de valoriser la Côte d’Ivoire sportive, pour qu’on soit l’une des nations référentielles du basket-ball africain. Mais en changeant de méthode. En n’ayant pas forcément toutes les joueuses à l’international, mais au contraire en faisant venir tous les grands experts en Côte d’Ivoire. Nous avons du soleil, du bon temps, nous pouvons faire du basket-ball du niveau international. L’Angola l’a fait, la Tunisie aussi, et ça c’est peut-être un rêve. J’espère que les institutions comprendront cela pour donner le minimum d’insertion sociale aux jeunes. Le sport est une passerelle d’insertion sociale. En Europe, lorsqu’on va regarder un match du PSG, par individu s’ils n’ont rien consommé, c’est 150 à 200 euros, ce qui équivaut à environ 100.000FCFA. Mais ici quelle personne peut dépenser plus de 15000 FCFA ? Or c’est ce qui crée l’économie. S’il n’y a pas d’économie, tout ce qu’on prend pour financer, n’est pas de l’argent lié à l’activité, ce n’est que du mécénat ; un manque à gagner qui est financé. Et cette dette est remboursée quelque part par quelqu’un. Les sportifs ne sont donc pas rémunérés à la hauteur de ce qu’ils font. Tout est lié au pouvoir d’achat, au manque d’infrastructures. Il faut donc réfléchir autrement le sport en Afrique. Réfléchir autrement, c’est proposer des contrats qui limitent la fuite des cerveaux sportifs. Ce qui rendra le championnat relativement intéressant, la qualité du spectacle se sera améliorée.

Quelle leçon tirez-vous de votre échec à la présidence de la Fédération Ivoirienne de Basket-ball?
Ce n’est pas un échec. Ça été une très belle expérience parce qu’à un moment donné, quand on a de la conviction et qu’on veut la dissimuler, il y a une tendance à nuire à cela. Parce qu’on pense qu’on n’est pas légitime à le faire. Donc légitiment, il faut pouvoir dire voici ma vision des choses. Et le meilleur moyen de partage, c’était la gestion fédérale qui donne une sorte de légitimité au partage. C’était une belle expérience. Cela m’a permis de savoir que ce que nous faisons peut être partagé. La leçon que je tire, c’est une sorte de légitimité pour notre vision. Je pense que ça commence à être partagé.

L’Afrobasket 2013 est pour bientôt, en tant que président de club et acteur de la balle au panier, que faut-il pour réussir cet événement?
Le plus important c’est l’organisation et la planification. Il faut toujours planifier de sorte à ne pas faire les choses à la dernière minute. Le pays organisateur a plusieurs objectifs : la création de patrimoine, l’aspect politique et marketing, l’aspect commercial et marketing et il y a l’aspect sportif qui est de gagner la Coupe d’Afrique et de bien l’organiser pour qu’on soit une référence en termes d’organisation. Il y a eu des difficultés parce qu’on était tous concentrés sur l’Arena qui devrait sortir de terre. Ce qui urge, c’est la mise en place d’un comité d’organisation avec une planification. Le président de la Fédération ivoirienne de basket-ball doit songer à cela.

Le prix Sport-Ivoire est à sa 7ème édition. Votre objectif est-il atteint au niveau de la collaboration avec les footballeurs ivoiriens?
C’est un travail de longue haleine. Il y en a qui ont des fondations qui arrivent à aider la population. Pour ma part, en tant que spécialiste du marketing sociétal, je crois qu’il y a du travail à faire. De la formation, de l’information à donner aux sportifs. Ils sont sur le terrain et ils font ce qu’ils savent faire. Pour le reste, ils ont juste besoin d’encadrement pour savoir ce qu’ils ont exactement à faire. La faute ne relève pas des joueurs. C’est parce qu’ils sont dans le feu de l’action. Même si c’est dans cinq ou dix ans, certains comprendront. Il faut qu’on arrive à ce travail. En Europe, ils ont compris. Aujourd’hui, les enjeux de partage entre le pauvre et riche n’ont pas encore été bien perçus en Afrique. Il y a des actions ambitieuses pour lesquelles nous souhaitons que les joueurs viennent pour qu’on puisse leur parler, pas en tant que prophète, mais en tant que des personnes qui l’ont expérimenté en Europe. Parce qu’on sait que les enjeux sont sociétaux ici. Il est prouvé que ces actions sociales, c’est en Afrique qu’il faut le faire. C’est aux joueurs milliardaires de s’en rendre compte. Le souci, c’est qu’ils ont l’impression que toutes les expertises se trouvent en Europe pour les aider à le faire. J’espère qu’au fil du temps, ils auront les personnes qui pourront leur dire que vous êtes capables de financer la plus grande institution de santé en Côte d’Ivoire pour qu’on puisse avoir des sportifs de haut niveau. Cela peut se faire mais ce ne sera pas de la philanthropie. Le joueur crée de l’emploi, de l’environnement. Et les footballeurs ivoiriens doivent être capables de créer de l’emploi pour leurs compatriotes au pays. Pour parler du prix sport-Ivoire, la vocation de ce prix est l’excellence, l’excellence que l’on veut promouvoir. Il ne s’agissait pas pour nous de mettre de l’argent dans notre poche. Nous ne gagnons pas de l’argent avec le prix Sport-Ivoire, mais nous sommes fiers de savoir que grâce à cela les joueurs se surpassent. Et ensuite, lorsqu’ils créent de la richesse c’est une richesse pour tout le monde, surtout pour nous qui sommes contents de continuer de travailler et pour les autres. Aujourd’hui, le prix a une bonne notoriété.

A.S
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