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Société Publié le vendredi 21 décembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Super Ebony 2012, Marcelline Gnéproust révèle : ‘‘Oui, il y a eu des moments où j’ai failli abandonner le métier de journaliste, mais très vite je me suis ressaisie’’

Marcelline Gnéproust épouse Kouadio Blé est la lauréate du super prix Ebony 2012. Du début de sa carrière de journaliste à son sacre, en passant par les difficultés rencontrées en chemin qui avaient pu l’empêcher de gagner le prix si elle ne s’était pas ressaisie, l’ex-correctrice de presse, à Fraternité Matin, dit tout.

Quelques jours après le prix, quels sont les sentiments qui animent la super Ebony ?

Je suis très heureuse. Je suis vraiment comblée. Vous savez, le journalisme est un métier très difficile. Et obtenir le satisfécit de ses collègues, c’est une satisfaction chez le journaliste. Avec le prix Ebony, ce n’est pas moi qui juge, ce ne sont pas mes parents, mes amis, qui jugent. Ce sont les journalistes qui ont porté leur regard sur moi et qui ont apprécié mes articles. Il n’y a pas meilleure récompense. Je suis vraiment comblée. C’est vrai que l’émotion est passée, après quelques jours, mais je continue de vivre encore ces moments de joie.

Ce sacre, Marcelline Gnéproust s’y attendait ?

Je ne m’y attendais pas du tout. Je n’ai jamais pensé à un instant que je serai sur cette marche du podium.

Pourquoi ?

Je ne m’étais pas préparée à un concours. Après même la liste des onze (11) nominés, particulièrement, je ne croyais pas que je serais la super Ebony. Franchement, je n’étais pas sure de remporter le prix. Ça ne faisait pas partie de mes rêves. Je n’ai jamais rêvé que je serai Ebony. Je n’ai jamais non plus déposé ma candidature lorsqu’à l’époque, ce sont les candidats qui venaient déposer leur candidature. Je ne nourrissais pas vraiment l’envie de le faire. Surtout que j’étais beaucoup impliqué dans le quotidien. Et les grands genres, je ne les faisais pas en quantité suffisante pour me présenter à l’Ebony. J’ai commencé à faire régulièrement les enquêtes, les interviews, les dossiers et reportages, lorsqu’ au niveau de l’entreprise, je n’étais plus dans le quotidien. Par la suite, le directeur général, Venance Konan, m’a demandé d’animer le supplément santé où j’ai continué à faire les grands genres dans le domaine sanitaire.

Super Ebony 2012, qu’est-ce qui change déjà dans votre vie?

La récompense qui vient de mon directeur général, M. Venance Konan. Il est le premier Ebony de Fraternité Matin, en tant que journaliste. Et aujourd’hui, en tant que directeur général, il vient d’obtenir, son premier Ebony. Pour moi, c’est une récompense et il a su me le rendre. Un honneur m’a été rendu aujourd’hui (Ndlr, lundi 10 décembre 2012) par mon entreprise. J’ai été célébrée avec faste et solennité. Tous mes collègues ont été mobilisés et j’ai été accueillie en triomphe par tout le personnel de Fraternité Matin.

Concrètement, qu’est-ce qui change dans votre vie ?

Ce qui va changer est peut être à venir. Pour l’instant, je suis Marcelline Gnéproust. Je continue de le demeurer. Je ne perds pas de vue qu’aujourd’hui, le défi commence. Parce qu’une chose est d’être sacrée super Ebony, d’être reconnue par ses pairs, et une autre est de se maintenir au niveau où vous avez été placé. Pour moi, c’est le premier défi. Rien n’a encore changé dans ma vie. Je continue de demeurer Marcelline Gnéproust en gardant la tête froide. Pour moi, les défis sont avenir.

Désormais, après cette distinction, qu’est-ce que vos lecteurs doivent-ils attendre de vous ?
Je prends l’engagement de continuer à faire le travail qu’ils ont toujours apprécié. Et ce, en maintenant le cap, voire faire plus, à travers les enquêtes, les dossiers, les interviews et reportages que je continuerai de faire dans le cadre du supplément santé que j’anime.

A court terme, quels sont les projets de la super Ebony 2012 ?

Il n’y a pas de projet particulier. Pour moi, c’est un défi qui commence. J’insiste pour dire que je continuerai de travailler comme d’habitude en animant le supplément santé à travers les enquêtes, les dossiers, les reportages et les interviews.

Qu’est ce que Marcelline Gnéproust peut dire comme ça aux futurs prétendants du prix Ebony ?

Ce que je peux dire aux futurs candidats, c’est de toujours travailler. Je vous assure, quand on dit que le travail paye, c’est une réalité. Je demande aux futurs candidats de travailler, de prendre leurs activités au sérieux. Il faut travailler sans relâche. Et ne pas se décourager. Il ne suffit pas de remplir les pages d’un journal pour croire qu’on est en train de travailler. A un certain niveau de la professionnalisation, le journaliste ne doit pas être confiné dans les comptes-rendus. Il doit aborder les grands genres. C’est en persévérant dans le travail qu’on arrive au sommet.

Avec du recul, quel regard jette celle qui a été par le passé, dans le bureau exécutif de l’UNJCI, et qui est aujourd’hui, super Ebony, sur le format actuel de ce prix ?

Je me félicite du format actuel de l’organisation du prix. Par le passé, ce sont les candidats qui postulaient en emmenant eux-mêmes leurs articles. Des critiques ont été faites et aujourd’hui, le conseil exécutif de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) en a tenu compte. Le conseil exécutif a mis en place une sous-commission qui a un regard au quotidien et durant toute l’année, sur les productions des journalistes. C’est une véritable avancée. Je pense que c’est une bonne chose car cela évite les murmures et les contestations.

Ce format permet-il la promotion des meilleurs journalistes?

Le format actuel d’organisation du prix permet, selon moi, la promotion des meilleurs journalistes. Toutefois, je pense que l’organisation du prix peut être encore améliorée. Je souhaite que l’UNJCI donne les titres des articles qui ont permis au journaliste de faire la différence. Il faut que le public, la Côte d’Ivoire, les confrères, sachent les papiers qui ont fait gagner. Au niveau des points, je souhaite aussi qu’au-delà des totaux, on puisse avoir les détails. Il faut que le total de points obtenus respectivement en interview, en enquête ou en dossier et en reportage, soit donné. Je pense qu’en ce qui concerne Fraternité Matin, les articles qui m’ont permis de gagner, vont être publiés, s’ils sont sus. C’est ce qui se faisait par le passé. Les journalistes avaient l’occasion de lire les articles qui ont fait la différence. L’UNJCI gagnerait à communiquer les titres des articles qui ont permis au journaliste d’être déclaré meilleur.

Votre carrière de journaliste. Comment elle débute ?

Après une licence en Anglais et un C1 (un certificat) en étude africaine, en lettres modernes, deux diplômes obtenues en 1989, à l’Université d’Abidjan devenue par la suite Université de Cocody et aujourd’hui, Université Félix Houphouët-Boigny, je vais passer deux années à la maison. Avant d’entrer à Fraternité Matin en 1991 comme correctrice de texte. J’avais rêvé être interprète, faire l’anglais, le français et l’arabe. Depuis la classe de terminale en 1983 avec une amie qui a aujourd’hui, un centre d’anglais, on voulait être interprète. Mais le destin en a décidé autrement. J’ai été donc intégrée à Ivoire Dimanche, un produit de Fraternité Matin, en tant que correctrice de presse. Mais ce n’est pas ce que je voulais faire.

On arrive comment au journalisme ?

Etant à Fraternité, j’ai approché des journalistes comme Bernard Ahua, Hien Solo, Josette Barry, Eugénie Bayoro, Honorine Kouman et ça m’a donné envie de faire du journalisme. Je ne voulais plus être correctrice de presse. Mais comment passer de la correction au journalisme ? J’hésitais, jusqu’à ce qu’une de mes petites sœurs me dise « pourquoi tu ne passes pas le concours de l’ISTC ?». Ce que je vais faire en 1995 et je vais réussir brillamment à ce concours. Je suis sorti en 1997 de cette école avec un diplôme de cycle 2 de journaliste-producteur. Je reviens à Fraternité Matin, non pas comme correctrice mais en tant que journaliste stagiaire. Et en novembre 1999, je suis embauché. C’est comme ça que j’ai véritablement démarré ma carrière de journaliste. Je voudrais profiter de l’occasion pour dire merci à Michel Kouamé, ex-directeur général de Fraternité Matin, qui m’a encouragée à embrasser le métier de journaliste. C’est même grâce à Fraternité Matin que j’ai bénéficié des deux ans de formation à l’ISTC. J’ai eu aussi le soutien de Koudougnon Ballet, directeur, en son temps, de cette école. Après ma formation et dès mon retour à Fraternité Matin, j’ai bénéficié des encouragements du rédacteur en chef, M. Hien Solo et de M. Sy Savanné qui à tout moment, me disaient : « Marcelline, tu peux faire mieux, tu peux travailler. Il faut que tu te mettes au travail ». Il y a eu aussi Mme Josette Barry qui m’a formée aux grands genres notamment les enquêtes. J’ai démarré ma carrière au service société. Par la suite, j’ai été affecté au service politique et après en culture avant de revenir au service société.

Marcelline Gnéproust a-t-elle été inspirée par des hommes ou des femmes du métier de journaliste ?

J’ai été beaucoup inspiré par feu Diégou Bailly. Il reste un modèle pour moi. Il y a aussi des femmes comme Mmes Josette Barry, Eugénie Douayéré, Honorine Yahoua Kouman, qui m’ont beaucoup inspirées. Des dames qui n’avaient aucun complexe dans l’exercice de leur métier.

A côté de ce sacre, avez-vous connu, au cours de votre carrière, d’autres moments de joie ?

Le seul grand moment de joie que j’ai connu dans ma carrière et que je continue de savourer, c’est celui que me procure ce super prix Ebony, remporté récemment. C’est la plus grande récompense pour moi. Depuis mon sacre, je bénéficie d’une attention particulière que je n’ai jamais eue. Je reçois des appels de la Côte d’Ivoire, de la France, du Japon, de l’Alabama, etc. Des appels venant des personnalités de tout ordre. Pareil pour les messages. Depuis le vendredi dernier (Ndlr, vendredi 7 décembre 2012, date de la célébration des meilleurs journalistes), jour de mon sacre, mon téléphone crépite chaque minute. Même dans la rue, des personnes que je ne connaîs pas m’approchent pour me féliciter pour mon prix. C’est le meilleur moment de joie pour moi.

Des moments de peine, il y a en a eus…

Le métier de journaliste est difficile surtout pour les femmes. On travaille sept jours sur sept. Vous travaillez les jours fériés. Ce qui n’est pas facile pour une femme. Dans ce métier, la femme doit faire preuve de courage et de sacrifice. Parce que si vous devez régulièrement faire des enfants, et si vous vous abandonnez totalement à la cuisine, il sera difficile d’être un bon journaliste. L’une des peines que j’ai vécue dans l’exercice de mon métier, c’était au cours d’une enquête sur les placements d’argent. J’ai failli me faire lyncher par des personnes. Les gens ne comprenaient pas que les journalistes se mêlent de leur affaire. J’ai dû faire preuve de sang froid pour éviter le pire. Ce lynchage, évité in-extremis, m’a rendue, par la suite, malade. Parce que j’ai compris que ma vie avait été en danger. C’est un moment de peur que je n’oublierai jamais.

L’idée de quitter le métier de journaliste, a-t-elle déjà traversé votre esprit ?

Il y a eu des moments où j’ai failli abandonner. Il y a eu des périodes de doute. Des moments de difficultés internes et d’incompréhensions qui ont failli me faire abandonner le métier de journaliste. Mais très vite, je me suis ressaisie.

Réalisée par Raymond Dibi
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