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Politique Publié le vendredi 1 février 2013 | Le Patriote

Blé Goudé : la tragédie d’un faiseur de crimes

© Le Patriote Par DR
Blé Goudé devant le juge de première instance
Lundi 21 janvier 2013. Inculpé pour crimes de guerre, assassinats, atteinte à la sûreté de l’Etat et vols de deniers publics en réunion, Blé Goudé présenté au tribunal.
Il s’appelle Charles Blé Goudé. Ses partisans l’appellent non sans fierté, « Zadi Gbapè » ou encore « le génie de Kpô ». Sous le titre sulfureux de patron des jeunes dits patriotes, à la vérité de vrais patriotards, le jeune homme à la calvitie prononcée et reconnu pour avoir triché à la licence d’anglais à l’université d’Abidjan, ce qui a valu bien des misères au professeur Toro Séri, était le bras séculier, le porteur d’eau de la machine de la refondation. Sous l’?il heureux et protecteur de Laurent Gbagbo, « le Général de la rue » baignait dans l’impunité et l’insouciance. Il vivait comme une sorte de nabab à qui tout était permis et rien n’était interdit. A tous, l’ancien chef de l’Etat le préférait. Ainsi donc, Blé Goudé avait droit de vie et de mort sur ses compatriotes, notamment ceux qui ne luisaient pas dans le miroir de la refondation. Il insultait sans souci les Présidents Ouattara et Bédié. La hiérarchie militaire prenait ses ordres chez lui.

Il avait la signature pour faire entrer des soudards et des sans chemise dans les écoles de police et de gendarmerie. Ses lieutenants et lui avaient des quotas sur les chambres des cités universitaires qu’il louait à prix d’or. Avec lui comme activiste, la Côte d’Ivoire était gouvernée par la rue. Laurent Gbagbo lui-même ne ratait aucune occasion de lui donner un blanc seing : « si je n’étais pas président, je serai avec vous dans la rue ». La licence ainsi délivrée, Blé Goudé pouvait donc s’attaquer à tout. Mettre ses hommes aux trousses des Français, casser et voler les biens des opposants, tuer des citoyens sans coup férir. C’était le grand Blé Goudé qui pouvait demander à ses compatriotes d’arrêter de manger, de ne point dormir et de descendre dans les rues pour « défendre la République ». Il était le « résistant », dans un microcosme politique où la résistance n’était pas de mise. Pendant plus d’une décennie, il se croyait sur un nuage de certitudes et de convenances. Depuis le 11 janvier 2013, le brouillard s’est dissipé sur de vaines prétentions et proclamations. Le matamore aux grandes envolées lyriques et aux logorrhées du pire, a été pris au Ghana et extradé en Côte d’Ivoire. De son piédestal de faiseur de crimes et de désolation, Blé Goudé traine maintenant des boulets aux pieds.

Aux mains de la justice, il répond à présent des crimes commis. Seul dans sa cellule, seul devant le juge, Blé Goudé est désormais un solitaire qui n’entend que ses propres dires et qui ne rencontre que lui-même. Où sont passés les milliers de jeunes dits « patriotes » manipulés et instrumentalisés ? Le penseur Gilles Veber a tellement raison de le dire : la solitude, c’est pire quand on est seul ». En tragédie comme dans la vie courante, nul n’échappe à son destin et « celui qui est condamné à être pendu, ne peut mourir noyé ». On a beau courir, vivre dans l’impunité, on finit par être rattrapé par ses errements. Belle vanité que la vie ! Impensable de voir Blé Goudé demander la clémence de la nation ! La tragédie du faiseur de crimes est entière.

Bakary Nimaga
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