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Société Publié le lundi 23 mars 2015 | AIP

Interview Directeur général AGEPE: L’AGEPE désormais engagée dans une dynamique de "partenariat gagnant-gagnant" avec les entreprises

© AIP Par DR
N’Dri Kouakou Philippe Dg de l’Agepe
Abidjan - L’AGEPE, l’agence d’études et de promotion de l’emploi, veut avoir désormais un « partenariat gagnant-gagnant » avec les entreprises en les plaçant au cœur de son dispositif d’offres de services, selon son Directeur général, Philippe N’Dri, dans une interview à l’AIP dans laquelle il relève les performances de cet outil de service public dans l’insertion professionnelle des diplômés sans emploi.

AIP : M. le Directeur Général, Vous avez organisé, dans le cadre de la rentrée de l’Emploi, la première édition des Awards des partenaires de l’emploi. A quel objectif répondait cette initiative ?

DG AGEPE : Cette initiative répond à un double objectif : d’une part, consolider ou de raffermir davantage les liens de partenariat entre l’AGEPE et les entreprises du secteur moderne privé et d’autre part, de manifester notre reconnaissance à l’endroit des entreprises de Côte d’Ivoire et particulièrement de celles qui œuvrent activement à réduire le chômage dans notre pays, celles qui accompagnent l’AGEPE dans sa mission de promotion de l’emploi. En d’autres termes c’est l’expression de notre gratitude, de notre reconnaissance à l’excellence des relations et l’excellence des initiatives du secteur moderne privé en matière de promotion de l‘emploi.

AIP : Vous êtes, depuis 2012, à la tête de l’AGEPE, l’organisme public ayant mission de promouvoir l’emploi en Côte d’Ivoire. Or cet agrégat s’inscrit dans la politique nationale de résorption du chômage du Gouvernement. M. le Directeur Général, dites-nous, à grands traits, la stratégie de l’AGEPE pour accompagner le gouvernement vers les finalités attendues ?

DG AGEPE : Pour réussir notre mission, nous avons engagé un chantier visant à renforcer le système d’information sur le marché du travail afin qu’il fournisse en temps réel, l’information quantitative, qualitative et prospective sur l’emploi. La disponibilité des informations pertinentes et à jour sur le marché du travail permet une bonne connaissance du marché du travail, base indispensable pour la formulation et le suivi-évaluation de toute politique nationale de l’emploi et programmes de création d’emplois productifs.

Toutefois, en tant qu’instrument du gouvernement chargé de la mise en œuvre opérationnelle de la politique nationale de l’emploi, l’AGEPE a une part considérable dans la conduite des mesures initiées par le gouvernement et pour cela elle développe une stratégie à forts impacts dans le court terme, à savoir :

1- le développement de l’emploi salarié en :
Suscitant la demande de main d’œuvre dans le secteur moderne privé par :
Des actions renforcées de prospection des entreprises : la mise en place des équipes de prospecteurs pour la conduite d’un plan opérationnel de prospection ;
L’amélioration de l’employabilité de la main d’œuvre par la mise en œuvre des programmes de formation accélérée sur mesure ou de formation qualifiante et d’apprentissage ;

La promotion des compétences nationales : une prospection vigoureuse auprès des entreprises impliquées dans la réalisation des grands chantiers du Gouvernement en vue d’accroître l’embauche des nationaux
Orientant désormais la stratégie de promotion de l’emploi vers les activités productives des PME/PMI contrairement à la stratégie initialement axée sur l’emploi des grandes entreprises du secteur moderne.

2- Développement de l’auto emploi et de l’emploi indépendant.
Compte tenu de la faible capacité d’absorption du secteur moderne en matière d’emploi, l’axe majeur de la politique de l’emploi s’oriente davantage vers l’auto emploi et les travaux à haute intensité de main d’œuvre. La stratégie de promotion de l’auto emploi concerne essentiellement la mise en place d’un dispositif d’appui au développement de l’auto emploi des jeunes diplômés par l’initiation à l’entreprenariat et aux techniques de montage des plans d’affaires et financement à une certaine hauteur.

3- Adaptation, redynamisation et gestion adéquate de sept programmes nationaux qui sont des mesures qui visent à satisfaire les attentes des demandeurs d’emploi et des employeurs et qui ont été traduites en six programmes nationaux d’emplois. Il s’agit de :
-susciter l’insertion professionnelle des demandeurs de premier emploi (Programme d’Aide à l’Embauche) et de la main d’œuvre peu qualifiée (Programme Spécial de Création d’Emplois FSE/THIMO) ;
-promouvoir l’émergence des micro-projets (Programme de Création de Micro-Entreprises) notamment au bénéfice des femmes (Programme Spécial d’Insertion des Femmes) et des jeunes ruraux (Programme d’Insertion des Jeunes Ruraux) ;
-préserver les emplois existants et réinsérer dans la vie active les chômeurs de longue durée (Programme de Maintien dans l’Emploi et de Reconversion Professionnelle).

4- Renforcement de la dimension locale et régionale de la stratégie de promotion de l’emploi.
Dans un souci d’efficacité et de proximité, l’AGEPE « territorialise » davantage ses dispositifs publics en matière d’emploi en :
Organisant et en renforçant les attributions de ses services déconcentrés (les délégations/divisions régionales) ;
Structurant l’environnement local afin de favoriser l’émergence des initiatives en faveur de la promotion de l'emploi et la montée en puissance d’acteurs spécialisés de proximité.

AIP : La situation du marché de l’emploi appelle notamment des actions spécifiques volontaristes susceptibles de valoriser le capital humain. A ce sujet, il nous revient que nombre d’entreprises, pour recruter, mettent en balance des facilités fiscales de la part du Gouvernement. Quelle est, à ce niveau, l’inflexion que l’AGEPE peut apporter pour inciter l’emploi, notamment les emplois-Jeunes?

DG AGEPE : L’AGEPE est un Service Public d’Emploi (SPE), donc une agence d’exécution ou de mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi (PNE). Le secteur privé estime que l’Etat ne les accompagne pas suffisamment et qu’il faut prévoir des mesures d’exonérations ou d’incitation pour encourager les investissements privés qui vont générer des emplois additionnels dans l’économie ivoirienne. La préoccupation des entreprises est légitime et les facilités fiscales et parafiscales et même financières sont les éléments du cadre réglementaire et institutionnel ayant un impact sur l’emploi. Ce sont des dispositions qui favorisent l’emploi salarié. Il convient de faire remarquer que depuis 1995, il existe un dispositif fiscal de mesures d’incitation à l’embauche des jeunes diplômés, l’article 10 de l’annexe fiscale 2009 est venu renforcer ce dispositif.

En tout état de cause, Il est clair que la préoccupation des entreprises dépasse le simple cadre de nos responsabilités. Elle se situe plutôt dans un cadre institutionnel un peu plus global porté par le Ministère en charge de l’emploi, le Ministère de l’Economie et des Finances et par delà, par le gouvernement.

Il s’y ajoute que les conditions d’application des mesures fiscales d’incitation à l’embauche ne sont toujours pas connues des milieux professionnels. L’AGEPE pourrait, tout au plus, envisager de lancer une campagne d’information à l’endroit des employeurs sur les encouragements qui leur sont offerts.

AIP : Le défi de l’emploi ne peut être relevé que si l’action publique est territorialisée notamment par des initiatives locales impliquant les pouvoirs publics, les collectivités territoriales, les opérateurs économiques et les porteurs de projets. Quelle est votre analyse de la question?

DG AGEPE : Il s’agit de la question de la territorialisation de la promotion de l’emploi. C’est une stratégie qui consiste à faire des collectivités locales, aux cotés du privé et de la société civile, de véritables partenaires de développement et de promotion de l'emploi. Ainsi, bien que l’Etat détienne la compétence de principe en matière d’emploi, les politiques territoriales de l’emploi sont désormais une réalité. Certes, l’attention portée au territoire comme levier pour atteindre l’objectif du plein emploi est encore récente, mais la tendance dans la plupart des États, est aujourd’hui à l’élargissement du champ d’action au niveau régional et/ou local.

Au regard de cette approche, L’AGEPE a opéré un changement de paradigme qui prend désormais en compte dans le champ de l’emploi, la préoccupation du développement local, mais qui reste inscrit dans le cadre de la politique nationale de l’emploi. Ainsi, l’AGEPE entrevoit son intervention selon deux types de logique :
Une approche d'action sur le fonctionnement du marché du travail qui s’applique sur les territoires depuis le centre et décline localement une intervention nationale ;

Une approche de soutien à l'initiative locale, mais qui reste inscrite dans le cadre national de la politique de l’emploi et des mesures et programmes qui la sous-tendent.

En notre sein, un département a été créé pour porter cette question. C’est le département de la Promotion de l’Emploi local. L’AGEPE s’engage à jouer un rôle structurant dans la mise sur pied des dispositifs dans les territoires et endossera des fonctions multiples notamment celles de stratège, animateur, partenaire et quelques fois financeur.

AIP : En juillet 2013, le taux de chômage culminait à 9,74%, correspondant (en termes réel) à 986.220 demandeurs d’emplois et chômeurs. Quelle est la tendance, aujourd’hui ?

DG AGEPE : Permettez-moi de vous donner d’abord la définition de l’emploi et celle du chômage avant de répondre à votre question.

La population en emploi est constituée de toutes les personnes en âge de travailler qui, durant les 7 jours précédant l’enquête, étaient engagées dans une activité visant à produire des biens ou à fournir des services en échange d'une rémunération ou d'un profit.

Quant à la population au chômage, elle comprend toutes les personnes en âge de travailler qui, durant les 7 jours précédant l’enquête, n'étaient pas en emploi, avaient effectué des activités de recherche d'emploi, et étaient disponibles pour l'emploi durant les 15 jours suivant l’enquête, si la possibilité d'occuper un poste de travail existait.

Sur cette base, le taux de chômage est de 5,3% selon les résultats de la dernière enquête réalisée en février 2014. Mais je voudrais préciser que le taux de 9,4% que vous évoquez a été obtenu à partir de la définition dite élargie du chômage. Aujourd’hui, on parle plus d’indicateurs de la sous-utilisation de la main-d’œuvre dont le taux de chômage fait partie.

L’équivalent du taux de 5,3% en 2012 était de 5,6%, mais il est important d’indiquer que pour nous, le taux de chômage n’est pas l’indicateur le plus pertinent pour caractériser le marché du travail en Côte d’Ivoire. Le taux d’emplois informels, le taux d’emplois salariés, la rémunération moyenne tirée de l’emploi, la part des personnes en emploi qui ont un revenu inférieur au SMIG, voici des indicateurs qui sont pertinents à notre sens.

AIP : Le Gouvernement ivoirien fait depuis quelque temps de l’employabilité des diplômés son violon d’Ingres. Quelle est la perception de l’AGEPE sur cette matière ?

DG AGEPE : Tout récemment encore, dans son adresse à la nation, le Chef de l'Etat a mis un point d’honneur à souligner l’engagement du Gouvernement à trouver des solutions idoines et pérennes à la problématique de l’emploi des jeunes. Dans cet ordre d’idées, l’objectif stratégique qui vise à accroitre les possibilités pour les jeunes d’obtenir un emploi et un revenu décents est une priorité nationale au cœur de nos politiques économiques et sociales.

Pour cela, l’AGEPE propose des mesures d’insertion et assure l’aide et l’accompagnement des jeunes en quête d’emploi. C’est d’ailleurs cela le sens de notre mission en tant que service public d’emploi. Nous avons une offre de services qui module les mesures de suivi et d’accompagnement des jeunes en fonction des besoins et exigences actuels (placement en emploi direct, Mise en stage, apprentissage, THIMO, Formation qualifiante, entreprenariat, etc.).

AIP : Lancé en 2011, le PEJEDEC, le programme Jeunes d’emploi et développement des compétences, s’achève en 2015. D’ici là, quel bilan peut-on établir et, à ce propos, quel contenu votre organisme compte proposer pour sa collaboration avec les entreprises, notamment l’insertion dans les activités agricoles, réceptacle d’importants gisements d’emplois ?

DG AGEPE : Le Projet Emploi Jeunes et Développement des Compétences (PEJEDEC) est un projet qui bénéficie du financement de la Banque Mondiale. Ce projet vise globalement un effectif de 27500 jeunes âgés de 18 à 30 ans dont certains doivent faire les travaux à haute intensité de main d’œuvre (THIMO), l’apprentissage, les formations professionnelles, l’entreprenariat et les stages. Et le terme du PEJEDEC, phase 1, est prévu pour le mois de juin 2015.

Comme on le voit, la mise en œuvre du PEJEDEC concerne plusieurs activités et plusieurs structures, publiques ou privées, y interviennent.

En ce qui concerne l’AGEPE, elle intervient dans la mise en œuvre du PEJEDEC en tant qu’agence d’exécution publique pour réaliser la mise en stage des jeunes diplômés, âgés de 18 à 30 ans conformément à la description de la cible telle que définie dans le document de projet. Pour cela, l’AGEPE a signé un contrat de performance avec l’Unité de Coordination du Projet, appelée maintenant le Bureau de Coordination des Programmes Emploi sur un objectif de mises en stages de 2250 jeunes dont, au moins, 30% de femmes sur la durée du projet, c’est-à-dire 3 ans, de 2012 à 2015.

Mais déjà au 31 décembre 2013, l’AGEPE avait bouclé son objectif et même le dépasser. En d’autres termes, l’AGEPE a piloté la mise en stage de 2388 jeunes ivoiriens dans les entreprises formelles, soit un taux de réalisation de 106%. Cet effectif de jeunes bénéficiaires du PEJEDEC en ce qui concerne le volet « Mises en stages» comprend 35% de femmes et 65% d’hommes. Au niveau des diplômes des jeunes à l’entrée du projet, 59% avaient des diplômes comme le BAC, BAC+2 et BAC+3 ; 29% avaient un diplôme en dessus du BAC et 12% au dessus de BAC+3.

En termes d’entreprises d’accueil des jeunes stagiaires, notons que les 2388 jeunes placés ont été accueillis dans 229 entreprises de toutes les branches d’activités sur l’ensemble du territoire national.

De ce qui précède donc, le bilan de l’AGEPE dans la mise en œuvre du PEJEDEC est positif. Et ce bilan est à l’honneur des entreprises avec lesquelles l’AGEPE, depuis 2011, développe un partenariat dont le socle est la construction progressive de la confiance. Confiance dans les offres de services de l’AGEPE, confiance dans le professionnalisme et la rigueur des agents de l’AGEPE.

L’AGEPE veut avoir désormais un partenariat gagnant-gagnant avec les entreprises en les plaçant au cœur de son dispositif d’offres de services. C’est dans ce sens que l’AGEPE vient d’organiser à Abidjan le 19 mars 2015 les AWARDS du partenaire de l’emploi à l’intention des entreprises partenaires. Par l’attribution des Awards, l’AGEPE veut démontrer l’importance qu’elle accorde aux actions et initiatives de promotion de l’emploi portées par le secteur privé et par l’économie sociale et solidaire. Il s’est agit d’honorer les entreprises qui ont œuvré activement en 2014 à réduire le chômage dans notre pays, leur exprimer au nom de la communauté des acteurs de l’emploi, notre gratitude et notre reconnaissance.

Pour conclure sur cette question, nous disons que certes notre bilan est positif dans la mise en œuvre du volet du PEJEDEC qui concerne l’AGEPE. Toutefois, notre mission allant au-delà, nous avons le souci constant de construire et renforcer notre partenariat avec le monde des entreprises de toutes les branches d’activité sur l’ensemble du territoire national.

Kouassi Assouman
Ahua André
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