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Économie Publié le mercredi 25 janvier 2017 | Le Quotidien d’Abidjan

Interview-Agrobusiness / Kouamé Jules Aka,Secrétaire général Syndicat des investisseurs indépendants de l’Agrobusiness (SIIABCI): « Nous demandons le dégel de tous les comptes des sociétés d’agrobusiness »

Après les moments de frayeur et de rumeurs dans le secteur de l’Agrobusiness, place maintenant à la vérité. Premier secrétaire général du syndicat des investisseurs indépendants de l’Agrobusiness (SIIABCI), Kouamé Jules Aka donne les vraies raisons du harcèlement dont ils sont l’objet de la part des banquiers et du Trésor public.

Nous apprenons par nos sources que le DG du Trésor a été auditionné par le parquet. Confirmez-vous cette information ?
Affirmatif ! Nous confirmons l’information, le Dg du Trésor a bel et bien été auditionné.
D’après vous, quelles sont les raisons qui ont motivé son audition ?
C’est le DG du Trésor qui se plaint de ce qu’il y a malversations dans le secteur de l’Agrobusiness. Et comme vous le savez, certains promoteurs ont été arrêtés et les comptes des Agrobusiness gelés sur la base des allégations. Ni les souscripteurs, ni le DG du Trésor lui-même, personne n’a déposé une quelconque plainte. Donc, pour avoir les coudées franches face au droit, le procureur de la République lui a demandé de faire une déposition. Le fait est qu’il a besoin de savoir de quoi on accuse réellement les sociétés d’Agrobusiness. D’autant plus qu’au moment où le procureur lui-même ordonnait le gel des avoirs des Agrobusiness, il n’y avait aucune plainte comme je vous l’ai dit tantôt. Jusqu’aujourd’hui la police économique met la pression sur certains souscripteurs pour qu’ils portent plainte contre les Agrobusiness. Ce n’est pas du tout sérieux.

Pourquoi avoir décidé de geler les comptes, s’il n’y avait pas de plaintes à la base ?
Mais c’est exactement de cela que je vous parle, quand je dis que c’est un complot ! Il y a eu incontestablement vice de procédure. Ce qui s’est passé, c’est que le DG du Trésor a saisi le gouvernement pour lui dire qu’il y a des entreprises qu’il soupçonne de faire du faux. Le gouvernement à son tour a fait un communiqué pour demander aux populations d’être prudentes. C’est tout ! Le gouvernement n’a jamais donné l’ordre à qui que ce soit de fermer une quelconque entreprise ou de geler les comptes des Agrobusiness. A notre grande surprise, le DG du Trésor consulte le parquet qui, à son tour, demande à la police économique d’enquêter. Enquêter, ce n’est pas arrêter d’honnêtes citoyens ou fermer leurs entreprises sans aucun mandat, sans aucune notification de fermeture ou de gel de comptes ! Pour nous, souscripteurs membres du syndicat des investisseurs indépendants de l’Agrobusiness, il s’agit là d’un cas d’abus de pouvoir. Cette attitude est contre les intérêts des populations. C’est un acte de sabotage. On veut nous pousser à la révolte.

Les gens se demandent bien, comment peut-on investir dans l’hévéa (monhévéa.com) et en retirer des dividendes au bout de seulement six mois ?
C’est vrai. A la base, le promoteur Yapi Christophe faisait de l’hévéa clé en main. Il faut juste savoir que La société agronomique (SA) regroupe 15 entreprises. Monhévéa.com n’est qu’une filiale de cette grosse entreprise. Il ne faut donc pas se baser seulement sur le nom pour dire qu’on ne fait que de l’hévéa ! Ce qu’il faut voir, c’est la terre et les cultures qu’on y met. Quand vous allez sur le marché et que la tomate, le piment, en somme les denrées alimentaires sont moins chères, c’est grâce aux activités des entreprises d’Agrobusiness. Aujourd’hui, certaines de ces entreprises sont pratiquement fermées à cause du zèle de la police économique. Que deviendront alors ces milliers de souscripteurs et leurs familles ?

Vous accusez aussi les banquiers d’être à la base de vos malheurs. Pourquoi ?
Vous savez que le taux de bancarisation est très faible en Côte d’Ivoire. Vous remarquerez que ce que les sociétés d’Agrobusiness proposent aux clients est plus intéressant que ce que proposent les banques. De sorte que les gens vont retirer leur argent dans les banques pour venir investir à Monhévéa.com, dans l’espoir d’avoir un gain plus intéressant. Et ça marche ! Comme le taux de bancarisation est déjà trop faible, et que les gens retirent leurs avoirs des banques pour aller investir dans les structures d’agrobusiness où ils gagnent nettement mieux, ça inquiète les banques. C’est une situation qui ne peut être du goût des banques, vous convenez ! Les Agrobusiness sont des entreprises qui créent la richesse, tandis que les banques gardent juste l’argent pour leurs propres intérêts. Ce sont les entreprises d’Agrobusiness qui vont réduire le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire. Si je sais qu’en investissant un peu d’argent dans les sociétés d’Agrobusiness, je peux avoir 3 millions F Cfa au bout de six mois, pourquoi voulez-vous que j’aille mettre cet argent dans une banque ? Voilà le fond du problème ! Nous pensons que l’Etat doit encourager et accompagner les agrobusiness.

Quelles sont les banques qui sont spécialement concernées par cette affaire ?
Ce sont notamment Nsia Banque, qui a volontairement boycotté les paiements de nos avoirs. En octobre dernier, soit cette banque ne payait pas les virements, soit elle les payait deux fois. Du coup, cela a créé un désagrément à la fois pour les promoteurs et les souscripteurs. C’est un boycott. En plus de la Nsia, il y a également la Sib, La Sgbci et Ecobank. C’est pourtant leur rôle de nous payer puisque nous sommes en partenariat. Mais comme elles nous font des difficultés, les souscripteurs ont décidé d’aller vers les banques anglophones qui exercent ici. Elles sont prêtes à travailler en partenariat avec les Agrobusiness.
Les sociétés d’Agrobusiness exercent-elles uniquement sur le territoire ivoirien ?

Pas du tout ! Au Togo, au Nigéria, au Ghana, en Inde, en France et même au Canada, les sociétés Agrobusiness exercent sans problème. C’est une activité légale qui permet de réduire la pauvreté.
Face à la pression que vous subissez, avez-vous un message à l’endroit du gouvernement ?
Je voudrais dire aux membres du gouvernement que nous sommes avec eux, et que nous croyons qu’ils ont été mal informés. Nous leur demandons de prendre une décision d’accompagnement des sociétés d’Agrobusiness. Nous demandons au ministère du Commerce et de l’Agriculture de prendre leurs responsabilités. On est malmené sans raison, et notre tutelle ne réagit pas. 27 entreprises créatrices d’emplois et de richesses sont en train d’être injustement fermées, leurs directeurs traqués comme de vulgaires bandits, et notre ministre de tutelle ne dit rien. Il faut que notre ministre se prononce sur cette affaire. Nous exigeons par ailleurs la démission pure et simple du directeur général du Trésor. Il a fait un abus de pouvoir, il est en train d’affamer le peuple. Il a failli à sa mission. Il ne mérite plus d’être à ce poste.

En dehors des courriers que vous envoyez à certaines autorités pour leur expliquer le fond du problème, quelles autres actions envisagez-vous ?
Effectivement nous avons adressé des courriers au président de l’Assemblée nationale, au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, au ministre de l’Agriculture et du Développement et à certaines autorités religieuses. Nous avons même adressé un courrier pour le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Comme vous le voyez, nous ne nous cachons pas. Nous sommes un syndicat mature, et nous croyons que la négociation est la bonne méthode en pareille situation. Mais, si les négociations n’aboutissent pas nous allons demander à nos souscripteurs de manifester et faire un giga sit-in devant le Trésor public. Nous allons également leur demander de clôturer tous leurs comptes dans les banques que nous avons citées plus haut.

Jules César
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