x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 19 décembre 2012 | Le Nouveau Courrier

Lutte contre la cherté de la vie Marius Comoé, président des consommateurs: «Il est grand temps que le gouvernement se réveille»

© Le Nouveau Courrier Par EMMA
Salon international du produit original: Daniel Zialo (président du SIPO) et Marius Comoé (président d’une association de consommateurs) face à la presse
Jeudi 15 mars 2012. Abidjan. Plateau. MM. Daniel Zialo et Maruis Comoé ont animé une conference de presse sur la tenue du 1er Salon international du produit original. Photo : Maruis Comoé
Le président de la Fédération des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Facaci), Marius Comoé est depuis quelques jours le secrétaire exécutif du Réseau des consommateurs de la Cedeao. Dans cet entretien, il se prononce sur les questions de l’actualité brûlante touchant à la cherté de la vie et donne un aperçu de son programme d’actions à la tête du réseau sous-régional qu’il dirige.

Le Premier ministre sortant avait promis de relever le défi de la cherté de la vie au bout d’un certain délai mais on constate malheureusement que le coût de la vie reste élevé, la situation n’a pas évolué. Comment entrevoyez-vous les choses après la formation du nouveau gouvernement ?

Dès la prise de pouvoir du chef de l’Etat Alassane Ouattara, nous attendions que les problèmes vécus par les Ivoiriens dans leur grande majorité trouvent solutions conformément au projet de société à nous soumis lors des campagnes électorales. La mise en place donc du premier gouvernement sous le régime du Rhdp devrait concourir à atteindre cet objectif. Nous avons longuement négocié, nous avons fait du lobbying auprès du gouvernement pour qu’une nette amélioration des conditions de vie pointe à l’horizon. Aujourd’hui, nous sommes encore dans l’attente de l’application des mesures arrêtées par le chef de l’Etat. Les choses ont évolué positivement dans certains domaines tels que la diplomatie ou les infrastructures. Mais comme on le dit en Côte d’Ivoire, est-ce que les Ivoiriens se nourrissent de diplomatie ? Se nourrissent-ils des voyages du chef de l’Etat ? Ces voyages, au dire des autorités, sont censés attirer des investissements en Côte d’Ivoire. Mais nous n’avons pas encore vu les retombées de ses voyages et cela dure bientôt trois ans. Allons-nous rester indéfiniment dans l’attente ? Non, il faut que des solutions soient effectivement trouvées pour que le quotidien de l’Ivoirien s’améliore, cela en leur donnant de l’eau potable, de l’électricité, des centres de santé, en leur garantissant l’école gratuite. Pour l’heure, ce qu’il nous est donné de voir, c’est que l’école continue d’être payée. Il est bon qu’on ne nous serve plus de discours, nous voulons du concret et le concret, c’est la solution et non la misère.

Président, concernant les prix des denrées sur le marché, quelle est la situation à l’heure actuelle ?

Je voudrais vous rappeler, avant de parler de prix sur le marché, que depuis 1991 sous la primature de M. Ouattara, une loi avait été adoptée afin de libéraliser le secteur du commerce en instaurant la concurrence. Cette loi a permis d’engager la Côte d’Ivoire sur le chemin de la libéralisation de l’activité commerciale au point qu’aujourd’hui les prix sont fixés librement. L’Etat n’intervient plus dans la fixation des prix des produits de grande consommation, à l’exception du pain, du carburant et de ses produits dérivés.

C’est vrai que les prix ont été libéralisés mais en tenant compte du contexte, des mesures sont souvent prises pour essayer de juguler la flambée sur le marché. Pensez-vous qu’on peut arriver à un schéma où le panier de la ménagère puisse souffler?

Je vais être clair avec vous. Le panier de la ménagère en Côte d’Ivoire ne connaitra de situation réjouissante, appréciable que lorsque l’Etat se donnera les moyens de mettre en œuvre les mesures qu’il prend. En la matière, des mesures ont été certes annoncées et qui accordent des allègements aux opérateurs du secteur du riz, notamment les importateurs. Mais dans l’effectivité, est-ce que l’Etat a les moyens de contrôle et de suivi de telles mesures ? Là est la question. L’Etat prend des mesures pour contenter la grogne populaire mais sur le terrain, il ne se donne pas les moyens de les mettre en œuvre. C’est cela le vrai problème parce qu’à ce jour, l’Etat est incapable d’imposer aux opérateurs économiques l’application des accords qui ont été librement signés entre les différentes parties, c’est-à-dire entre l’Etat, les consommateurs à travers leurs organisations et les opérateurs économiques. Que le gouvernement se mette au travail dans ce sens. Que l’Etat fasse en sorte que les mesures arrêtées soient toujours applicables et appliquées pour le bonheur des populations.

Vous voulez dire que les allègements fiscaux n’ont pas profité aux consommateurs ?
D’aucune manière ! La preuve le riz reste cher, les vivriers produits dans nos champs continuent d’être vendus à des prix défiant l’entendement comme si c’étaient des produits importés. Trois piments à 100 Fcfa sur certains marchés à Abidjan, cela est inacceptable ! A l’intérieur, la situation est moins reluisante. Faut-il attendre que des milliers d’Ivoiriens meurent avant que le gouvernement ne se réveille ou faut-il que nous consommateurs, à travers nos organisations, nous nous levons comme un seul homme pour protester contre la situation délétère et insalubre dans laquelle nous vivons pour que les dirigeants comprennent l’importance de l’application de ces mesures ? En tout cas, il est grand temps avec ce 2ème gouvernement que l’Etat se réveille et qu’il fasse que les Ivoiriens mangent à leur faim parce que sans population, il n’y a pas d’Etat et si ceux-là même qui donnent le pouvoir aux décideurs sont logés à la mauvaise enseigne, l’Etat aura des difficultés à fonctionner dans un processus politique paisible tourné véritablement vers la satisfaction des besoins des populations parce qu’un ventre qui a faim n’a pas d’oreilles.

Il y a un nouveau ministre du Commerce, M. Jean-Louis Billon. Croyez-vous qu’il pourra relever ce défi ? Qu’attendez-vous de lui ?

Jean-Louis Billon, nous ne doutons point de ses compétences. Mais la question que nous nous posons sur le choix d’un opérateur économique pour diriger un important département comme celui du Commerce – je rappelle qu’il dirige le groupe Sifca sans oublier qu’il a été le défenseur des intérêts des commerçants en tant que président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire – c’est : pourra-t-il se départir de ses anciennes amours, c’est-à-dire défendre les intérêts des consommateurs et des industriels pour se consacrer entièrement à ses nouvelles fonctions de ministre, qui saura orienter sa politique en tenant compte des récriminations, des plaintes, des angoisses des Ivoiriens ? On attend de le voir à l’œuvre. C’est pourquoi, nous irons le voir, quand il sera bien installé dans son fauteuil de ministre du Commerce, pour lui rappeler les préoccupations qui sont les nôtres et pour lesquelles les Ivoiriens continuent de grincer les dents. D’ores et déjà, M. Billon doit être rassuré de notre disponibilité à travailler avec lui en vue de satisfaire les attentes des Ivoiriens en l’aidant à réussir sa mission à la tête de cet important département ministériel. Mais nous n’accepterons aucune collusion avec les opérateurs économiques pour toute flambée des prix sur le marché. Sur ce point-là, nous restons vigilants.

Vous venez de prendre part à un atelier régional sur le mouvement consommateur. Qu’est-ce qui est ressorti de cet atelier ?

Au sortir de cet atelier qui a réuni l’ensemble des véritables responsables d’associations de consommateurs des 16 pays de la Cedeao, on peut retenir que les organisations de consommateurs qui pour la plupart sont venues à cette rencontre l’ont été à la suite d’une désignation des administrateurs des Etats membres de la Cedeao ayant en charge les associations des consommateurs. Ce n’est pas un individu ou un organisme qui a désigné chaque responsable d’association venu à Abidjan pour cet atelier de formation. L’atelier avait deux objectifs : primo former les présidents des associations de consommateurs des 16 pays de la Cedeao pour un meilleur fonctionnement de leurs organisations respectives. Secundo, il était question pour nous de voir comment créer un réseau des associations de consommateurs. Nous visions la création d’une passerelle pour coordonner nos activités sur l’espace Cedeao. Ce réseau, nous l’avons dénommé Réseau des organisations de consommateurs de la Cedeao. C’est pour parler d’une seule voix pour une meilleure prise en compte de nos préoccupations. Vu que tout ce qui touche à des élections amène très souvent les organisations à ne pas aller loin dans leurs objectifs, nous n’avons voulu d’élections, c’est pourquoi nous avons demandé et obtenu que la présidence de cette organisation soit à l’image de ce qui se passe dans l’institution même qui nous réunissait, c’est-à-dire la Cedeao. Le fonctionnement de notre réseau devrait se faire à l’image de la Cedeao, c’est-à-dire avec une présidence tournante. La présidence de la Cedeao étant assumée par la Côte d’Ivoire, il est logique que la première présidence de notre réseau échoie à notre pays qui aura en charge de veiller à une harmonisation de nos points de vue, à un partage d’expériences. C’est cela qui a été accepté de tous et, croyez-moi, en sortant de là, votre humble serviteur a été porté à la tête du réseau sous-régional. Très bientôt, nous allons solliciter une audience avec le président en exercice de la Cedeao pour lui présenter notre organisation. Nous comptons rencontrer le ministre des Affaires étrangères, puis celui de l’Intégration africaine afin d’obtenir cette audience auprès du chef de l’Etat, Alassane Ouattara.

Comment appréhendez-vous votre nouvelle mission ? Qu’allez-vous faire pour porter plus haut la voix des consommateurs ?

Nous nous sommes rendus compte dans les échanges au cours de cet atelier que les problèmes vécus par les consommateurs d’un pays X à un pays Y de la Cedeao sont les mêmes. En matière de qualité, nous nous sommes rendus compte que les marchés de l’espace Cedeao sont inondés de produits de contrebande, de contrefaçon, et dangereux à la consommation. Nous allons faire du lobbying auprès des gouvernements africains afin de légiférer sur des textes de loi qui protègent le consommateur. Nous veillerons à ce que chaque pays se dote de plus en plus de lois, que des cadres juridiques soient adaptés aux besoins de protection des consommateurs. Nous le ferons avec l’adhésion totale de nos pairs. Le moment venu, nous nous expliquerons davantage sur le mode opératoire. D’ici à là, nous allons nous réunir encore en atelier dans le cadre de la Cedeao et le plan d’action sera adopté ainsi que la politique communicationnelle qui va sous-tendre ce plan d’action et au moment précis, nous porterons l’information à votre connaissance.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ