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Politique Publié le mardi 20 août 2013 | Aujourd’hui

Pourquoi Ouattara ne peut virer Jean-Louis Billon

© Aujourd’hui Par DR
Le Chef de l`Etat Alassane Ouattara à l`occasion de la célébration de la fête nationale
On le connaissait pour ses coups de gueule contre le régime Gbagbo qu’il couvrait de toutes sortes de prévarications du haut de son fauteuil de président de la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire. Tout naturellement, lorsque Ouattara accède au pouvoir après les bombardements intenses de la chasse franco-onusienne sur la résidence du président Laurent Gbagbo, Billon entre dans les bonnes grâces du nouveau pouvoir qui se souvient du travail de sape réalisé autrefois par le jeune loup. Il lui est alors confié le portefeuille du commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME. Ainsi rétribué, l’on attendait alors que le nouveau promu fasse mieux que tous ses prédécesseurs au poste, qui se sont successivement cassé les dents sur la question de la cherté du coût de la vie devenue très préoccupante sous la gouvernance Ouattara. Mais Jean-Louis Billon surprendra tout le monde, quelques mois après sa nomination, lorsqu’à la faveur de l’attribution du contrat de la réalisation, de la concession, et de l’exploitation du second terminal à conteneurs (TC2) au consortium rassemblant APM Terminals, Bolloré Africa Logistics et Bouygues, il entrera ouvertement en rébellion contre le gouvernement pour contester la régularité de l’offre portant sur quelques 4OO millions d’euros. Nous sommes en mars 2013. « L’idée de départ était de développer la concurrence dans ce port (ndlr : le port autonome d’Abidjan) leader en Afrique de l’Ouest, le premier terminal étant déjà géré depuis 2004 par Bolloré, mais on a confié à ce groupe un ‘’super monopole’’, déplorera le ministre Billon dans les colonnes de l’hebdomadaire français ‘Le Nouvel Observateur’ début juin, allant même jusqu’à émettre des doutes sur les conditions d’attribution du marché. Un crime de lèse-majesté en Ouattarandie, d’autant plus qu’auparavant, jamais un ministre n’avait eu à ramer à contre-courant d’une action engageant le gouvernement. Surtout qu’ici, le président Ouattara avait lui-même défendu l’attribution au consortium de ce terminal, attendu pour 2017. Car selon lui, le trio avait présenté "les meilleures offres", sinon sur le plan technique, du moins sur le plan financier. La riposte ne se fit pas attendre. Et c’est le bien nommé, Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur et proche parmi les proches du chef de l’Etat qui s’en chargera sur les plateaux de la télévision nationale : "vous ne pouvez pas être ministre du gouvernement et opposant au gouvernement. Vous ne pouvez pas être membre de l’équipe et jouer contre l’équipe". L’homme ne s’arrêtera pas là. Pour fragiliser son collègue frondeur, Il révèlera, comme le groupe Bolloré l’a fait, que la société Movis, dirigée par un frère de M. Billon, a été l’un des recalés de l’appel d’offres pour le deuxième terminal. Et depuis, le ministre du commerce fait profil bas arguant que l’affaire est à présent du ressort de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), saisie d’une plainte des concurrents malheureux de Bolloré. Ce clash au sommet avait fait craindre le pire pour le tout nouveau président du conseil régional du Hambol, à l’occasion du dernier réaménagement technique de l’équipe gouvernementale, enregistré le mois dernier. En effet, presque tous les observateurs avaient parié sur le limogeage de Billon. Tous, sauf le concerné lui-même qui selon des proches est toujours resté serein depuis l’éclatement de cette affaire. Les raisons de cette grande quiétude, il faut les chercher dans les connexions du ministre ‘rebelle’ à la présidence française. De sources généralement bien informées, l’on indique que le groupe Movis, piloté par le frère du ministre, fait partie d’une « short list » de sociétés françaises sur lesquelles l’actuel locataire de l’Elysée compte s’appuyer pour tisser son réseau d’influence à Abidjan, étant entendu que la plupart des multinationales françaises, présentes en Côte d’Ivoire, sont adossées à la droite française. En somme, une guerre de l’ombre entre l’UMP et le PS français, dans la perspective de la présidentielle de 2017. Quand on sait que la Côte d’Ivoire est une importante adresse dans la recherche de financement de la campagne présidentielle en France, on comprend toute la délicatesse du dossier Bolloré contre Movis. C’est donc, fort du soutien des hommes de François Hollande, dans cette affaire, que Jean-Louis Billon peut se permettre d’attaquer frontalement et sans crainte, le régime Ouattara qui n’est pourtant pas à sa première déviation en terme d’attribution de marché dans des conditions troubles. Mais pour ne pas humilier davantage le chef de l’Etat, il a été demandé à l’ancien patron de la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCICI) de ne plus se prononcer publiquement sur cette affaire qui montre à quel point le pouvoir d’Abidjan est inféodé à l’Elysée. Et ce, depuis le 11 avril 2011.

Géraldine Diomandé
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