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Art et Culture Publié le jeudi 13 novembre 2014 | PME Magazine

Les grands axes du programme de la présidente de l’UFHB

© PME Magazine Par David Zamblé
Cérémonie d`ouverture des deuxièmes journées scientifiques de la femme chercheurs de Côte d`Ivoire
Jeudi 22 Mai 2014. Amphithéâtre A du District Université Félix Houphouët-Boigny. Photo: Professeur Bakayoko Ly Ramata, Présidente de l`Université Félix Houphouët-Boigny
A la faveur de l’interview ci-après que le Professeur BAKAYOKO-LY Ramata, Présidente de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB), a bien voulu accorder à PME PMI Magazine, la rédaction présente succinctement à ses lecteurs cette icône du monde universitaire africain.
Maitre de conférences agrégé en Odonto-Stomatologie en 1990, Professeur Titulaire en 1994, Madame le Professeur a été, entre autres, Vice-Présidente de l’Université de Cocody de 1996 à 2010. Depuis février 2012, elle est la Présidente de l’Université Félix Houphouët-Boigny.
Au plan international, le Professeur BAKAYOKO-LY Ramata a présidé pendant six ans la Commission Régionale d’Experts du Bureau Afrique de l’Ouest de l’Agence Universitaire de la Francophonie dont elle fut Membre du Conseil Scientifique. Elle est actuellement Vice-Présidente du Conseil d’Administration de la CRUFAOCI (Conférence des Recteurs des Universités Francophones d’Afrique et de l’Océan Indien) pour l’Afrique de l’Ouest, membre de l’Ordre International des Palmes Académiques du CAMES et membre du Conseil d’Administration du Centre Suisse de Recherche Scientifique.

Madame la Présidente, quelle est votre vision pour l’UFHB ?
Ma vision est de bâtir une université performante, innovante, citoyenne, respectueuse de l’environnement et ouverte sur la société et le monde, c’est-à-dire un établissement qui apporte des solutions aux problèmes socioéconomiques, politiques et culturels de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique et du monde.

Quels sont les grands axes de votre programme ?
Les axes stratégiques de mon programme sont indiqués dans le Projet d’Etablissement 2014-2018 dont l’UFHB s’est dotée pour la première fois de son histoire. Ils sont au nombre de six : (1) Améliorer l’environnement de travail et le cadre de vie, (2) Renforcer la gouvernance, (3) Améliorer la qualité de la formation et l’insertion professionnelle des diplômés de l’UFHB, (4) Développer une recherche pertinente et compétitive, (5) Renforcer la coopération et les partenariats scientifiques et industriels aux plans national et international, (6) Accroître les ressources financières de l’UFHB.

Vous venez d’indiquer les grands axes de votre programme. Pouvez-vous, après un peu plus de deux ans à la tête de l’UFHB, faire un bilan de chaque axe ?
Compte tenu de la sortie de crise, l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie nous est apparue comme une priorité. C’est pour cette raison que nous avons institué un cadre permanent de dialogue avec les différents acteurs de la communauté universitaire et en particulier avec les étudiants. Pour assurer un meilleur suivi des activités des étudiants, la vie associative a été réorganisée. Nous incitons fortement les étudiants à créer une « grande association des étudiants » de l’Université Félix Houphouët-Boigny qui va fédérer les nombreuses associations existantes et qui servira d’interface entre les étudiants et l’équipe de direction.
Pour la préservation de notre environnement nous avons mis en place une commission « hygiène et environnement » qui a assuré la formation de 200 étudiants à l’hygiène et à la prévention en milieu universitaire. Notre objectif est de créer une brigade de salubrité en vue de préserver l’environnement.

Madame la Présidente, qu’en est-il de la gouvernance ?
Au niveau de la gouvernance, mon équipe et moi-même, grâce à une concertation avec tous les acteurs de notre communauté, avons élaboré et mis en œuvre un plan d’urgence pour la rentrée 2012-2013. Ce qui nous a permis de résoudre le problème posé par l’accueil de trois promotions de bacheliers à la réouverture des Universités, de mener l’année universitaire 2012-2013 à son terme et d’amorcer ainsi un retour à la normalité académique. Afin de pallier l’insuffisance des salles de cours, de travaux pratiques (TP) et de travaux dirigés (TD), et surtout d’assurer une utilisation optimale des salles qui ont été réhabilitées, un programme de gestion intégré des salles a été mis en place. Par ailleurs, l’élaboration du Projet d’Etablissement de l’UFHB pour la période 2014-2018 s’est inscrite dans la démarche qualité qui est un élément de bonne gouvernance. Cet engagement implique une auto-évaluation institutionnelle. A ce sujet, un projet-pilote a été exécuté à l’unité de formation et de recherche (UFR) Biosciences, qui a donné des résultats satisfaisants.

Un des enjeux de la formation universitaire est l’insertion professionnelle des diplômés dans le marché du travail. Or, on reproche souvent aux étudiants d’avoir une formation très théorique…
Conformément aux exigences du système Licence Master Doctorat (LMD), les offres de formation de l’université favorisent aujourd’hui l’insertion professionnelle des diplômés. Ainsi, nous avons sensibilisé les acteurs (enseignants, étudiants, personnel administratif et technique) et renforcé les capacités des responsables de l’administration centrale, des structures de formation et de recherche, des enseignants, des personnels des bibliothèques. Toutes ces actions ont permis aux UFR d’élaborer et d’harmoniser les curricula au format LMD. Les UFR mettent de plus en plus l’accent sur le développement des filières professionnalisées et ce , en collaboration avec le monde des entreprises et de l’administration publique. Par ailleurs, un centre de ressources numériques et pédagogiques a été créé. Il comprend deux amphithéâtres interconnectés par un système de visioconférence et un bâtiment R+2 dont deux (2) salles sont déjà équipées en ordinateurs et matériels multimédias, en vue de renforcer les capacités dans le domaine des TIC, de développer la pédagogie numérique, de mettre en place un environnement propice à l’accès, à la production et à la diffusion de la culture numérique.

Le développement des grandes nations repose en grande partie sur la recherche scientifique. Quels résultats avez-vous obtenu dans ce domaine avec le système LMD ?
Au niveau de la recherche, des résultats importants ont été obtenus, notamment dans les domaines de l’autosuffisance alimentaire, la sécurité alimentaire, l’agro-industrie, la santé publique et l’énergie solaire. Pour valoriser ces résultats, nous avons crée un Pôle Scientifique et d’Innovation sur le site de l’ex-ESIE de Bingerville, qui est une structure d’appui à la recherche et à l’innovation. Au sein de ce pôle, nous avons mis en place un Centre Régional de l’Innovation et de l’Incubation (CR2I) pour transformer les idées novatrices et les résultats de la recherche en produits et services commercialisables, susceptibles de stimuler la croissance économique.

Et la coopération et le financement qui figurent en bonne place dans votre programme ?
Pour ce qui est de la coopération et du partenariat, trois (3) volets ont été privilégiés. Le premier, qui est très dynamique, est relatif aux entreprises. Parmi les résultats les plus significatifs, il faut signaler la coopération avec la chambre de Commerce et d’Industrie et la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire qui a permis de mettre en place le prix du Patronat pour la recherche. Il est également prévu une immersion des enseignants-chercheurs en entreprises. Il faut ajouter la contribution de la chambre de commerce européenne (EUROCHAM) qui regroupe une centaines d’entreprises. Elle s’est engagée à apporter non seulement son expertise pour l’élaboration des curricula mais offre déjà, en Côte d’Ivoire, des stages de pré-emploi aux étudiants de l’UFHB.
Le deuxième volet concerne la coopération interuniversitaire, notamment avec le Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO) qui nous appuie pour la mise en œuvre du LMD, l’Association des Universités Africaines (AUA), l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) dont les axes prioritaires de coopération sont le renforcement des capacités, la promotion des TIC, la mobilité des enseignants et des étudiants, le développement de la recherche et la diffusion de l’information scientifique.
Le troisième volet a trait à la coopération avec les institutions d’enseignement supérieur et les universités étrangères. A cet égard, nous pouvons relever quelques accords dignes d’intérêt : l’accord de coopération scientifique et technologique signé avec le Consortium Interuniversitaire International (CIISO) pour développer la Télémédecine en Côte d’Ivoire et celui conclu avec l’Institut Supérieur Mario BOELLA pour de développement du pôle Scientifique et d’Innovation ; la signature d’un accord-cadre de coopération entre l’Université Félix Houphouët-Boigny et l’Université de PAU et des PAYS de l’ADOUR (France) a permis de renforcer les capacités de l’UFR des Sciences de l’Homme et de la Société dans l’élaboration des curricula de formation au format LMD. Au niveau des universités nord-américaines, un accord relatif au « Projet village intégré » a été signé avec l’Université de Montréal (Canada) pour le compte de l’Institut de Géographie Tropicale. Le deuxième accord qui a été signé l’Université Johns Hopkins a permis le renforcement des capacités et le développement du leadership de plusieurs journalistes dans le domaine de la communication en santé. Enfin, l’UFHB a signé un accord-cadre avec l’Université de Technologie de Tianjing en Chine. Au total, en deux ans, nous pouvons affirmer que des actions innovantes ont été réalisées dans le domaine de la coopération.
Au niveau du financement, la plupart des projets de recherche des structures de formation et de recherche ainsi que certaines missions d’enseignement sont financés à partir d’appels à projets régionaux ou internationaux.
Des équipements ont été également obtenus dans le cadre de la coopération. Nous pouvons donner quelques exemples : l’équipement d’une salle multimédia, d’ouvrages et d’équipements informatiques grâce au projet AGURES de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire; Plusieurs opérateurs économiques octroient chaque année des bourses à nos étudiants.
Des équipements informatiques ont été offerts à l’UFR des Sciences Médicales par la Fondation Elizabeth Glaser Pediatric AIDS pour l’enseignement à distance ; Un logiciel de cartographie et de SIG (Are GIS) a été offert par la société ESRI France et son antenne ivoirienne Comafrique Technologies ; pour la numérisation des thèses et autres documents de la scolarité, la Librairie de France a offert des ouvrages didactiques et un scanner de grande capacité à notre institution.

L’Université Félix Houphouët-Boigny avec ses 52 000 étudiants fait partie des plus grandes universités d’Afrique de l’Ouest. Gérer une telle université ne doit pas aller sans difficultés. Madame la Présidente, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée ?
Je voudrais profiter de votre tribune pour rendre hommage au Président de la République son Excellence Monsieur Alassane Ouattara et au Gouvernement pour les efforts financiers exceptionnels qui ont été consentis pour la réhabilitation de l’UFHB. Malgré cette sollicitude, notre université reste encore confrontée à quelques problèmes : insuffisance d’infrastructures académiques, indisponibilité de certaines salles de TP notamment au niveau des UFR des Sciences et Techniques et des UFR des sciences de la Santé du fait de problèmes liés à une trop grande variation de la tension électrique, absence d’un réseau intranet et faiblesse du financement de la recherche. Ce qui ne permet pas de mettre les produits de la recherche au service de l’économie. Les autorités compétentes s’attellent à trouver des solutions idoines à ces difficultés conjoncturelles, afin de permettre à l’UFHB de répondre aux attentes de la Nation.

Si nous parlions des perspectives de l’UFHB ?
Les perspectives de l’UFHB sont très bonnes, nous ambitionnons de réaliser notre vision et développer les six axes stratégiques de notre Projet d’établissement. Nous œuvrons pour que l’UFHB soit reconnue comme un acteur majeur dans le domaine des connaissances scientifiques et technologiques, de la formation de scientifiques et de cadres qualifiés, compétents, citoyens aptes à participer au développement durable de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique et du reste du monde.
Pour cela, comme nous l’avons déjà dit, nous devons améliorer la gouvernance universitaire. Le développement de la culture qualité est impératif par l’auto-évaluation et l’évaluation externe de l’institution, des offres de formation et des programmes de recherche. La mise en place d’un environnement numérique intégré, d’un réseau intranet performant et l’accès aux bibliothèques virtuelles est une de nos priorités en matière d’infrastructures. La mise en œuvre de la réforme LMD doit être poursuivie en mettant l’accent sur la conception et la mise en ligne des cours et l’enseignement à distance avec l’apport des universités du nord. Nous devons renforcer la professionnalisation des formations en associant les experts des entreprises à la formation de nos futurs diplômés. Dans le domaine de la recherche, il s’agit d’entreprendre une restructuration par un regroupement des laboratoires et centres de recherche ayant des thématiques similaires en pôles de recherche, en vue d’une plus grande synergie des compétences et d’une mutualisation des équipements. Il s’agit également de développer le Pôle scientifique et d’innovation par l’établissement de partenariats, de créer des écoles doctorales thématiques qui seront logées au sein du pôle scientifique et d’innovation et d’amener l’Etat à financer la valorisation de la recherche par la mise en place d’un fonds compétitif. Notre objectif est aussi d’accroître les ressources propres de l’université afin de contribuer de façon plus significative au financement de la recherche. Nous envisageons mettre en place un bureau d’expertise pour valoriser les compétences et les savoir-faire des enseignants-chercheurs.
Quant aux partenariats scientifiques et industriel, ils doivent être renforcés. Il nous faut aussi poursuivre les efforts pour améliorer davantage l’environnement de travail et le cadre de vie en vue de favoriser le plein épanouissement des membres de notre communauté.

Pourquoi une femme à un poste jusque-là tenu par les hommes ?
Je tiens tout d’abord à saluer la Politique du Président de la République qui met un accent particulier sur la promotion des femmes dans les instances de décision. Toutefois, je ne pense pas être à ce poste parce que je suis une femme. Mon profil académique, mon expérience dans l’administration universitaire et la confiance de mes pairs tant au niveau national, sous régional et international ont très probablement milité en ma faveur.

Pouvez-vous dire un mot des compétences féminines en Côte d’Ivoire?
Je voudrais témoigner toute ma gratitude au gouvernement pour avoir créé le Compendium des compétences féminines. En effet, cette organisation permet de rendre davantage visible les compétences des femmes et partant, facilite leur insertion dans les sphères de décision. Elles pourront ainsi servir de modèles pour les jeunes filles.

Pour conclure, avez-vous un message à nos lecteurs ?
L’Université Félix Houphouët-Boigny, votre université, est un maillon essentiel pour le développement de la Côte d’Ivoire. Elle est en train de faire sa mue pour répondre aux attentes de la Nation. Elle a besoin de votre confiance et de votre soutien.

Par Liport Max
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