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Société Publié le mardi 16 décembre 2014 | L’Agriculteur

Guillaume Ballé, ingénieur des techniques agricoles: ‘‘C’est avec les chercheurs que l’Etat peut rendre l’agriculture performante’’

Guillaume Ballé, ingénieur des techniques agricoles, par ailleurs fondateur d’Agro Plast Eburny, dans cet entretien, dénonce le manque d’organisation dans le secteur de l’agriculture notamment, le vivrier et invite les autorités à se pencher sur cette activité vitale.
Pendant plusieurs décennies, l’agriculture a soutenu les investissements dans les secteurs sociaux de base (santé, éducation...) et les infrastructures économiques (routes, aéroports, ports…) .Mais aujourd’hui, le secteur connait une crise. Comment expliquez-vous cela ?

Nos autorités ne s’investissent pas en plein temps dans ce domaine. C’est un peu comme un tremplin. C’est lorsqu’on a quelques revenus ou lorsqu’on pense qu’on peut avoir de l’argent dans un secteur, c’ est là qu’on se penche, l’exemple du cacao, du café et de l’hévéa est édifiant. Alors qu’il y a d’autres secteurs qui sont pourvoyeurs d’emplois et générateurs de revenus.

Les planteurs sont souvent confrontés à la faiblesse de la productivité due aux parasites et autres ennemis des cultures. Que doivent-ils faire pour remédier à cette situation ?

Il faut une aide. L’Etat doit assister les planteurs en leur apportant les pesticides, les intrants qu’il faut pour que les producteurs puissent palier à ces difficultés. Ils n’ont pas de grands moyens pour s’en procurer. Il faut de grands moyens pour acheter tous ces produits. Malheureusement, il n’y a pas de subvention pour permettre aux paysans de faire face à ces attaques parasitaires qui causent d’énormes préjudices.

Quelles sont les relations entre les chercheurs ivoiriens et les autorités ?

Nous sommes livrés à nous-mêmes, il n’y a pas de subvention de nos jours. C’est la volonté et l’amour du travail qui nous font vivre. Nos recherches sont financées sur fonds propres. Les autorités agricoles n’ont pas le regard qu’il faut sur les travaux des chercheurs indépendants. Or, c’est ensemble que nous pourrions développer l’agriculture et la rendre performante.

Aviez-vous essayé de les approcher ?

Non, mais je pense qu’ils savent que nous existons. Nos travaux sont des projets d’Etat. Il faut que les gouvernants nous accompagnent dans nos recherches, ce serait dans l’intérêt de tous.

Malgré une autosuffisance, certains produits notamment la banane plantain dont la production annuelle est estimée à 1.000.100 tonnes est indisponible sur le marché à une certaine période de l’année.

Effectivement, c’est l’amer constat que nous faisons tous. Puisqu’il n’y a pas d’organisation véritable dans le secteur du vivrier, c’est seulement dans les cultures pérennes que l’on trouve des organisations qui sont souvent subventionnées par l’Etat. Mais le vivrier qui est l’activité nourricière vitale n’est pas organisé. Il n’y a pas de suivi. Il faut un suivi véritable, une organisation autour de ce secteur. La banane, on peut la produire en contre saison, mais les producteurs en général n’ont pas de moyens pour se faire des retenues d’eau pour faire l’irrigation en période de sécheresse. Ils n’ont que l’arrosage naturel qui est l’eau de pluie. Or , la banane sort à une période donnée en quantité sur le marché, on constate parfois qu’elle pourrit. Au moment où la population en a le plus besoin, elle devient rare. Ça, c’est un problème d’organisation. Il faut une volonté politique pour créer les moyens d’organiser les commodités de production de ce secteur. En utilisant les méthodes d’irrigation, en encourageant la jeunesse à se tourner vers cette activité. Nous faisons des recherches sur les vivo-plants de banane mais, combien sont ceux qui viennent à nous ; seulement ceux qui sont nantis.

Dans certaines régions de la Côte d’Ivoire, des cultures auxquelles l’on peut associer plusieurs autres sont délaissées au profit de l’hévéaculture.

L’hévéa contient des substances naturelles comme le caoutchouc qui appauvrit le sol parce qu’il contient un taux d’acidité trop élevé. Après plusieurs années, il ne permet plus la mise en place d’une autre spéculation . L’hévéa n’est pas une culture pour le bien être de la population.

Vous insinuiez que c’est dangereux de se pencher sur cette culture ?

C’est un danger pour l’autosuffisance alimentaire. Dans les régions où l’hévéaculture est pratiquée , la population est obligée de se déplacer pour se faire ravitailler en produits vivriers. Nous avons l’exemple des villes de Dabou (sud), Bonoua ( sud-est)où les habitants viennent sur Abidjan pour se ravitailler. C’est difficile. Si cela continue, la Côte d’Ivoire fera face à une famine dans un proche avenir.

Arnaud Houssou
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