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Société Publié le samedi 29 août 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Campagne électorale à Adjoufou

Il était une fois dans un sous-quartier d’une commune d’Abidjan. Attention, ce n’est pas un conte. En écrivant, dès le début de ma phrase : « Il était une fois. », de nombreux lecteurs pourraient croire que je les introduis dans un conte et légende. Un mensonge pour instruire des enfants ou distraire des vieux. Ce que je vais raconter est vrai, authentique. L’histoire s’est passée à Adjoufou, dans la commune de Port-Bouët. La Côte-d’Ivoire a ceci de particulier qu’elle garde toujours le nom des colons. Même Angoulvan a une avenue à Abidjan. Signe de l’amitié ivoiro-française ou d’une stratégie du premier président de la République. Je pense qu’il est temps qu’un camp militaire porte le nom d’un de nos valeureux militaires. Passons ! La politique n’est pas ce qu’on écrit et dit publiquement. Elle se passe entre quatre murs loin des yeux et des regards du public. Si les gens savaient que des politiciens s’insultent par radios, journaux et télévisions interposés, sont de grands amis, ils ne croiraient pas. C’étaient, donc, il y a quelques années. Un candidat se rend un jeudi soir, aux environs du marché, un espace assez réduit qui peut accueillir près de trois cents personnes.

Pour faire venir des « militants » à un meeting ce n’est pas si compliqué. La recette est bien connue. Une musique tapageuse avec quelques danseurs et si des filles se trémoussent alors la partie est gagnée. Hilare, ivre de joie, l’homme politique débite son programme politique s’il est élu. Il était sur le chapitre culturel quand un brave homme l’interrompt. Ecoutez ce qu’il va dire à notre homme politique habitué aux meetings à Cocody. Lisez très bien : « Petit, trop parler est maladie. Il faut nous donner l’argent et puis on va aller voter pour toi. » Voici la clé d’une élection dans une banlieue et dans les zones rurales. Et on comprend aisément la cause de nombreuses abstentions dans les petites villes, les villages et autres communes populaires. Des intellectuels ignorent l’âme du peuple aveuglé par leur tendance à la bourgeoisie et à la recherche de postes juteux. Pour le petit peuple, une élection de toutes sortes, c’est une traite. Il faut dépouiller ces politiciens de leur argent. « Ils ne reviendront que dans cinq ans. » Les électeurs pauvres, veulent « bouffer » afin de déposer leur bulletin, les électeurs, aux aspirations « bourgeoisies » veulent monnayer leur bulletin contre des promesses de nomination. Pour gagner en Afrique, il faut absolument partager avec les autres. Donner. L’électeur africain est comme la femme.

On ne se fait pas aimer par le romantisme mais par le matérialisme. Même pour augmenter le taux de participation aux élections, il faut mobiliser des véhicules de transport pour déposer des électeurs aux lieux de vote et les ramener chez eux. Sans oublier des « tamas » ou des pains. Les Occidentaux et leurs partisans africains appellent cela l’achat des consciences. C’est toujours la mauvaise connaissance de l’âme africaine. Déjà que ces Occidentaux ont plongé les pays africains dans le drame avec leur démocratie. Mais, on sait que pour régner, il faut diviser. Le tribalisme fait merveille. Beaucoup d’Occidentaux, d’intellectuels africains et de politiciens ont encore besoin de « s’africaniser », devenus ignorants par l’école de leurs maîtres. Peuvent-ils croire que des représentants de candidats dans les bureaux de vote donnent leur voix à leurs « adversaires. » Des jeunes dans toutes les localités sont prêts à représenter des candidats en se faisant passer pour des militants du parti. Et cela, pour l’obtention d’un petit billet d’argent. Comment comprendre que dans des bureaux de vote certains candidats n’obtiennent pas un seul bulletin voté pour eux ? Leurs représentants dans le bureau a voté pour l’adversaire ou s’est abstenu. Il est temps qu’on fasse une élection ''à l’africaine''. Trop parler est une maladie. L’Africain a besoin du concret.

Ce qu’on voit, ce qu’on touche et non ce qu’on promet. Il est bon de savoir que des partis politiques ont décidé, pour une fois, du porte à porte, comme on le fait en France. Ici, il est inimaginable de faire comme dans l’Hexagone, en comptant sur le simple militantisme. Il faut débourser. Une campagne électorale, petite ou grande, coûte cher. Mais, c’est aussi un moyen aussi de tester l’engagement de certains de leurs grands militants, ceux qui ont des postes importants. Quels seront les taux de participation dans leur commune et les voix récoltés par leur parti. Cela facilitera la recomposition des nominations dans l’administration et dans le privé. Il serait trop facile de faire « manger » ceux qui n’ont pas voulu faire « manger » les autres. Courte queue se paie par courte queue et non par longue queue. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
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