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Société Publié le lundi 13 juin 2016 | Diasporas-News

Patson : Yes, Papa, c’est Kdo!

Patson, c’est l’histoire d’un humoriste qui s’est battu, envers et contre tout, pour arriver aujourd’hui à être une personnalité respectée du paysage culturel français. Un exemple de courage et d’abnégation à suivre pour de nombreux africains qui rêvent de gloire en France.
« Yes, papa, jeu de jambes, c’est cadeau ! » C’est avec cette phrase devenue culte que Patrice Mian Kouassi alias Patson, a débarqué sur la scène de l’humour en France, un soir de 2006. Si, bien avant cette année-là, il était déjà humoriste, c’est là que sa carrière va prendre une tournure exponentielle. Lui, dont la vie n’a pas été un long fleuve tranquille, devient un des piliers du Jamel Comedy Club, initié par le comique Franco-Marocain, Jamel Debbouze. Son humour franc, parfois corrosif, ponctué de pas de danse dont il a lui seul le secret, séduit Noirs, Blancs, Arabes et tous les francophones qui viennent le voir jouer. « Se retrouver avec Jamel était un acte visionnaire. C’était presqu’un an auparavant, où j’avais dit en rigolant : si l’Arabe handicapé du bras, et le Noir handicapé du pied se retrouvaient sur une scène, quel gros succès ce serait ! » Et il ne croyait pas si bien dire. Il est recruté par Jamel et son talent fait le reste. « C’est vrai que ça été une belle aventure ; je ne remercierais jamais assez Jamel » lance-t-il, reconnaissant.

Mais il serait totalement inopportun, voire réducteur, de croire que Patson doit tout à Jamel. Ce qui lui arrive aujourd’hui, il le doit à son opiniâtreté. Conscient de son projet de vie, il a étudié le théâtre, à Paris comme à Montréal. Il a appris le métier, ce n’est pas un arriviste qui ne savait que faire de sa vie. En 2005, le journal Libération avait déjà mis en lumière le talent de l’artiste sur une page entière. Déjà tout jeune, lorsqu’il était pris par des contrôleurs de métro sans ticket, c’est par l’humour qu’il s’en tirait. « L’humour, c’est toute ma vie », explique-t-il.

Né d’un père polygame et très riche exploitant forestier ivoirien, il est confronté très tôt aux affres de la situation maritale de sa maman. Pratiquement abandonné, sa mère n’étant pas la favorite de son père, il doit se débrouiller avec le peu que cette brave dame arrive à mettre de côté. Avec ses économies, la courageuse maman fait partir son fils en France chez des supposés parents, rêvant d’un avenir meilleur pour ce fils qui sortirait elle et ses autres enfants de la galère.
Patson débarque dans une banlieue parisienne. Il est hébergé par une « vague » cousine mais ses rêves de grandeur vont rapidement virer au cauchemar. Il devient pratiquement l’esclave de la famille, le « boy » comme on dirait communément dans les quartiers africains. N’ayant rien à perdre, il décide de fuir, lassé de faire les courses, le ménage, la cuisine, la vaisselle. Il est recueilli par sa prof d’anglais qui le fait adopter par une famille de Français. Ce qui lui ouvre de nouvelles perspectives. Du coup, Patson va enfin pouvoir exercer le métier qu’il a toujours voulu faire, humoriste. Même s’il a travaillé dans d’autres secteurs d’activité, la scène a régulièrement pris le dessus dans toutes ses aventures professionnelles. « Un jour, j’ai vu Coluche à la télévision, et je me suis dit que je deviendrai le Coluche noir. Il m’a beaucoup inspiré et son épouse me le rend bien. Mais Coluche, il n’y en aura qu’un seul.

Moi, je suis Patson et je veux rester moi-même », dit-il aujourd’hui.
Qu’à cela ne tienne! L’humoriste se lance et devient rapidement très populaire. Il joue dans de grandes salles parisiennes. Puis il connaitra la consécration lorsqu’en 2011, il verra son nom à l’affiche de l’Olympia, salle mythique parisienne, passage obligé pour tout artiste qui se respecte en France. "Mais l’Olympia, ce n’est pas donné, ça se mérite. C’était comme un rêve qui se réalisait. Je suis resté toute la veille devant la salle, pour voir au petit matin, les lettres de mon nom monter sur le fronton de l’Olympia. En même temps que je mesurais le chemin parcouru et en tirais une fierté, je compris que je devais, à mon tour tendre la main aux autres. Je ne sais pas être heureux seul. J’aime partager », se souvient-il.
Généreux sur scène comme dans la vie, l’enfant de l’Indénié, un département de l'est de la Côte d'Ivoire, né il y a 42 ans, crée des ateliers de théâtre pour aider les jeunes qui se destinent à ce métier. Il est aussi très actif dans le milieu associatif en faveur des plus démunis. Chez lui, aider c’est naturel. « Toutes les difficultés que j’ai connues ont été, paradoxalement, bénéfiques pour moi. Elles m’ont fait comprendre que je ne devais rien attendre de qui que ce soit. Et quand on, se bat pour obtenir ce qu’on a, rien de tel. » Patson n’est pas égoïste pour un sou.

Humoriste comblé, l’homme d’Evry, qui peut se vanter de son amitié avec l’actuel Premier ministre Français, Manuel Valls, ancien maire de cette banlieue de Paris, anime depuis près de 11 ans Yes, papa, C K’do ! , une émission quotidienne de détente sur la branche parisienne de la radio Africa N°1. Il prépare la sortie d’un film pour cet été. Et il est toujours à l’affiche dans les salles parisiennes avec ses spectacles. « Aujourd’hui, je peux choisir les projets qui m’intéressent, que ce soit à la télé, au cinéma ou des collaborations qu’on me propose. Je refuse d’être le ‟Nègre de service”. Je ne suis pas un artiste noir, je suis un Noir qui fait du théâtre. » Cependant, il n’a jamais oublié d’où il vient. La Côte d’Ivoire, il l’a dans son cœur. « J’aimerais jouer un vrai spectacle de deux heures à Abidjan pour faire connaitre mon humour à mes frères. Les gens pensent que je ne sais faire rire que les Blancs. J’espère qu’un promoteur ivoirien me donnera cette chance de jouer en Côte d’Ivoire. » Il ambitionne aussi d’y monter des projets humanitaires, sociétaux, économiques, ainsi qu’une école de théâtre. Il a déjà créé des emplois fermiers dans la région de ses parents.
Le comique a réussi à faire partir ses frères en Europe, et aide sa famille du mieux qu’il peut. Même à son père, il n’en veut pas. Mais il sait que les Chabin, ces Blancs qui l’on recueilli, c’est eux, sa famille ! Lui qui s’en est toujours sorti par l’humour vit aujourd’hui grâce à l’humour. Un juste retour des choses. Yes, Papa!


Malick Daho


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