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Société Publié le mardi 26 juillet 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique littéraire / “Mme la Présidente” de Fatou Fanny-Cissé : La tragédie d’une assoiffée de pouvoir

Lire « Mme la Présidente de Fatou fanny-Cissé rappelle cette citation de Sembène Ousame dans son œuvre Le Mandat : « Quand tu fais de l’argent l’essence de ta vie, tu détruis en toi tout ce qu’il y a d’humain. ». Ce livre permet de comprendre que l’une des plus grandes tragédies de la vie n’est pas la mort en soi, mais plutôt la mort des valeurs en soi quand on est en vie.
Le personnage principal de cette œuvre est une femme : Fitina. Dans la République de Louma, elle a pour projet de se présenter aux élections présidentielles devant plusieurs candidats. Avec l’appui de son frère Kotigui, elle a recours aux services d’un grand sorcier du nom de Djomori qui lui impose des sacrifices humains, la contrepartie de sa virginité, son célibat et d’autres sacrifices abjects comme conditions. La soif de pouvoir la motive à accepter toutes les conditions auxquelles elle est soumise pour parvenir à cette finalité. L’incompréhensible logique du destin a approuvé ses vœux et là voila dans le fauteuil présidentiel de Louma pour gouverner les vies des populations de ce pays. Son règne commence à s’illustrer par un gouvernement de copinage qui récidive dans la mauvaise gestion, le détournement impuni des biens publics, la corruption, le piétinement des libertés publiques, la violation des principes de la démocratie… les convictions des opposants sont vite corrompus et toute opposition à son pouvoir étaient intelligemment détournés, sauvagement réprimés, sadiquement éteints. Elle offrait à ses lions entretenus dans le sous sol de sa résidence tous les récalcitrants qui n’avaient pas encore compris par la terreur qu’elle faisait régner sur son peuple, l’interdit absolu de l’affronter ou de vouloir l’évincer par n’importe qu’elle méthode. Son premier ministre, son médecin personnel et son aide de camp n’échappèrent guère à l’appétit de ses félins. Elle a même organisé un festin qui réunissait tous les membres de son gouvernement pour leur faire manger le corps de l’un de ses opposants. Sa mégalomanie fut pour elle le tapis rouge visqueux lorsqu’elle décida de modifier la Constitution de son pays pour se représenter aux prochaines élections présidentielles. Elle massacra davantage son innocent peuple qui osa revendiquer : enfants, jeunes, adultes vieillards… Vint alors la révolte et la vengeance des fantômes de toutes ses victimes trépassées qui firent une coalition pour engager un violent combat mystique contre la présidente qui avait une capacité ésotérique de riposte. Heureusement que dans le combat du bien contre le mal, le bien fini par toujours triompher en dépit du règne longitudinal du mal.
L’auteure change avec le constat général pour les écrivaines de choisir des thématiques sur l’amour. Elle se veut satirique sur la gestion de la cité par ceux sur qui le peuple porte un choix pour améliorer sa condition de vie. C’est un thème d’actualité qui présente avec force les maux de la société de ce pays fictif qui ressemble à plusieurs pays d’Afrique et du monde. L’auteure indexe le choix de la superstition ou des pratiques mystiques au détriment du mérite, dans un concours, une compétition, des élections… Plutôt que les chemins rocailleux du labeur, l’on choisit les chemins douillets de la facilité par le recours au maraboutage, à la sorcellerie, au mysticisme. .. L’intérêt égoïste et personnel au détriment de l’intérêt collectif est privilégié quand on participe à la gestion des biens publics. Les idéaux et les convictions sont vîtes troqués en échange des billets de banque et cela donne raison à Martin Luther King de dire que : « Notre monde changera du sort qui le menace non pas par l’adaptions paresseuse de la majorité conformiste mais par l’inadaptation créatrice de la minorité non conformiste… seule une minorité engagée peut faire changer les choses ». Le choix du style d’écriture de Fatou Fanny-Cissé est simple et son vocabulaire accessible. La compréhension de son message est aisée et elle a cet art de faire durer le suspens et provoquer de l’émotion. Les prises de positions d’un écrivain engagé ont toujours une influence sur les hommes politiques. Son rôle est d’être le porte parole des maux de son peuple et de rappeler les valeurs morales que n’épousent guère ceux qui ont la gestion de la cité dans la pratique et l’exercice de leur mission. Fatou Fanny Cissé a posé un acte citoyen immortel par la publication de cette œuvre satirique utile à tous mais plus encore aux gérants et gestionnaires de la cité. Que son message porte du fruit ; que ceux qui ont des oreilles l’entendent et que ceux qui ont une conscience fassent un mea-culpa.

Yahn AKA
Writer-Editor
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