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Politique Publié le jeudi 2 mars 2017 | Le Patriote

Interview/ Cissé Ibrahim Bacongo, Conseiller du chef de l’Etat et ex-ministre: "Ce que je pense de la grève des fonctionnaires et la dernière mutinerie dans l’armée"

© Le Patriote Par DR
Interview Le Patriote - Ministre Cissé Ibrahim Bacongo
Le Patriote : Le climat sociopolitique en Côte d’Ivoire est un peu bouillonnant. Mais on ne vous entend pas trop, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années ?
Cissé Ibrahim Bacongo : Autre temps, autre comportement. Il y a quelques années, j’étais porte-parole du RDR par la volonté du président du RDR, Alassane Ouattara. Mais ce temps est révolu puisqu’aujourd’hui le RDR a un porte-parole qui, j’espère, porte sa parole. Bien ou pas, je n’ai pas à en juger. On ne m’entend pas aujourd’hui car il faut savoir se taire et savoir quand parler. Le moment est peut-être venu pour que je parle, utile.

LP : Une bonne partie de l’opinion pense que les cadres autour du Président Ouattara sont plus occupés à s’enrichir qu’à défendre la politique mise en œuvre…
CIB : Ce n’est pas faux. Je le confesse pour ma part et je plaide coupable aussi parce que je considère que quand on est autour d’un chef, on doit lui être loyal. Etre loyal, lui dire les choses non pas telles qu’il souhaite qu’on lui dise, mais telles qu’elles sont, afin qu’il puisse trouver dans ce qu’on lui dit des éléments de prise de décision. Tous autant que nous sommes autour du Président, nous sommes préoccupés par le maintien de nos positions, au point où nous oublions que, c’est parce que nous lui avions été loyaux dans l’opposition, que nous nous sommes battus comme il a fallu et que nous avions dit les choses telles qu’elles se présentaient, que chacun se trouve là où il est présentement. Ce serait un paradoxe qu’étant arrivé là où nous sommes dans les conditions décrites que nous considérons que nous devrions nous taire, au risque d’aller droit dans le mur, pour ne pas perdre des positions que nous allons perdre de toute façon. Donc, il faut que nous parlions. Pour ma part, je ne me suis jamais tu. Sans doute en tant que ministre, je n’avais pas suffisamment de temps pour parler de politique, mais j’ai pu écrire de temps en temps. J’ai écrit sur le RHDP, sur la Constitution, sur la question de la nationalité et un certain nombre d’articles qui ont suscité des réactions. Donc, oui, je suis d’accord avec votre analyse que les cadres se taisent parce que chacun a peur de perdre un poste ou une position. Je me souviens que lorsque j’ai écrit sur le parti unifié, un collègue m’a demandé si je n’avais pas peur de sortir du Gouvernement. Je lui ai répondu que je préfère perdre un poste, fut-il un poste de ministre que de perdre ma liberté. Ҫa ne peut pas être une préoccupation pour un intellectuel ou quelqu’un qui a un minimum de culture et de sens de la relativité d’être au Gouvernement sur les genoux, au lieu d’être en dehors sur les pieds. Moi je refuse d’être dans un Gouvernement sur les genoux. Je préfère être sur mes pieds.

LP : Monsieur le ministre, la fracture sociale s’est manifestée par deux événements majeurs. Il s’agit d’abord de la grève des fonctionnaires. Vous avez été ministre de la Fonction publique. Avec du recul aujourd’hui et en attendant l’échéance donnée par le Gouvernement, quelle lecture faites-vous de cette grève ? Pensez-vous que les fonctionnaires sont fondés dans leurs revendications ainsi que dans la manière aussi de les poser ?
CIB : Je pense que les grèves sont consubstantielles au travail salarié, du public ou du privé. Ce sont les grèves qui contribuent à améliorer les conditions de vie du travailleur. C’est pour cela qu’on dit que le droit du travail, est le droit du travailleur. C’est de conquête en conquête, au moyen des grèves, que tout ce que nous connaissons comme avancées dans l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs a pu se réaliser. Que la grève du public ou du privé soit fondée ou pas, ne devrait pas être un problème en soi. L’important est comment les fonctionnaires sont accueillis, écoutés, et traités. On peut ne pas avoir les moyens pour satisfaire des revendications salariales ou sociales, mais quelquefois un simple sourire amical à l’égard de ceux qui sont en grève peut désamorcer une grève. Je pense, pour ma part, qu’il faut que les fonctionnaires sentent qu’ils ont en face d’eux des frères et des sœurs qui les écoutent. L’histoire étant une roue qui tourne, ils doivent être rassurés de constater que ce sont des frères et sœurs qui ont leur destin en main aujourd’hui. Demain, eux-mêmes peuvent être à la place de ces frères et sœurs et auront également à gérer des grèves. S’ils trouvent en face d’eux de la fraternité, de la sympathie et de l’amitié, il n’y a pas de raisons que les choses n’aillent pas. C’est comme ça que j’ai géré le ministère de la Fonction publique. Je me suis fait des amis parmi les leaders syndicaux, pour ne pas dire que tous étaient devenus par la force des choses des amis.

LP : En attendant, les syndicalistes ont donné un mois au Gouvernement. Quels conseils pouvez-vous prodiguer au Gouvernement afin que le fond des questions soit traité ?
CIB : En ce qui concerne le stock d’arriéré, j’ai reçu à plusieurs reprises les différents syndicats. J’ai relevé avec eux tout ce que le Gouvernement avait fait, pour ne pas dire tout le sacrifice que le Président avait consenti en leur faveur. Qu’il s’agisse de l’augmentation des salaires, du déblocage des avancements indiciaires qui induisent également des augmentations de salaire, de l’augmentation de la prime de recherche en ce qui concerne les enseignants du supérieur… J’ai relevé avec eux tous les efforts consentis par le Gouvernement pour arriver à la conclusion qu’il ne fallait pas trop tirer sur la corde pour éviter qu’elle ne se casse. Je leur ai fait observer que le fait de demander le paiement du stock d’arriérés, malgré tous les efforts déjà consentis pourrait conduire à une situation dangereuse pour tout le pays. Beaucoup d’efforts ont été consentis par le Gouvernement. Si chaque Ivoirien pouvait bénéficier un peu de tout ce qui a été fait pour les fonctionnaires, le climat social serait le plus apaisé pour le bien de tous. C’est le discours que j’ai toujours tenu devant les syndicats. Malgré cela, nous sommes restés amis au vrai sens du terme. Parce que je pouvais recourir à eux pour comprendre des choses ou quand j’avais des appréhensions. Je pense donc que le ministre de la Fonction publique devrait, non pas faire la même chose, mais trouver les moyens pour se rendre agréable aux différents syndicats qui sont face à lui.

LP : Certaines personnes disent quand c’est les militaires, on leur donne ou promet des millions de francs CFA. Ce qui n’est pas le cas pour les fonctionnaires. N’y a-t-il pas deux poids deux mesures ?
CIB : Pour ce que je sais, il aurait été promis aux militaires, à la sortie de la crise postélectorale, des primes. N’ayant pas été payées à temps et ne voyant pas de signe tangible quant à la volonté du Gouvernement de ne payer ces primes, ils ont dû donner de la voix. Est-ce que c’est la raison principale ou la seule raison ? Je ne peux vraiment pas vous répondre avec précision. Il reste que le ministre Alain Donwahi, accompagné de différents chefs militaires, a, sur la base d’un certain nombre d’engagements pris par le Gouvernement, pris la décision qui s’imposait pour le cas précis. Je ne crois pas que le ministre de la Défense ait jeté arme et bagage face aux militaires pour leur concéder tout. Il a dû peser la décision qu’il a soumise au Président de la République, à savoir payer aux militaires ce qui avait été promis lors de la négociation. Ce n’est pas tant parce que les militaires ont des fusils que des engagements ont été pris à leur égard qu’ils ont été payés.

LP : Il n’en demeure pas moins, Monsieur le ministre, que c’est de l’argent public. Donc les citoyens s’interrogent. Il y a eu des actes d’indiscipline qui n’ont pas été sanctionnés. Mais plutôt beaucoup d’argent qui ont été dépensés. En plus, il s’en est suivi des nominations. Où se trouve la rigueur finalement ?
CIB : Je ne sais pas s’il y a eu des actes d’indiscipline.

LP : La mutinerie par exemple !
CIB : La mutinerie peut être considérée sous un aspect comme de l’indiscipline, mais sous un autre aspect comme un moyen de revendication. Puisque, pour ce que je sais, il n’y a pas eu d’agression, de casse, ni de mort d’homme. C’est juste une expression violente par des coups de feu d’une colère contenue. Si ces militaires sont arrivés à la conclusion qu’après toutes les tentatives initiées, restées vaines qu’il fallait se faire entendre autrement, on peut regretter la manière, tout en comprenant leur impatience. Ils auraient dû se faire entendre par la hiérarchie, le ministre de la Défense, le Chef du Gouvernement, avant le Président de la République. Tout cela est une question d’appréciation. Ces agissements ont créé beaucoup de frayeur dans la société. Mais quand on les écoute, ils disent n’avoir jamais eu l’intention de mettre le régime en difficulté, le Président encore moins. Puisqu’ils se reconnaissent tous en lui et se disent plus que jamais prêts à le servir.

LP : Ne faut-il pas craindre qu’à force de se répéter, ces actes puissent un jour se transformer en insurrection ?
CIB : Ça, il faut le craindre. D’où la nécessité de créer un cadre d’échanges et de réflexion pour jeter un regard critique sur ces mouvements, mais également sur tous les autres mouvements. Il faut conduire une réflexion qui permette d’anticiper sur la répétition de ces crises. Il faut interroger la société ivoirienne de 2017 avec tout ce qui la caractérise. On n’a pas parlé des mouvements sociaux qui ont eu lieu en 2015 ou 2016, ni des réponses apportées par la société au mouvement des mutins. Quand ils titraient en l’air à Bouaké, à Daoukro, à Daloa…, des militants de partis politiques, des Ivoiriens membres de la société civile accompagnaient ces tirs de hourras approbateurs. Parce qu’il y a un mouvement d’humeur qui ne dit pas son nom. Il y a comme un mécontentement sourd dans la société, qu’il convient d’interroger. Il ne faut pas détacher les différents mouvements de l’environnement actuel, de l’atmosphère ambiante. Dans la famille politique à laquelle j’appartiens, on a l’impression que des gens assis dans la pénombre quelque part réfléchissent pendant que d’autres, sous la canicule, doivent se contenter d’exécuter. Nous ne voulons jamais faire précéder l’action par la réflexion. Nous voulons agir avant de réfléchir. Il faut faire l’inverse, et c’est à ce prix que nous pouvons anticiper ou empêcher la répétition de ce genre d’événement.

LP : Comme solution, le Président dont vous êtes le conseiller, a jugé bon de remplacer l’ensemble de la chaîne de commandement des militaires en ramenant à la surface ceux qu’on a connus comme chefs de guerre. L’opposition vous a accusé d’avoir fait la prime à la rébellion, au tribalisme. Quelle réponse avez-vous à apporter ?
CIB : L’opposition est dans son rôle. Quand elle était au pouvoir, nous l’avons vue à l’œuvre. Que l’opposition estime que tout ce que le Président fait ne sert pas l’intérêt de la Côte d’Ivoire, cela me paraît être de bonne guerre, encore qu’elle aurait pu, en opposition responsable, adopter une autre position, à savoir se taire. N’est-ce pas que quand on n’a rien à dire, on se tait. L’opposition a servi bien d’autres mensonges aux Ivoiriens par des messages anonymes ou de méchants tracts distribués sous le manteau. Qu’elle dise aujourd’hui cela, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. On l’a vu en tout cas. Je ne sais même pas de quelle opposition il s’agit. Le Fpi d’Affi N’guessan dont la voix ne compte plus ou celui de Sangaré Abdramane ?

LP : On a lu récemment que le ministre Gnamien Konan, qui était avec vous il n’y a pas longtemps, a traité de tribalistes ces nominations ?
CIB : C’est vous qui m’apprenez que le ministre Gnamien Konan traite les nominations faites par un Gouvernement dont il était membre, il n’y a pas encore un an, de tribalistes. Je ne veux pas faire d’autre commentaire après avoir fait observer que ce n’est pas parce qu’il n’est plus membre du Gouvernement que tout ce qui est fait depuis sa sortie est voué aux gémonies. Beaucoup de nominations sont faites dans le pays aussi bien dans l’administration que dans l’armée, etc. qui concernent tous les Ivoiriens. Le ministre Gnamien Konan sait que les nominations faites par le Gouvernement, au moins pendant qu’il était ministre, obéissent à des exigences cardinales, à savoir faire de la géopolitique et prendre en compte le genre. Le Président n’a jamais accepté de nominations de cadres d’une seule région dans un ministère. Toutes les propositions de nominations n’obéissant pas à ces exigences ont été toujours rejetées. Je pense que le ministre Gnamien Konan, pour qui j’ai beaucoup d’estime, n’a pas encore digéré son départ du Gouvernement. L’ayant précédé sur la touche, je sais que son amertume va lui passer.

LP : L’actualité c’est aussi le procès de Laurent Gbagbo à La Haye. Vous êtes un éminent juriste. L’opinion se demande en fin de compte si vous n’avez pas fait du bien à Gbagbo en l’emmenant à la Cpi. Parce qu’une bonne partie de l’Afrique le considère comme un héros, notamment des chefs d’Etat. Est-ce qu’aujourd’hui, Gbagbo n’est pas devenu plus célèbre qu’il ne l’était ?
CIB : Heureusement que ce sont d’anciens chefs d’Etat comme lui. Donc cela me rassure.

LP : Mais qui ont été des démocrates…
CIB : S’ils avaient été des chefs d’Etat en exercice, il y aurait eu des questions à se poser quant au respect de ce qu’on appelle l’Etat de droit. Gbagbo n’a pas été pris pieds et mains liés, jeté dans un avion pour être déposé à La Haye afin que là-bas il soit jugé comme on n’aurait pas pu le faire ici. Deuxièmement, ces chefs d’Etat dont vous parlez font partie de son carnet d’adresse, de ses amis de gauche de tout le temps. Que d’anciens chefs d’Etat se mobilisent pour demander la libération de Gbagbo, on peut le leur concéder même si on peut se poser la question de savoir ce qu’ils ont fait dans leurs pays des gens qui tuent ou qui ont tué d’innocentes personnes. Ils ne savent peut-être pas que c’est sous Laurent Gbagbo qu’il y a eu le charnier de Yopougon, que pendant la crise électorale nous avions connu le supplice du feu qu’on a appelé l’article 125. C’est-à-dire une boîte d’allumette achetée à 25 francs, du pétrole à 100 francs, qui servent à brûler des êtres humains et en pleine conscience. Je ne sais pas s’ils savent que ce sont de vraies femmes qui ont été tuées à Abobo sous le régime de Laurent Gbagbo sur son instruction donnée à la fois à son armée, à la gendarmerie et à la police. Ce ne sont pas des marionnettes qui ont été tuées, mais des mères de famille, des épouses, des nièces, des cousines, etc. dont on a voulu assimiler le sang à du ‘’bissap’’. Ces chefs d’Etat sont sur un terrain politique, celui du panafricanisme et de lutte des classes, alors que nous sommes sur celui de l’Etat de droit. Ils sont eux sur le terrain du panafricanisme. Le temps s’est arrêté pour eux peut-être. Mais nous, nous sommes en 2017, et non en 1960. Les temps ont changé.

LP : Pour nous qui suivons ce procès, jusqu’à présent l’accusation est encore très faible. Ceux qu’on présente comme témoins accablants ne relèvent que de petits faits. Tout ce que vous soulevez sont des faits réels qu’on ne peut nier. Mais comment se fait-il qu’au niveau du procès, on sent que des groupes de soutien se forment pour soutenir le président Gbagbo. On sent que l’Etat de Côte d’Ivoire est absent pour défendre son préjudice !
CIB : Effectivement, c’est un autre problème que vous posez. Concernant la communication faite autour de ce procès par le Gouvernement et par le régime, on peut avoir à redire. Est-ce que tout cela part du montage du dossier ? Il est tout à fait possible que les premiers pas n’aient pas été posés comme ils auraient dû l’être. Il est possible que les dossiers n’aient pas été montés convenablement. Mais, je reste convaincu que les soutiens apportés à Gbagbo par les différents anciens chefs d’Etat, et les clubs de soutien qui naissent et périssent au fil du procès, ne pourront pas changer le cours de l’histoire, ni celui du procès qui est fait sur la base de textes, et non celle des humeurs ou de jugements de la rue.

LP : Vous avez fait référence aux tueries. Nous avons un procès sur place, celui du Colonel Dogbo Blé, ancien patron de la Garde Républicaine. Il s’agit de l’assassinat de Yves Lambelin et ses compagnons. Au cours du procès, un officier a été accusé par l’un de ses éléments d’avoir tué les victimes. Par contre, les avocats disent que ce sont les hélicoptères onusiens et français qui ont bombardé le palais, et que par les effets collatéraux, ils sont morts. En savez-vous plus ?
LP : Je ne sais pas si nous sommes dans un film ou dans la réalité. Nous savons que feu Lambelin et les personnes qui étaient avec lui ont été extraits de l’hôtel Novotel. Ils ne déambulaient pas à travers le Plateau. Comment le pouvaient-ils d’ailleurs puisque nous étions en pleine crise postélectorale et qu’il était très dangereux de se promener dans la ville au risque d’être pris pour cible par toutes sortes de mercenaires ou de miliciens en errance. Ils n’ont donc pas pu être pris pour cible par des hélicoptères. Ils ont été extraits de Novotel. Au moins, sur ça on peut être d’accord. Par qui ? Pour quelle destination avant d’être tués ? C’est ce que le procès va aider à comprendre. Moi, je m’en tiens à cela. Dire que ce sont des hélicoptères français qui ont tué Lambelin et ses compagnons d’infortune participe du même mauvais esprit qui consiste à dire qu’aucune femme n’a été tuée à Abobo, que le charnier de Yopougon n’a pas existé, que parmi les femmes tuées il y a en a une qui s’est relevée pour se sauver, que c’est du « bissap » qui coulait sur le sol, etc. Ce sont des thèses négationnistes voir nihilistes, comme on l’a vu ailleurs. Je considère que ceux qui développent cet état d’esprit ont perdu tout sens de l’Homme, vivent à l’état d’animalité et sont désormais comparables à des animaux. On peut être adversaires ou même ennemis, mais il ne faut pas enlever à l’homme son humanité pour le tuer ou après l’avoir tué comme une bête.

LP : Dans l’actualité nationale, il y a l’affaire dite d’Agro-business. Vous est-il arrivé de conseiller à vos proches de souscrire à cette activité ?
CIB : Bien sûr que non. J’ai été informé de cette affaire à peu près un mois avant qu’elle n’éclate au grand jour sous la forme que nous connaissons tous. Donc je n’ai pas pu conseiller à quelques amis ou parents que ce soit d’y souscrire. Est-ce que j’ai accordé de l’importance à cette affaire ? Pas du tout.

LP : Comment expliquez-vous que depuis 5 ans le Gouvernement ait pu laisser faire une activité qui vraisemblablement ne pouvait avancer. Aujourd’hui, on est à près de 50.000 personnes qui se sont fait gruger par ces hommes d’affaires. Que faut-il faire maintenant ?
CIB : Je ne sais vraiment pas. Je note tout simplement avec le journal Le Patriote, que c’est effectivement depuis 2012 que cette affaire existe, et qu’il n’y a jamais eu d’incidents de paiement. Je sais aussi qu’en octobre 2016, le promoteur de cette affaire avait décidé de suspendre toute nouvelle souscription jusqu’à ce qu’il puisse rembourser les retours sur investissement promis à tous les souscripteurs. Je sais qu’avant la suspension de ses activités par le Gouvernement, il n’y avait pas eu de plainte venant d’un souscripteur. Maintenant, si vous me demandez si c’est une bonne affaire ou pas, je n’ai pas à en juger. Seuls les ministres du Budget et de l’Economie peuvent nous dire si cela est une bonne affaire ou pas. Mais, j’ai cru voir une interview accordée par le ministre de l’Economie à un journal de la place où il disait que dans le monde aucune affaire ne peut rapporter autant d’argent en si peu de temps. C’est contre toute logique économique. Je suis d’accord avec lui. Mais, il y a des questions. Cette affaire a commencé en 2012 par la création d’une société dont les statuts ont été déposés au greffe du tribunal ; l’existence de la société a été déclarée à la CNPS et aux impôts. Elle a travaillé en partenariat avec toutes les banques de la place. Les souscripteurs faisaient les versements dans les différentes banques de la place, percevaient leur retour sur investissement dans ces banques, etc. Il se dit même que le promoteur a été décoré ou primé. En tout état de cause, nous avons tous vu des panneaux publicitaires dans la ville faisant la promotion de cette affaire. A la télévision également, nous avons vu des publi-reportages. Alors, je considère pour ma part qu’il y a des questions qui demeurent sans réponse. Que les banques soient associées à cette affaire, je ne pas pense que cela ait pu se faire à l’insu de la commission bancaire et de la BCEAO, je ne peux le concevoir. Il y a beaucoup de questions auxquelles l’enquête qui est menée va permettre de répondre. Attendons donc.

LP : Monsieur le ministre, la Côte d’Ivoire connaît un nouveau Premier ministre, un nouveau Gouvernement, un Vice-président. On sait que vous avez été l’un des acteurs de l’ombre de cette nouvelle Constitution qui institue la 3è République. Mais aussi des journalistes interpellés et mis en accusation. Ce qui est interdit par la Constitution en tant que préservation de la liberté d’expression. Est-ce qu’on peut dire que la 3è République est mal partie ?
CIB : Je ne crois pas cela. Les journalistes n’ont pas été, pour ce que je sais, arrêtés, incarcérés pour des opinions émises, des faits relatés. Ils ont plutôt été interpellés pour diffusion d’informations pouvant porter atteinte à la sûreté nationale. C’est-à-dire que les journalistes auraient incité d’autres corps sociaux ou d’autres forces à se mettre en mouvement en faisant croire que les Forces spéciales avaient bénéficié de 17 millions. C’est ce qui est reproché à ces journalistes. Pour le reste, je considère qu’après qu’ils ont été entendus, qu’il leur a été signifié ce qu’il leur est reproché comme infraction et comme entorse aux règles déontologiques de leur propre profession, à savoir que les faits sont sacrés et les commentaires libres, ils devraient être mis en liberté. J’étais de ceux qui plaidaient en faveur de leur libération. On ne peut pas nier la faute, mais il faut savoir la pardonner en espérant qu’il n’ait pas de récidive.

LP : Un autre aspect de l’actualité, c’est votre parti, le RDR. Le Patriote a titré récemment à sa une : « RDR, un géant aux pieds d’argile ! ». Est-ce votre avis au regard du fonctionnement de ce parti ?
CIB : Concernant le RDR, je voudrais que vous mettiez à la Une de votre journal que je plaide coupable pour mes propos politiquement incorrects. Je plaide coupable parce que certainement ce que je vais dire ne vas pas plaire à quelque niveau que ce soit de la hiérarchie. Mon intention n’est pas de plaire ou de déplaire, mais de faire en sorte que la barque dans laquelle nous sommes tous ne chavire pas, et nous avec. Mon intention est de tirer sur la sonnette d’alarme et de faire en sorte que le RDR soit là, seul ou dans le cadre du RHDP, parti unifié ou Alliance. Cela dit, un géant aux pieds d’argile, on peut dire les choses de cette manière, parce que le RDR est effectivement un géant. Nous l’avions comparé en son temps, et ce n’était pas excessif, à l’ANC. Quand on jette un regard rétrospectif sur notre trajectoire depuis 1994 jusqu’à ce qu’on arrive au pouvoir en 2010, on ne pouvait qu’arriver à cette conclusion, à savoir que le RDR peut être comparé à l’ANC. Comme l’ANC, nous avons mené le combat, il a fallu le mener sans concession. Des jeunes n’ont pas vu leur jeunesse passée. Des étudiants ont vu leurs ambitions contrariées et n’ont pu poursuivre leurs études. Des travailleurs ont perdu leurs emplois, mais n’ont pas reculé. Dans l’administration, il y a eu des Amadou Soumahoro qui ont perdu leur poste de sous-directeur du Commerce extérieur, des N’golo Coulibaly qui ont perdu leur poste de directeur de la Caisse autonome d’amortissement, des Amadou Gon Coulibaly qui ont perdu leur poste de DGA du BNETD. Il y a eu beaucoup de gens qui ont subi le martyr, qui ont fait des sacrifices ultimes, c’est-à-dire leur vie. Beaucoup sont morts sans avoir rien vu. Le premier Secrétaire général, Djéni Kobinan, est mort sans avoir rien vu. Malgré tout cela, on n’a pas faibli. On est resté debout. Dans l’adversité nous sommes arrivés au pouvoir.


LP. : Et là, tout semble s’être renversé…
CIB : C’est vrai qu’avant cette arrivée, il y avait quelques signes d’essoufflement qui ont montré que nous commencions à perdre de l’allant. Puisqu’il a fallu treize bonnes années pour que nous fassions notre deuxième congrès ordinaire. Le premier ayant eu lieu en juillet 1995. C’est en février 2008 que nous avions fait le deuxième congrès ordinaire. Entre les deux, il y a eu deux congrès extraordinaires. L’un pour élire la Grande chancelière Henriette Dagri Diabaté, en qualité de Secrétaire générale suite au décès de Djéni Kobinan. L’autre, le 1er août 1999 pour modifier les statuts du parti en y prévoyant le poste de président, et élire le président Alassane Ouattara à la suite de sa démission du poste de DGA du FMI. Mais ces treize ans n’ont pas fait que du bien au parti. Bien au contraire, cela a failli avoir raison du parti. Puisque nous ne faisions que du rafistolage. Le congrès, c’est le lieu par essence et par excellence où se prennent les décisions par ceux qui ont la réalité du pouvoir dans le parti, c’est-à-dire les militants. Parce que ce sont eux qui font de nous, chacun où nous nous trouvons, ce que nous sommes. Il n’y a pas de Cissé Bacongo tant qu’il n’y a pas de militants qui considèrent que ce qu’il fait ou dit va dans le sens de l’intérêt du parti. Je vous donne l’exemple de cette leçon que j’ai faite à un frère et ami, Jean Jacques Bechio. Quant à la faveur du forum pour la réconciliation nationale, nous avions eu le débat sur la venue ou non du président pour participer à ce forum, et que celui-ci a décidé de venir, Bechio s’est arc-bouté. Je lui ai dit que le président est le président du parti. A moins de considérer que le parti soit sans tête. Mais si tu considères qu’il y a un président, et que c’est en lui que nous nous reconnaissons, on se soumet à ses décisions avant d’aviser en temps opportun et on avance. Il n’a pas voulu. Je lui ai dit qu’il est JJ dans le parti parce qu’on considère simplement qu’il est dans la ligne du combat. « Le jour où ce ne sera plus le cas, ceux qui t’appellent JJ (Jean Jacques), vont te lapider ». Et c’est ce qui lui est arrivé. Mais malheureusement, de 1995 à 2008, les choses ont commencé à aller dans tous les sens. Beaucoup de cadres, et non des moindres, du parti se sont battus pour que ce congrès ait lieu en 2008 en prélude aux élections de 2010. Ce congrès a donné naissance à des statuts, qui contiennent des dispositions. Il a abouti à des résolutions. Malheureusement nul ne sait aujourd’hui où sont ses textes. Conséquemment, on ne sait pas sur la base de quels statuts aujourd’hui notre parti est organisé et fonctionne. On ne sait pas si c’est sur la base de ceux de 1995 modifiés en 1998 et 1999 ou bien ceux issus du congrès de 2008 que le parti fonctionne. Si le parti fonctionnait sur la base des statuts de 2008, on aurait eu des vice-présidents à la tête du parti, et non un Secrétaire général par intérim. Car les textes de 2008 prévoient la création de postes de vice-président pour justement parer à l’éventualité de l’accession de notre président à la magistrature suprême. C’était cela l’objectif faire en sorte que si le président accède au pouvoir, l’un des vice-présidents devienne président par intérim du parti. Aujourd’hui en fait, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous. En lieu et place des statuts, ce sont les desideratas de chaque responsable aux différents niveaux de la pyramide qui servent de fondement à tout ce qui se fait sur le terrain. Comment peut-on dire que dans le cadre de l’actualisation des structures, à savoir les sections, on peut faire des sections avec trois comités de base alors que les statuts disent qu’il en faut dix. On se pose des questions. Les secrétaires de sections doivent être élus, mais il y a beaucoup qui sont nommés sur l’ensemble du territoire national. Chacun s’adonne à cœur joie aux nominations. Il semble même que quand des Secrétaires départementaux se sentent contestés, ils se créent une petite cour avec des secrétaires de sections nommés, qui ont la même légitimité que ceux qui ont été élus.

LP : On peut vous rétorquez que critiquer, c’est bien beau. Mais qu’est-ce que vous proposez pour que cette machine reparte de l’avant ?
CIB : Je critique, mais en même temps, je confesse ma part de responsabilité, à savoir que face à une telle situation de chaos, j’aurais dû parler, et même écrire. Je n’ai pas parlé, encore moins écrit pour tirer sur la sonnette d’alarme, pour dire qu’on va droit dans le mur. Il y a comme une loi de l’omerta dans ce parti. On a l’impression que les gens avancent encagoulés, dans le silence, qu’ils sont prêts à bondir sur le premier qui bouge pour le bousiller. J’ai tout simplement espérer que la raison allait prévaloir, car je suis dans un parti, et il faut faire preuve d’un minimum de discipline. Moi je boycotte les réunions du Bureau Politique, parce que, je le dis haut et fort, je ne reconnais pas cette instance dans sa composition qui intègre les prestations d’artistes, les vendeurs d’arachides, de pois sucrés et les vendeurs de cigarettes. Quand on dit qu’on vient faire un meeting, on va en salle ouverte ou dédiée à cet effet. Mais quand on parle de Bureau Politique, dans tous les partis au monde, cette instance a un sens. Pourquoi au RDR, on veut réinventer la roue ? Quand on dit les choses de cette manière, on vous traite de communiste. Avez-vous vu un seul parti politique, petit soit-il, faire un bureau politique où il y a des vendeurs de cigarettes ou d’arachide ? Au Pdci, on sait comment les choses se passent. On sait exactement l’ordre du jour avant d’aller au bureau politique. Chacun vient en connaissance de cause. Vous venez pour défendre votre avis avec des arguments. Au Fpi, du moins au temps de l’époque triomphante du Fpi, on connaissait le nombre de membres du bureau politique. Quand vous n’êtes pas concerné par ses réunions, vous ne pouvez même pas passer à un kilomètre, parce que vous serez considéré comme un espion. Mais au RDR, les vendeuses d’arachide, de cigarettes et bien d’autres viennent là-bas. On appelle cela « Bureau Politique élargi ». Un géant aux pieds d’argile oui. Parce que le RDR est un grand parti. Les militants sont là partout. Ils fulminent. Ils bouillonnent.

LP : Etes-vous vous sûr que les militants sont encore là au regard des résultats des dernières élections ? Ne sent-on pas une désaffection totale ?
CIB : Les militants sont bel et bien là. Le fait qu’ils ne partent pas à des élections traduit tout simplement un mécontentement par rapport à tout ce qui les environne. Ce qui fait qu’ils ne reconnaissent plus leur parti. Le jour où ils sentiront que le parti fonctionne comme il l’a toujours fait, que les décisions prises par le parti vont dans le sens de leurs intérêts, que les résolutions sont appliquées, les Statuts et le Règlement intérieur sont respectés par tous, etc. ils vont tous se remettre debout.

LP : Monsieur le ministre, est-ce que le Président vous a donné toutes les cartes pour diriger le parti puisqu’il a des contingences politiques ?
CIB : Il faut savoir que la Constitution de la 3è République autorise le Président de la République à être Président d’un parti politique. Les anciennes dispositions étaient hypocrites et participaient d’une véritable escroquerie politique. Un chef d’Etat, porté au pouvoir par un parti politique dont il est président, parti politique qui soutient sa politique pendant qu’il est au pouvoir ; ne devrait plus parler à ce parti ou être à sa tête. Je ne comprends pas bien cette logique qui nous a été imposée par le Fpi au moyen de la propagande. Le Fpi continuait de se réunir sous la présidence de Laurent Gbagbo, soit au Petit Palais, soit à sa Résidence. Affi N’guessan n’étant qu’un Président par procuration. La Constitution a remis les choses en ordre. Le Président a sans doute dit qu’il est à son dernier mandat, mais cela ne veut pas dire qu’il ne peut plus diriger son parti politique. Si le congrès se réunit et qu’il lui renouvelle sa confiance, il va être le président du parti.

LP : Est-ce à dire que le RDR ne peut pas vivre sans la personne de Ouattara, si celui-ci doit revenir prendre le parti pour que les choses avancent ?
CIB : Je n’ai pas dit les choses de cette manière. J’ai dit que si le congrès se tient et qu’il renouvèle sa confiance au président Ouattara pour être le président du parti, cela peut se faire sans aucun souci. Mais tout cela appartient aux militantes et aux militants, qui peuvent décider dans un sens ou dans un autre. Encore faut-il que ce congrès ait lieu. C’est ce qu’il faut pour remettre le parti en ordre, pour qu’il soit un parti fort. Le congrès va permettre de laver le linge sale en famille de sorte que toutes les récriminations que les militants ont vis-à-vis de nous soient corrigées. Nous nous faisons peur pour rien. Il y a des militants qui travaillent, qui ont un salaire, mais demandent simplement que celui qui est devenu ministre grâce au parti reste un ami. Ils ne viendront pas demander au congrès qu’on paie tous les militants. Mais qu’on garde les rapports amicaux. Ils sont des êtres raisonnables. Ils savent qu’il est impossible de retrouver chaque militant où il se trouve pour lui donner quelque chose. Quand on a donné du travail à Pierre et que cela peut réagir sur Paul, c’est suffisant.

LP : Mais à quand le congrès ?
CIB : Il faut attendre que la décision soit d’abord prise. En tout cas, moi je pense qu’il faut un congrès. Je n’ai aucun mérite à dire ce que je dis. Puisque de toute façon, cela est partagé et inspiré depuis le sommet du parti. Il s’agit de voir les conditions et modalités d’organisation de ce congrès. Les plus hautes autorités du parti se donnent peut-être le temps de fixer le thème, le lieu, etc. Parce qu’il y a beaucoup de choses qu’ils ont à gérer de sorte que le congrès soit un grand moment de réflexion, de débats contradictoires, mais aussi de grandes retrouvailles car cela fait un bout de temps qu’on ne s’est pas retrouvé.

LP : C’est curieux qu’on soit parti aux élections en RHDP et qu’à l’Assemblée nationale on forme deux groupes parlementaires. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
CIB : Il faudra peut-être qu’on continue de chercher à savoir pourquoi nous n’avons pas fait un groupe parlementaire. Nous sommes partis à ces élections en RHDP. Au sortir de celles-ci, tous les biens pensants s’attendaient à ce qu’il y ait un seul groupe parlementaire. Hélas, nous nous retrouvons avec deux groupes parlementaires. Est-ce le signe annonciateur d’un réveil en sursaut pour constater le deuil du parti unifié ? Ou alors il y a-t-il une autre logique, qui est en cours ? En tout état de cause, pour ma part, le RHDP parti unifié, c’est un mariage. Comme jusqu’à preuve de contraire on ne se marie pas à soi, c’est un mariage à deux au moins. Il faut envisager l’éventualité que le mariage n’ait pas lieu. Et que même s’il a lieu qu’il puisse déboucher très rapidement sur un divorce. Envisager cette éventualité, c’est œuvrer à faire en sorte que la mariée ou le marié que nous sommes ou serons soit très beau ou très belle, soit fort ou forte. Donc, il s’agit de faire en sorte que le RDR s’organise, batte le rappel de ses troupes et soit un parti fort, que le jour du mariage, s’il a lieu, nous nous présentions sains et forts dans nos habits et s’il n’a pas lieu, que nous continuons à chercher une autre âme sœur. Parce que c’est ce qui va se passer. En 2020, aucun parti ne pourra gagner les élections seul. Il faut un RDR fort qui attire à lui d’autres partis, d’autres leaders d’opinion et d’autres ressources humaines. C’est ce que j’ai toujours dit. Oui au parti unifié, mais faisons en sorte d’être très fort dans ce parti.



LP : Il se dit que Cissé Bacongo veut briguer la direction du RDR. Pas forcément la présidence, mais le secrétariat. Qu’est-ce qui fait courir Bacongo ?
CIB : Je n’avais pas encore entendu cela. Il y a certainement meilleur profil que CISSE Bacongo pour être Secrétaire Général du RDR. En tout cas, je ne cours pas, je marche plutôt et de plus en plus lentement, parce que je profite du temps pour lire, écrire et réfléchir. Je précise que c’est vous qui m’avez contacté pour cette interview et non le contraire. Quand on écrit et quand on lit, on n’a pas le temps de courir. On est obligé d’être attentif à tout. Je ne cours pas du tout. J’ai tout simplement décidé d’être celui que je n’aurai jamais cessé d’être, c’est-à-dire un militant en même temps un observateur très actif de la vie politique. J’avais perdu cette valeur de dire les choses quand il le faut et de la manière la plus honnête aussi.
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