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Région Publié le lundi 17 avril 2017 | Le Dominical

Le voyage de la vie

L’immigration clandestine est un fléau qui, aujourd’hui, ternit l’image de la Côte d’Ivoire tant les chiffres de ceux qui embarquent pour l’Europe via l’Italie sont ahurissants. Plusieurs raisons sont évoquées soit pour justifier cette pratique soit pour la condamner soit pour dédouaner l’Etat ivoirien. A mon humble avis, le seul motif valable qui pousse des centaines de jeunes gens à défier les hautes vagues de la mer, le vent chaud du Sahara et les aléas climatiques est la recherche d’un mieux être sur les plans politiques, économiques, sanitaires, culturels, humanitaires, etc. Le jeune ivoirien qui part, dépouillé de tout, en Europe n’est pas un aventurier au même titre qu’un français qui se rend au Pôle nord. Le petit français part satisfaire sa curiosité et son envie de découvrir. L’ivoirien part dans l’espoir d’« avoir à manger » pour lui-même et pour tous les siens. Car en Côte d’Ivoire, il est un « vivant-mort », c’est-à-dire sans emploi malgré son diplôme ou sa qualification, sans aucun bien et revenu ; il se sent dans la peau d’un parasite qui vit au détriment des autres. S’il reste ici, il est condamné à vivre à l’ombre de ceux qui le dépannent de temps en temps. Malgré son grand âge, il appelle tout le monde « tonton » ou « tantie ». Même ceux qu’il a vus naître parce que capable de lui tendre un billet de 500 Francs. Ne dit-on pas que « la main qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne ? » Ce n’est pas de l’humilité. C’est le signe de la « misérabilité ». Celui-là est un éternel humilié dont l’honneur est sans cesse bafoué. Ici, il n’a pas d’avenir. Ce jeune homme, lorsqu’il prend la décision de partir, va à la recherche de la « terre promise », de la vie, de la dignité. Pour lui, mourir en mer, n’est nullement une perte. Sur la terre de ses ancêtres, il a le souffle de vie mais il ne vit pas. Il n’existe pas. Son voyage dans le ventre de la mer est comme un cadavre dans un corbillard. Il ne sait pas ce que c’est que le risque. Il ne connait pas la peur. Franchir la frontière italienne, est pour lui une résurrection. Le premier pas vers le bonheur, vers le salut, vers la vie, vers le sourire qu’il n’a jamais connu. Alors il part dans le silence et surtout dans l’espoir d’un lendemain meilleur. Que mère nature écoute la prière de ses enfants qui fuient la misère. Ne sommes-nous pas capables de leur offrir, ici même, ce dont ils ont besoin ? Un emploi stable et bien rémunéré ? Un pays sans violence militaire ? Des hôpitaux et centres de santé bien équipés avec un personnel motivé et professionnel ? Une éducation scolaire et universitaire sans grèves et débarrassée des machettes et autres gourdins ? Ma conviction est que si nous offrons à notre peuple tout ce qui lui garantie le respect et la dignité de la personne humaine, il restera chez lui.

Par Benoît QUOISSY
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