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Politique Publié le samedi 10 janvier 2009 | Le Nouveau Réveil

Francis Wodié (Président du PIT) jeudi dernier à l’émission “Face à la Nation” de la RTI : “L’accord politique de Ouagadougou a échoué”

Le président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT) le Pr. Francis Wodié était le jeudi dernier sur les antennes de la première chaîne de la télévision ivoirienne au cours de l`émission " Face à la nation " animée par Brou Aka Pascal. Le président du PIT, au cours des débats, n`a pas manqué de lancer des flèches au FPI. Il passe en revue l`actualité socio politique en Côte d`Ivoire et en Afrique, revient sur les accords de Ouagadougou, les élections en Côte d`Ivoire, le financement des partis politiques, l`initiative PPTE, l`emploi des jeunes… Nous vous livrons ici de larges extraits des différents thèmes abordés lors de ce débat.

Les élections et le PIT

Nous pensons que cette concertation devrait nous permettre de régler les problèmes majeurs qui peuvent faire difficulté lors de l`organisation des élections. Je dis quelque part que ces élections-ci sont destinées à ramener la paix. Nous sommes en situation anormale, ces élections ne seront pas des élections normales en quelque sorte. Election-compétition où chaque parti veut gagner pour son propre compte. Il doit s`agir d`élection consensuelle selon moi, avec à la limite des candidatures consensuelles, de manière à dégager tous les nuages. Et si on avait été assez sages, comme on n`arrive pas à gérer les problèmes qui se posent maintenant, peut être même un candidat consensuel ferait l`affaire. La concertation peut tenir lieu d`élection dans un premier temps. Parce qu`il est clair pour nous que même si les élections ont lieu, il faudra une autre transition. Une autre transition pour achever de normaliser la situation. Pour ramener la confiance entre les Ivoiriens. Nous voudrions même, si nous gagnons, avoir un programme minimal consensuel que nous nous engagerions à appliquer dans le cadre d`un gouvernement d`union national, en quelque sorte. Parce qu`il faut rassembler, il faut amener tout le monde à participer à la reconstruction du pays, à la consolidation de la paix. Donc ce n`est pas une affaire pour dire moi je suis le plus fort, c`est moi qui ai gagné. Non ! Faisons en sorte que ce soit la Côte d`Ivoire qui gagne. S`il fallait élire les candidats pour la qualité des programmes, s`il fallait élire des candidats pour leur qualité intrinsèque, je pense que nous sérions élu. Mais nous savons comment les gens se désignent ici. Il y a des partis qui inscrivent la tricherie dans leur stratégie d`élection. En 1995, nous étions dans la position du candidat examinateur. Et puis quand on est un peu intelligent, on peut tricher et se donner 15/20. Quand on se donne 35/20, c`est qu`il y a un problème quelque part. En 2000, nous étions en situation militaire difficile et certains se sont permis de tricher. On a vu les résultats, on a vu les conséquences. Nous pensons que les Ivoiriens ont compris bien de ces choses-là. Les Ivoiriens vont se déterminer en conséquence. Laissons-les décider. Si nous voulons trouver parmi les candidats, et les programmes en présence ce que le PIT considère étant conforme à l`intérieur du pays, nous sérions prêt à nous retirer. Mais nous ne pouvons pas abandonner le PIT et le pays à ceux que nous pensons qu`ils ne peuvent pas diriger le pays comme il se doit. Nous allons continuer l`expérience. Aujourd`hui, les conditions sont différentes, nous pensons que les risques de déchirure sont amoindris. Atta Mills s`est présenté trois fois, il a gagné à la 3ème fois. Est-ce qu`il y a encore une gauche dans ce pays ? Si on doit s`ancrer à la gauche c`est que nous le sommes nous-même pour s`ancrer à d`autres partis de gauche. Alors on verra. Ce qui nous importe dans un premier temps, ce sont moins les élections. Il faut que la paix arrive dans ce pays. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Aujourd`hui, beaucoup sont en campagne. Ils circulent à travers le pays, ils vont faire ceci, ils vont faire cela. Nous voudrions qu`on mette un peu d`ordre. Nous, nous sommes en pré-campagne. Parce qu`entant que parti politique, nous ne pouvons pas regarder les autres aller en campagne sans nous mettre en mouvement. Mais, s`il ne s`en tenait qu`à nous, nous aurions dit, le problème le plus urgent, le problème majeur, c`est de créer les conditions de la paix en Côte d`Ivoire. Quelle Côte d`Ivoire allez-vous diriger si elle est en guerre ? Si la Côte d`Ivoire est dans ce désordre dans lequel elle est aujourd`hui ? Donc, mettons un peu d`ordre pour avoir un pays organisé, un pays respectable pour aller à des élections et choisir pour ce pays, des dirigeants qui pourront corriger ce pays. C`est ce que les Ivoiriens attendent.

De l`alliance avec un autre parti

Nous sommes un parti politique et tout parti politique aspire à conquérir le pouvoir d`Etat. Pour nous, le pouvoir n`est pas une lutte, c`est un moyen. Ensuite, nous avons l`expérience. En 1990, sur la base d`un accord entre les quatre (4) partis politiques, nous avons décidé de ne pas aller aux élections. Nous ne sommes pas allés aux élections présidentielles. Cela a causé un tort immense au PIT. Nous avons compris que dans la mentalité des Ivoiriens qu`un parti politique qui ne va pas aux élections n`existe pas. Donc nous allons aux élections pour ces deux raisons-là.

(…) Nous revenons de Marcoussis avec comme un gendarme de l`extérieur. Nous nous sommes dit, il est bon de s`approprier l`application de l`accord de Marcoussis. En mettant sur pied un comité national de suivi. Ce comité devrait être constitué des partis signataires de l`accord de Marcoussis. Donc la décision a été prise de faire en sorte qu`un comité soit créé regroupant les dix formations qui ont signé l`accord de Marcoussis. Le FPI n`est pas venu. Nous étions neuf (9). Ensuite, il y a eu des défaits, nous étions huit (8) et ensuite nous sommes devenus 7. Le G7 et le PIT est parti. Et par la suite on verra le RHDP qui est formé de 4 partis politiques. Nous disons que les blocs ont leur raison d`être. Il ne nous appartient pas de juger. Mais nous constatons que les blocs sont opposés l`un à l`autre. Et chaque bloc veut assurer sa propre victoire, au besoin, en détruisant l`autre. Nous estimons qu`une telle situation est préjudiciable à la concorde nationale et à la paix. Et le PIT voudrait être la troisième voie. C`est-à-dire le pont par lequel on traverse une rive pour aller à l`autre rive. La pente qu`il faut pour accueillir tous les Ivoiriens. De manière à éviter les antagonismes et les affrontements probables. Dans le contexte ici en particulier, il faut que les partis politiques et les forces politiques aient un comportement de rassembleur. Nous en plaisantons un peu pour dire que les blocs bloquent la démocratie. Le PIT s`interdit d`appartenir à quelque bloc que ce soit. Du moment où la situation nationale l`exige, le PIT prend sur lui de faire le tour des blocs et des partis politiques pour que nous puissions nous parler. Et tout récemment, lorsque la tension est montée d`un cran, c`est moi qui ai écrit à tous les partis politiques PDCI, RDR, FPI, etc. à la société civile et aux opérateurs économiques pour leur parler de nuage qui s`annonçait à l`horizon. Pour leur dire que nous avons le devoir de faire en sorte qu`il n`y ait pas d`autres affrontements. Nous faisons le tour pour expliquer la situation, espérer la faire comprendre et obtenir qu`on sorte de la violence verbale qui menace d`être une violence physique voire militaire.

Le refus de s`allier à des blocs

C`est cette politique que le PIT ne veut pas faire. Si le refus de nous allier à des blocs ne permet pas au PIT de réaliser ce qu`il considère comme conforme à l`intérêt du pays, le PIT ne s`alliera à aucun bloc. Parce que nous voulons tout le monde sur notre voie qui consiste à faire en sorte que les préoccupations majeures des Ivoiriens soient prises en charge. Pour agir en toute responsabilité. Si nous n`avons pas le pouvoir aujourd`hui, nous l`aurons demain. Mais demain nous aurons le pouvoir pour l`utiliser aux fins du développement du pays, aux fins de la satisfaction des besoins majeurs des Ivoiriens. Ça sera peut-être sans moi. Mais le pays ne s`arrête pas à moi. Beaucoup de personnes pensent que si elles n`ont pas le pouvoir aujourd`hui il faut que le pays meure. Mais le pays doit vivre. Nous sommes de passage. Il faut préparer demain. Et s`il faut s`éliminer pour laisser la porte ouverte sur l`avenir partagé des Ivoiriens, on n`hésitera pas à le faire. Si nous pouvons trouver parmi les partis en compétition en présence, ce que le PIT considère comme conforme à l`intérêt du pays, nous sérions prêt à nous retirer pour soutenir cette politique. Mais quant nous regardons, ni dans les programmes, ni dans la pratique des partis en présence, nous ne pouvons trouver satisfaction. Nous ne pensons pas trouver avec ceux-là réaliser le programme du PIT. En conséquence, le PIT a le devoir de tout mettre en œuvre pour faire avancer la Côte d`Ivoire.

Ce qui oppose le PIT au FPI

Vous savez, l`histoire des rapports entre le PIT et le FPI est une longue histoire. J`en parlerai amplement et de manière précise à l`occasion de la campagne électorale. Parce que nous avons des choses à dire. Des choses à dire au FPI et à ses dirigeants. Je lance un défi aux dirigeants du FPI, à Gbagbo Laurent pour dire qu`à l`occasion de la campagne, il y ait un débat entre lui et moi. Que nous parlions des rapports entre le FPI et le PIT. Pour que nous puissions parler ensemble de la Côte d`Ivoire. Je parle de nous deux et pas d`autres formations politiques. Nous avons des rapports particuliers. Nous étions de la même famille politique, nous étions bien liés et puis l`histoire nous a pratiquement séparés. Nous en parlerons plus tard. Je n`aime pas trop parler des autres quand ils sont absents. Le régime actuel a installé le désordre, il faut mettre de l`ordre.

L`accord politique de Ouaga

Je ne lui reproche rien. Et je dois vous dire que nous avons été peut-être le premier parti à nous être déplacé pour aller à Bouaké, rencontrer Soro Guillaume au lendemain de la conclusion de l`accord de Ouagadougou pour dire que c`est une occasion nouvelle qui s`offre au pays. Et nous espérons que par cette voie, nous pourrons effectivement sortir de cette crise qui a trop duré. Et j`ai échangé avec Soro, il m`a confié ses doutes, je lui ai dit ce que j`en pense et j`ai appuyé l`idée qu`il peut être le Premier ministre de la Côte d`Ivoire. L`accord a été conclu, il contient des dispositions, des engagements ont été pris, un chronogramme a été établi et ceux qui l`ont signé avaient l`obligation de le respecter en réglant tous les problèmes qui sont des obstacles à l`organisation des élections. Dès lors que les engagements n`ont pas été tenus, et que nous restons dans la crise, je ne peux pas applaudir. Parce que notre volonté, c`est de faire en sorte pour que le pays sorte de la crise. Lorsqu`un accord ne nous permet pas de sortir de la crise, on reconnaît et ses acquis et ses faiblesses. Si on écoute les autres alors, on reste et on va en dérision. Voici ce qui existait et ce qui doit être fait qui n`a pas été fait. En ce moment, on se place en situation d`améliorer et de changer les choses. Et aujourd`hui nous pensons qu`il y a bien des choses à changer. Je ne veux pas être pessimiste à l`excès mais je ne peux pas être non plus relativement optimiste. L`accord a permis d`avoir des acquis. Mais des problèmes majeurs ne sont toujours pas réglés. Et le fait d`avoir eu droit en l`espace de moins de deux années à quatre accords complémentaires signifie qu`il y a des problèmes ou bien l`accord a été mal écrit ou bien il a été mal compris, il a été mal appliqué ou il n`est pas adopté. Qu`on essaye en toute bonne foi, de tirer les conséquences et les enseignements pour voir qu`est-ce que nous devons faire pour que les choses avancent mieux. Il y a eu une pose d`arme tout récemment sur le désarmement. L`accord a été conclu en mars 2007 et puis en novembre 2008 surgi ce problème de désarmement on dit sans désarmement pas d`élection. L`accord prescrivait le désarmement. Il fallait désarmer, on n`a pas réussi à désarmer. Il fallait réussir à désarmer. Il fallait voir l`administration sur l`ensemble du territoire. Où en est-on aujourd`hui ? Que les tribunaux soient partout parce qu`ils n`y sont pas, on a des problèmes pour le recensement et l`identification. Alors bien de problèmes se posent. On aurait pu prendre des dispositions. Mais je suis quand même perplexe lorsque je lis l`accord, le 15 janvier 2009, on doit avoir redéployé l`administration sur le territoire national. Le 15 janvier 2009 nous devons avoir réalisé l`unicité des caisses. Et le 15 janvier 2009, on doit pouvoir réaliser un certain nombre d`opérations. Nous sommes le 08 janvier 2009. Nous sommes à deux semaines. Je croise les doigts et je prie pour que nous puissions réaliser effectivement ce que nous avons décidé. Mon souhait, c`est qu`on y parvienne. On verra. L`accord de Ouaga a-t-il échoué ? Nous pensons d`abord oui. En ce sens que l`accord a prévu des dispositions destinées à régler des problèmes majeurs qui sont des obstacles à l`organisation des élections. L`accord a fixé un pas de réalisation de ces problèmes. Nous n`avons pas tenu le délai. Je vous rappelle que les accords complémentaires, 2 et 3, ont indiqué que l`élection aura lieu avant la fin du premier semestre 2008. C`était donc le 29 juin 2008. Pas d`élection. Reportée le 30 novembre 2008. Pas d`élection. Reporté à point d`interrogation aujourd`hui. Quand un accord est soumis à plusieurs révisions, il interroge. De même qu`un véhicule est soumis à des révisions successives démontre qu`il n`est pas en bon état. Il faut le reconnaître, si on provoque l`accident, c`est de cela que nous voulons voir les Ivoiriens parler. Il faut que tenant compte de cela voir quelles dispositions il importe. Nous avons dit au PIT, à l`occasion de la convention nationale, que nous accordons un sursis de 4 mois au gouvernement. Nous n`avons pas réussi à régler les problèmes. L`accord 4 de Ouagadougou a pris des dispositions précises dans leur temps précis. Ça sera un bon test de la volonté de la capacité à réaliser les objectifs pour que nous parvenions à des élections régulières. (…)

Identification

On nous a dit que l`opération est gratuite. L`Etat doit prendre en charge l`achat des timbres. Ce n`est pas ce qui va ruiner l`Etat. Ceux à qui on doit remettre ces timbres se sentiront redevables à l`égard de ceux qui leur ont offert les timbres. Ils vont être obligés à voter pour ces personnes ou pour ces partis. On ne vote pas en tant que militant. On vote en tant que citoyen, en toute liberté et en toute confiance, c`est la raison pour laquelle le vote est secret. Si vous demandez aux gens de dire leur vote, vous brisez leur confiance. Je ne sais pas ce que c`est. Toutefois je sais que des partis organisent des opérations de part et d`autre. A quelle fin ? Je ne sais pas. Ce genre d`opération est nuisible a priori. Parce que la commodité des opérations d`identification n`appartient pas à tel ou tel autre parti politique. Elle appartient à une structure officielle. Laissons-lui le soin d`organiser les choses pour des élections transparentes et crédibles. Qu`aucun parti n`interfère. Que l`Etat prenne donc des dispositions conséquentes. Si c`est nécessaire à l`établissement des pièces nécessaires à l`identification, la CEI, par exemple, pourrait acheter les timbres pour les populations. Ce n`est pas quand même un sacrifice trop lourd pour l`Etat. De manière à écarter les partis plus ou moins mal intentionnés. Organisation des élections
Il y a quelque temps, certains partis politiques ont proposé que les Nations Unies prennent en charge l`organisation des élections. Nous au PIT, sommes opposés à cela. Parce que les élections sont une affaire de souveraineté nationale. C`est la raison pour laquelle je ne décolère pas contre ceux qui avancent le problème d`argent pour ne pas faire avancer le processus. Parce que l`argent va ailleurs. Il faut le ramener là où il doit être en Côte d`Ivoire. Lorsque j`ai rencontré le représentant spécial du Secrétaire général, il nous a dit clairement qu`ailleurs, les Nations Unies ont organisé les élections, donc elles ont pris en charge tout le processus. En Côte d`Ivoire, ce sont les Ivoiriens qui veulent organiser les élections. Les Nations Unies ne font qu`accompagner. C`est en cela qu`à tous les niveaux des opérations, c`est nous qui devons intervenir. Et ce qu`apporte la communauté internationale ne peut être qu`un appoint. On ne doit pas inverser les choses. On s`étonne donc d`entendre des responsables ivoiriens dire qu`il faut que la communauté internationale prenne ses responsabilités. Mais de quelle responsabilité s`agit-il ? C`est à nous les Ivoiriens de prendre nos responsabilités et toutes les dispositions nécessaires à l`organisation des élections comme la condition ou le moyen de sortir de la crise actuelle. Et s`il y a un peu de bonne volonté et de bonne foi, on doit pouvoir le réaliser.

La bonne gouvernance

"Nous ne savons le budget de souveraineté du chef de l`Etat. Nous nous sommes obligés de nous fier aux rumeurs. Les rumeurs sont dévastatrices. Il faut que l`Etat donne les informations. Il en va aussi pour la gestion du pétrole. Nous avons, dans une conférence de presse, exigé qu`on nous donne les informations sur le nombre de barils. Sur ce qui est exporté, ce qui est consommé, les recettes recueillies. Lorsqu`on va à Ouagadougou pour les accords, il n`y a pas d`information. C`est par la presse que nous apprenons des choses. C`est un mode de gestion de l`Etat qui doit changer. Il faut que l`Etat donne les informations. Nous avons dit que pour lutter contre le chômage des jeunes et des femmes, nous devons consacrer une partie des fonds de souveraineté à créer les emplois pour les jeunes. Avec ces fonds on pourrait créer 7000 emplois avec 75.000 de rémunération mensuelle. (…) Il faut que les fonds de souveraineté ne soient plus comme une sorte de propriété privée.

Lutte contre la pauvreté

Lorsque j`étais député, la première proposition de loi que j`ai déposé, c`était la proposition de la loi portant séparation de l`Etat et des partis politiques. L`Etat, c`est une structure au service de tous et pas d`un individu, ou d`un parti politique. Mais les choses sont t-elles que lorsqu`on est au gouvernement (je le dis parce que j`y étais), on subit de très fortes pressions de la part des militants et des autres partis politiques qui agissent ainsi. Nous ne pourrons pas abandonner nos militants. Mais nous faisons des efforts. Lorsque j`étais ministre de l`Enseignement supérieur, il y avait 6 grandes directions. Je n`ai réservé 4 au PIT et 2 au non PIT. Pour dire que nous ne voulions pas rendre prisonnier l`Etat à travers le ministère. Mais tous ces problèmes-là, nous pouvons les régler à travers différents contextes. Parce que dans un climat de concurrence, les choses sont difficiles à régler. C`est en assainissant tous le milieu que nous pouvons appliquer les principes politiques adéquats, les règles morales pour l`ensemble. En appliquant le principe de la séparation, je ne peux pas comprendre et accepter que de hauts dirigeants de haute administration puissent être des directeurs de campagne. Il faut que nous fassions attention à toutes ces choses. Même les ministres à la limite ne devraient pas être des directeurs de campagne. Mais ce sont des situations difficiles. (…) En règle générale, un pays, aspire à être moins pauvre ou à être riche. Nous aspirons à être pauvre aujourd`hui. C`est dommage. Mais cela dit, si nous étions élu à ce régime, nous bénéficierons de quelques moyens supplémentaires. On parle de 400 milliards, que nous pourrions consacrer à développer le pays. En utilisant judicieusement ces fonds et en prenant l`engagement de ne pas nous endetter à la légère. De nous endetter par stricte mesure nécessaire au développement du pays. Et dans la mesure compatible avec nos moyens de remboursement. Regard sur l`actualité en Afrique
(…) quand je regarde l`Afrique, je ne suis pas toujours fier. Mais bien sûr, il ne faut pas toujours globaliser. Il y a des individus, des pays qu`il faut féliciter. C`est le cas du Ghana par exemple. C`est un exemple de rigueur, un exemple de politique tournée vers les populations et une volonté de faire en sorte que l`alternance se réaliser démocratiquement et pacifiquement. A côté de cela, il y a ceux qui obéissent au bon vieux temps, pensent, pour accéder au pouvoir. Sur le principe, nous condamnons. (…) cela dit, il faut également indiquer que ceux qui gouvernent les pays doivent faire en sorte que les militaires ni aucun groupe n`aient de prétexte à vouloir prendre le pouvoir. Il ne faut pas vouloir s`éterniser au pouvoir. Il faut respecter et appliquer les règles. Parce que là où on manipule les règles, on expose le pays à la force et à la violence. Or, dans bien de débats africains, la tendance est à la manipulation de la Constitution pour rester au pouvoir à vie. C`est relativement grave pour la vie d`un pays.

Les mouvements sociaux en Côte d`Ivoire

Au niveau du constat, les choses sont évidentes. La situation est extrêmement difficile pour les travailleurs que pour tous les Ivoiriens d`ailleurs. Aujourd`hui, il y a d`énormes problèmes pour l`ensemble des Ivoiriens. Appauvrissement qui s`aggrave et se généralise. Tout à l`heure, on parlait de 48%. Et nous disons qu`il y a des points qui ont près de 80% dans certaines régions, ce qui explique la pauvreté et cette affaire est extrêmement grave, intenable et insupportable. Il faut que nous en sortions. Et vous avez constaté qu`il y a eu des grèves, des perturbations, qui sont justifiées dans l`ensemble parce que les travailleurs présentent leurs préoccupations, leurs doléances. On en discute parfois et on prend certaines dispositions qui ne sont pas par la suite mises en œuvre. On fait des promesses qu`on ne tient pas. Et comme les travailleurs voient leur pouvoir d`achat réduit, ils se battent pour faire remonter leur niveau de vie. Et le PIT, chaque fois par des déclarations, par des contacts, a soutenu la lutte des travailleurs pour l`amélioration de leurs conditions de vie et de leurs conditions de travail et disons ces problèmes sont réels, au lieu de les régler au coup par coup, au lieu d`attendre qu`il y ait le feu pour chercher à l`éteindre. Pourquoi ne pas voir en face les problèmes réels qui se posent ? Pour prendre les devants, anticiper et rechercher les solutions, les hommes sont animés de bonne foi. Si les travailleurs se rendent compte de la volonté réelle du pouvoir public de prendre en charge les problèmes, ils ne sont pas fous. Et si le pouvoir tient ses engagements, la confiance va revenir et on pourra éviter tous ces soubresauts que l`on constate. Et on pourra peut-être avoir un peu de calme pour aller facilement vers la paix. Mais si on banalise les problèmes, si on ne veut pas les régler, s`il y a des faux-fuyants, on risque d`avoir une implosion sociale. C`est certain, mais ce sont des problèmes qui existent en nous-mêmes et qui sont également liés à la crise parce que la crise a une dimension politique, une dimension sociale également. Il faut bien que les travailleurs vivent. Il faut bien que les Ivoiriens vivent. Et les travailleurs ont le sentiment qu`alors la crise appauvrit un plus grand nombre, il y a quelques-uns, une minorité qui s`enrichit, parfois scandaleusement, et insolemment. On dira alors qu`il y a de l`argent dans ce pays. Pourquoi devons-nous tout seuls supporter les affres de la guerre en faisant la guerre. Donc il faut lutter contre la corruption. Au PIT, nous disons dans notre manifeste dès l`origine que les détournements de deniers publics sont un crime et sont punis comme tels. Les criminels qui détournent les fonds qui devraient servir à développer le pays, à nourrir les Ivoiriens, à leur acheter des médicaments. Alors la campagne de lutte contre la corruption est une bonne chose en soi parce que la moralisation est également un objectif majeur pour le PIT. Lorsque j`étais député pour le compte du PIT, j`ai déposé à l`Assemblée nationale une proposition de loi contre la corruption et l`enrichissement illicite ; malheureusement le projet n`a pas été soumis à l`Assemblée nationale. Donc c`est une préoccupation qui habite le PIT depuis sa naissance. Mais il faut la conduire avec intelligence, avec efficacité. Et on arrête des gens ici pour lutter contre la corruption est-ce la bonne solution ? Parce qu`il faut prendre des dispositions pour prévenir la mauvaise gestion pour régresser la mauvaise gestion. Pour qu`en fait, les gens comprennent qu`il ne faut pas détourner les derniers publics qui sont les deniers de l`Etat, de la collectivité à des fins personnelles. Et que s`ils le faisaient, ils seraient punis. C`est ce sentiment d`impunité que combat le PIT.

Déclaration des biens de chaque élu

Je suis venu avec la constitution du PIT. Nous disons très clairement, que les candidats à l`élection présidentielle doivent déclarer leurs biens. Lorsque le président est élu il déclare ses biens également. Il y a un contrôle qui va s`exercer auprès des ministères. Les ministres déclarent leurs biens. Les chefs d`autorités administratives déclarent leurs biens. Et en fin d`exercice, il y a une évaluation qui est faite. Et si une autorité est soupçonnée de corruption ou de détournement, cela peut faire l`objet d`une enquête. Que la justice établisse le bien fondé et qu`on prenne en conséquence les sanctions appropriées. Il y a également un travail d`éducation et de moralisation interne à entreprendre. C`est-à-dire, il faut que sur 1000 Ivoiriens, nous sachions en tant que fonctionnaires ou agents, que nous sommes au service, non d`un individu, non d`un parti politique, mais au service de toute la Côte d`Ivoire. Pour nous au PIT, en toute chose, c`est la prévention qui doit prévaloir. Il faut chercher à prévenir en éduquant. C`est le travail énorme que nous devons faire. Le service civique, le service moral. Pour nous, il faut concilier la politique et la morale.

Financement des partis politiques

Nous parlons de choses sérieuses, il faut en parler sérieusement. Parce que ceux qui profitent des fonds de financement des partis politiques on les connaît. Le PIT, je peux en parler, à quelque 100 millions que nous n`avons pas perçu cette année d`ailleurs. J`ai demandé au secrétaire national chargé des Finances d`avoir des explications. Je ne sais pas si les autres formations politiques ont reçu avec le ministre des Finances. On annonce les 800 millions pour les autres partis politiques. La différence est énorme. Nous au PIT, nous aurions fait un système un peu inverse. Favoriser la montée des partis moyens qui jouent un rôle qualitatif dans le pays. Est-ce que le financement est justifié ? Il faut voir les montants et diffuser les montants fixés dans le cadre de la démocratie. Il faut même financer les dépenses électorales, il faut les contrôler également (…) Si nous renoncions, à qui ces fonds iraient-ils ? Quel usage en ferait-on ? Nous ne renonçons pas ! C`est un droit. Trop souvent en Côte d`Ivoire, on a le sentiment que ce que l`on reçoit est une faveur de la part du chef. C`est-à-dire qu`on voit les Ivoiriens défiler à la présidence à Mama pour aller voir le chef pour régler ces problèmes-là ? Et puis le chef, grand dispensateur donne des communes, des sous-préfectures, des départements, etc. Il faut un plan d`aménagement du territoire. Il faut une organisation d`Etat, de manière qu`on prenne une disposition précise. Les communes et les conseils généraux ont de grandes difficultés à fonctionner aujourd`hui faute d`argent. On a créé. Comment va-t-on les faire fonctionner ? Je pense qu`il faut gérer le pays avec rigueur, en étant détaché des préoccupations électorales et faire en sorte que ce qui est décidé se réalise effectivement. Si on ne le fait pas, qu`on se garde de créer. Ce n`est pas en période de crise qu`il faut régler les problèmes majeurs avant de se projeter loin dans le passé.

L`emploi des jeunes

Il est injuste que des responsables de partis politiques nommés à des postes favorisent leurs militants en leur octroyant des emplois. Cela est regrettable. Parce que lorsque j`étais député, toutes les propositions de lois que j`ai déposées, portaient séparation de l`Etat et des partis politiques. Donc l`Etat n`est pas au service d`un parti politique. Mais les choses sont telles que lorsqu`on est au gouvernement, je le dis parce que j`y étais un peu, on subit de très fortes pressions de la part des militants. Nous ne pouvons pas abandonner nos militants. Nous faisons quand même des efforts. Quand j`étais ministre de l`Enseignement supérieur, j`avais six (06) grandes directions. J`en ai réservé 4 au PIT et 2 aux non PIT. C`est dire que nous ne voulions pas préserver l`étable avec le ministère. Parce que dans un climat de concurrents, les choses sont difficiles à régler. C`est en assainissant tout le milieu que nous saurons appliquer les principes politiques adéquats, les règles morales pour l`ensemble. Parce que si un homme honnête vit dans un milieu corrompu, il finit par être corrompu. Alors, luttons ensemble contre la corruption, luttons ensemble pour assainir et moraliser l`Etat chez nous. En appliquant le principe de la séparation. Je ne peux pas comprendre et accepter que des chefs d`administration puissent être des directeurs de campagne. Il faut que nous fassions attention à ces choses. Même des ministres à la limite, ne devraient pas être des directeurs de campagne selon moi. Personne n`est magicien. Nous n`avons pas de solutions miracles. Nous voudrions voir les Ivoiriens en parler ensemble. En parlant ensemble, nous avons des chances.

Initiative pays pauvres très endettés (PPTE)

J`ai un peu de tristesse, parce qu`en règle général, un état aspire à être riche. On aspire à être pauvre aujourd`hui. C`est dommage ! Cela dit, si nous étions élu à ce régime, nous bénéficierons de moyens supplémentaires, on parle de quelque 400 milliards, que nous pourrons consacrer à développer le pays en utilisant judicieusement ces fonds et en prenant l`engagement de ne pas nous endetter à la légère. Nous devons nous endetter dans la stricte nécessité de développement et dans la mesure compatible avec nos moyens de remboursement. Il faut qu`on tire les leçons. Parce qu`il n`est pas bon pour un pays de vouloir être dans cette position. Il faut que nous aspirions à nous élever (…) En 1993, nous avons été invité à être membre du gouvernement. Nous avons refusé. Nous sommes entré au gouvernement en 1998. Depuis 2000, nous sommes entré au gouvernement avec le FPI dans le cadre de l`accord de Marcoussis. La corruption faisait des traces ici et là. Bien sûr, lorsqu`on est un peu piraté par sa culture et par sa formation on résiste, mais les autres sont très vulnérables. Donc il nous faut lutter efficacement contre la corruption. Que ce soit au niveau de l`administration, au niveau des citoyens. C`est un impératif majeur. Parce que la corruption gangrène l`économie et retient des moyens à l`économie.

A propos des promesses faites par le pouvoir pour 2009

Nous demandons d`abord aux autorités de tenir leurs engagements. Faire en sorte que les promesses se réalisent. Parce que pour un gouvernement, promettre et ne pas réaliser n`est pas concevable. Et quand les gouvernés et les administrés n`ont pas confiance en leur gouvernement et en l`Etat, c`est une catastrophe. Il faut donc que le gouvernement fasse des efforts dans ce sens. S`il y avait des difficultés majeures, il faut que le gouvernement en informe les intéressés les premiers et les populations. Nous sommes des êtres intelligents et responsables. Et si on se rend compte que le gouvernement est de bonne foi, il y a bien de choses qu`on peut accepter et régler. Mais de voir que, ce double jeu et ce faux-fuyant, ne nous met pas en confiance. Donc les travailleurs ont exigé ce à quoi ils ont droit. Et pour éviter les affrontements, il faut régler les problèmes qui se posent, il ne serait-ce que progressivement, dans un ordre de priorité pour ramener la confiance. Partage du pouvoir en Afrique
Quand je regarde l`Afrique, je ne suis pas toujours fier. Bien sûr il ne faut pas globaliser. Il y a des Etats, des individus et des pays cités et qui font de bonnes choses. C`est le cas du Ghana par exemple. Les élections, exemple de rigueur, de politique tournée vers les populations et une volonté de faire en sorte que l`alternance se réaliser démocratiquement et pacifiquement. Il y a ceux qui obéissant au bon vieux temps pensent pouvoir se servir des armes pour accéder au pouvoir. Sur le principe nous condamnons certaines positions. Et la constitution du PIT dit clairement que les coups d`Etat, les rébellions sont des crimes contre le peuple de Côte d`Ivoire. Cela dit, il faut également indiquer à ceux qui gouvernent le pays, qu`ils doivent faire en sorte que les militaires et aucun groupe n`aient de prétexte à vouloir prendre le pouvoir. Il ne faut pas vouloir prendre le pouvoir. Il ne faut pas vouloir s`éterniser au pouvoir. Il faut respecter et appliquer les règles. Quand on ne respecte pas les règles, quand on manipule les règles, on expose le pays à la force et à la violence. Or, dans bien des Etats Africains, c`est dans la manipulation de la Constitution pour rendre le pouvoir viager, rester, reste au pouvoir à vie et pour toute la vie. C`est relativement grave pour la vie d`un pays de retoucher la Constitution. Nous voulons appeler à faire en sorte que les élections soient faites dans l`ordre, le respect des principes et des règles pour éviter des coups d`Etat. J`ai animé une émission récemment sur une chaîne francophone aux Etats-Unis où j`ai été interrogé par quelques Ivoiriens. J`ai dit que j`ai eu tort d`entrer en politique. Et que l`intellectuel, l`homme de rigueur et l`homme respectable se cache derrière l`homme politique. J`ai dit que j`ai servi ce pays plusieurs années en tant que professeur de Droit. J`estime avoir le devoir de le servir au plan politique. Parce que nous voulons faire une autre politique. Donc je suis un intellectuel froid, ce qu`on me dit. Mais je pense que je ne suis pas plus froid que d`autres. Je suis froid parce que la gestion de l`Etat exige la froideur. On est ce qu`on a été et on sera ce qu`on est. On voit cela un peu aujourd`hui. Tel qu`on est, tel on sera. Il faut que celui qui aspire à gouverner le pays soit un homme sérieux, respectable.

Conclusion

Je voudrais vous remercier de l`occasion qui est offerte au président du PIT de s`exprimer, de présenter aux Ivoiriens les préoccupations du PIT et la volonté du PIT de faire en sorte que la Côte d`Ivoire tout entière sorte de la situation de cette crise. Le PIT appelle tous les Ivoiriens au rassemblement. Et là, je cherche le regard de Gbagbo Laurent et de Soro pour les regarder tout droit, pour leur dire que nous avons le devoir face à cette crise grave de nous rencontrer pour chercher et trouver ensemble, les solutions appropriées pour la Côte d`Ivoire. Le plus tôt sera le mieux. Bonne année à tous.

Entretien retranscrit sur la 1ère Chaîne par
Jean Prisca, POY, Békanty, Dieusmonde et serge Amany
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