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Société Publié le jeudi 5 mars 2009 | Nord-Sud

Escroquerie sur Internet : Un reportage scandaleux mettant en cause des Ivoiriens diffusé en France

La cybercriminalité prend des proportions alarmantes en France et ailleurs dans le monde. Un reportage réalisé par la chaîne M6 et diffusé récemment laisse entendre qu`Abidjan serait une des plaques tournantes du fléau en Afrique. Les Ivoiriens de l`Hexagone en sont indignés et scandalisés.

Les Ivoiriens, des as de l`escroquerie sur l`Internet ? Le reportage diffusé sur la chaîne française M6 mercredi 25 février à 20H40 a suscité émoi et indignation au sein de la diaspora ivoirienne dans l`Hexagone. Partout, on continue de faire des commentaires sur ces faits qui écornent davantage l`image de la Côte d`Ivoire. Présenté par Aïda Touihri, dans le cadre de l`émission «66 minutes», le sujet d`une trentaine de minutes, intitulé «Internet : les as de l`escroquerie» a été rediffusé quatre jours plus tard. En toile de fond, des Ivoiriens (mais aussi des ressortissants d`Afrique de l`Ouest) qui se livrent avec une dextérité déconcertante à de l`escroquerie à distance, sur des Européens et principalement des ressortissants français. Pour enquêter sur la question, des journalistes de la chaîne M6 (la troisième en terme d`audience après TF1 et France 2) se sont rendus à Abidjan courant janvier. Sur place, ceux-ci n`éprouvent aucune difficulté à obtenir des témoignages de faussaires, preuves à l`appui. En fait, les reporters français n`ont fait que remonter la piste des mails reçus par des victimes établies en France et qui mène directement à Abidjan. La stratégie des faussaires est toute simple : contacter par courrier électronique des personnes d`une crédulité excessive et leur soutirer de l`argent. L`astuce consiste en fait, à inventer des histoires invraisemblables sur fond d`argent, de gros sous parfois.
Au palmarès des trouvailles : l`argent d`un héritage bloqué dans une banque, des gains faramineux d`une loterie à retirer, des règlements d`achats effectués sur le net, une demande d`aide d`une personne (fictive) rencontrée sur la toile, pour ne citer que ces quelques exemples.
Quelques victimes françaises ont expliqué par le menu comment ils se sont fait rouler dans la farine. On distingue surtout des hommes et des femmes qui ont été arnaqués après s`être entichés d`une personne virtuelle. Or, dans la majorité des cas, les photos brandies sur le net de jolies filles ou de mecs mignons ne sont pas ceux des correspondants. Généralement, après avoir été mis en confiance, la victime se voit réclamer de l`aide pour des raisons diverses.
Dans le reportage en question, Christine, une Française de 45 ans, divorcée et comptable de formation croyait avoir trouvé via le web, l`amour de sa vie : un Américain aux allures de George Clooney. En réalité, c`est un vil escroc habitué des cybercafés qui s`abritait derrière le personnage. Christine se verra au fil de cette relation virtuelle soutirer d`importantes sommes d`argent, avant de s`apercevoir de la supercherie. Tous les documents qui lui étaient présentés étaient si bien confectionnés (papiers à en tête, cachet, signature) que n`importe qui se ferait prendre dans le panneau à condition d`avoir pris un minimum de précautions.
Histoires invraisemblables sur fond d`argent

Autre témoignage : celui d`un Français prénommé Bernard qui s`est vu soutirer près de 400.000 Euros (près de 265 millions de Fcfa) par une « filière nigériane » basée en Côte d`Ivoire. Le scandale avait eu un écho dans la presse française. L`infortuné avait été contacté via un courrier électronique dans lequel « un de ses parents éloignés » l`invitait à retirer un héritage d`un montant colossal et qui se trouvait au frais dans une banque. La victime qui croyait dur comme fer à cette histoire s`endette à son tour pour honorer les frais bancaires et honoraires d`huissier proportionnels au montant à percevoir. Passée l`étape des formalités, point de trace d`argent. Bernard, désillusionné et criblé de dettes, se retrouve en prison. Sa famille monte au créneau et porte plainte.

Selon les chiffres officiels, ce sont près de 4000 plaintes (certainement le tiers des victimes) qui ont été recensées l`année dernière.

Près de 4.000 plaintes en France

A Abidjan, deux des escrocs ont reconnu les faits devant la camera de M6. L`un d`entre eux, qui affirme se prénommer Christian va même pousser l`outrecuidance jusqu`à témoigner à visage découvert. Le jeune, proche de la trentaine et « diplômé d`une Ecole de commerce » indique avoir déjà séjourné en prison pour ses méfaits. Il va démontrer sans pudeur aucune, ses prouesses d`arnaqueur aux journalistes en les entraînant dans un cybercafé pour une mise en situation. Révélant la présence de complices au sein des agences de transfert d`argent, il réussira séance tenante à retirer la somme de 65.500Fcfa destinée à une personne fictive (Mime Caulia, sur le bordereau d`envoi) et expédiée par l`un des journalistes. Une indélicatesse qui laisse pantois ! Dans son témoignage, Christian pour qui l`Internet est du pain bénit, soutient avoir agi avec trois autres amis avec qui il réussissait à faire un gain journalier avoisinant les 2000 Euros (1million 300 mille Fcfa). De l`argent dilapidé dans des achats d`objets futiles ou dans des virées nocturnes régulières.

Que fait la police ivoirienne devant cette pratique qui n`en finit pas de ternir l`image de la Côte d`Ivoire déjà écornée à l`étranger ?

Selon le reportage, une cellule nouvellement créée et en charge de la lutte contre les crimes via l`Internet se démène pour traquer les escrocs. Celle-ci dirigée par le commissaire Bléa est composée d`une dizaine d`éléments. Mais le plus risible dans le récit, c`est de voir ces agents commis à la lutte contre la cybercriminalité démunis d`ordinateurs (un seul et vieil appareil pour l`équipe) et de connexion internet. Sans oublier une formation de pointe pour traquer les faussaires.

Lors d`une descente dans un cybercafé, des adolescents (entre 10 et 15 ans) réussiront à berner les agents en leur faisant croire qu`ils regardaient des sites pornographiques. Il suffisait simplement de cacher des fenêtres ouvertes et de n`en montrer qu`une seule. Un jeu d`enfant.
Des policiers novices en informatique

En France, le phénomène est pris très au sérieux. Mme Michèle Alliot-Marie et ses collaborateurs du ministère de l`Intérieur ont pris le taureau par les cornes en annonçant en début janvier, un plan de lutte approprié. « Le constat est clair, alors même que la délinquance de proximité est en forte baisse (…), le phénomène des escroqueries est lui en pleine recrudescence.

Sur la (même) période de janvier à novembre 2008, les « escroqueries et infractions économiques et financières » ont augmenté de 9,93%, passant de 315.030 à 346.306 faits par rapport à la même période en 2007 », révèle la ministre, lors d`une allocution sur la question.
Elle précise d`ailleurs que « parmi ces escroqueries, certaines sont classiques. Les escrocs jouent de la bonne foi, de la générosité, de la fragilité ou de la naïveté de ceux qu`ils arnaquent.
La mondialisation, la multiplication des échanges économiques ont rendu les transactions plus nombreuses et potentiellement plus risquées.

Les escroqueries exploitent les nouvelles possibilités offertes par Internet.

Les unes reproduisent les escroqueries classiques en se servant des "spam", des sites de vente ou créent de faux sites bancaires. Elles sont ainsi démultipliées.

Une seconde catégorie d`escroquerie sur Internet repose sur l`utilisation frauduleuse des données confidentielles bancaires. Ainsi, des opérations dites de "phishing" visent, par l`envoi de spam, à pousser l`internaute à communiquer ses données bancaires par voie électronique ».
Dans la foulée, un site internet est créé dans l`intention de prévenir les citoyens français et les inviter à dénoncer les mails et sites d`escroquerie (www.internet-signalement.gouv.fr). De nombreux exemples de techniques et autres astuces utilisés pour appâter les naïfs sont explicitées sur le site avec des témoignages non exhaustifs de victimes. Un numéro vert (0811020217) est également mis à la disposition des usagers qui sont sensibilisés au moyen d`un spot publicitaire intitulé « Escroquerie, n`en payez pas le prix ».
A bon entendeur…

Karim Wally, Correspondant permanent à Paris





Escroqué au nom de…la Banque Centrale d`Abidjan

Certes, les images montrées par la chaîne M6 sont de nature à susciter de l`indignation. Mais, la véracité des faits révélés doit encourager les autorités ivoiriennes et les entreprises aussi bien publiques que privées à redoubler de vigilance dans la délivrance des papiers administratifs à destination de l`étranger. Dans une de ses parutions en date du 13 février, le quotidien régional « L`éveil de la Haute Loire » du côté de Clermont Ferrand, mentionnait une arnaque dont a été victime un quinquagénaire de la région. Ce dernier avait souhaité vendre sur l`Internet sa moto. Il a donc été contacté par un acquéreur qui réussira à lui soutirer 200 euros de frais bancaires pour le règlement. Quelques jours plus tard, l`homme reçoit un courrier avec en tête de… la Banque centrale d`Abidjan qui réclame encore 300 euros de frais de change. Cette fois, le vendeur habité par le doute porte l`affaire à la connaissance de ses proches. Il porte plainte par la suite à la police de la région.

Il n`y a donc pas de doute que les faussaires utilisent des documents d`entreprises réellement existantes (ou parfois fictives) pour appâter leurs pigeons.

K. W
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