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Politique Publié le jeudi 26 mars 2009 | Nord-Sud

Djédjé Mady met le régime Fpi en garde : "Si le Rhdp est poussé à bout…"

•Le ministre Anaky Kobena a annoncé le retrait de son parti du gouvernement. Il a par ailleurs demandé au Rhdp d’en faire autant. Quel commentaire pouvez-vous faire de cet appel ?

Anaky a été arrêté dans les conditions que vous savez. Nous avons, au niveau du directoire, suivi comme vous la conférence de presse du président Anaky Kobena Innocent qui est un des présidents des partis composant le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). (…) Il faudrait savoir que la situation que nous analysons est une situation grave. Elle est grave parce qu’elle est liberticide. Nous sommes tous des citoyens, nous pouvons commettre des fautes. Même s’il y a faute, il y a tout de même des procédures. En dehors des flagrants délits, ce qui n’était pas le cas du ministre Anaky, on vous a dit qu’il y avait des procédures à suivre pour pouvoir l’arrêter. Du fait qu’il est membre de l’Assemblée nationale, il est couvert par l’immunité parlementaire s’il n’y a pas de flagrant délit. Et en la matière, l’Assemblée nationale doit siéger en plénière pour lever l’immunité du député et le livrer à la justice, pas à l’armée. Si l’Assemblée nationale n’est pas en session, comme c’est le cas actuellement, c’est le bureau de l’Assemblée nationale qui se réunit et qui lève l’immunité de son membre s’il le juge utile. Cela n’a pas été respecté. (…) On n’est pas dans une situation d’exception et nous ne sommes pas dans un régime militaire. Pour l’heure, nous croyons savoir que la Côte d’Ivoire, malgré la crise, demeure un Etat de droit géré par des accords que nous avons librement signés. Il y a un président, des institutions qui fonctionnent et l’armée à son rôle. N’étant pas dans une situation d’inquisition, nous ne comprenons pas que l’armée prenne les initiatives. Il reste désormais à l’armée à dire que quiconque émettra un avis qui ne plaît pas au pouvoir, nous viendrons le chercher. Il restera à inventer un appareil qui lit dans nos pensées… Nous comprenons parfaitement l’attitude du président Anaky qui est président d’un parti qui est libre, autonome et qui garde toutes ses compétences, même s’il fait partie d’une alliance. Il estime que son parti ne peut plus répondre de quelque chose dans ce gouvernement et qu’il sort de ce gouvernement. Nous en prenons acte. C’est la position de M. Anaky, président du Mfa. Il a demandé aux partis du Rhdp de faire la même chose. Ce qui vous intéresse, c’est de dire ce matin que le Rhdp aussi sort du gouvernement. Ecoutez ! Nous respectons ce qu’a dit le président Anaky et nous le comprenons parfaitement, c’est un de nos présidents, il aura à se concerter avec ses collègues présidents des autres partis du Rhdp sur cette question. Le directoire n’est pas habilité à discuter de la sortie des ministres des autres partis. Nous sommes en coalition, chaque parti garde son indépendance et nous pouvons décider ensemble d’une certaine conduite. Devant les événements, le président Anaky a pris cette décision, ses collègues aviseront et le jour où le directoire aura la position de ses collègues présidents de partis présents au gouvernement, nous vous répondrons sans aucune hésitation. Pour le moment, ne fabriquez pas une autre interprétation comme ce que vous avez déjà fait dans la presse aujourd’hui.


•Anaky avait déclaré sur Onuci FM que les leaders du Rhdp avaient convenu qu’au 30 avril, si l’horizon était toujours sombre par rapport aux élections, le Rhdp changerait d’attitude. Pensez-vous que les élections sont compromises pour cette année 2009 ?

Quand il a été libéré de la DST, il nous a fait l’amitié de passer au siège du directoire pour nous saluer. Il nous a fait la promesse de toucher ses collègues pour se pencher sur l’analyse de la situation socio politique. C’est le 30 avril, nous sommes aujourd’hui le 25 mars. Nous avons du temps devant nous pour nos présidents pour se concerter. Soyez patients.


•Partagez-vous l’avis d’Anaky qui appelle le peuple ivoirien à copier l’exemple malgache afin de chasser le président Gbagbo du pouvoir?

La première chose qu’on se doit, c’est le respect mutuel. C’est la Rti qui a invité quelqu’un sur ses antennes. C’est ce qui provoque le débat aujourd’hui. Mais ce matin, la Rti et les autres médias d’Etat ne sont pas là pour continuer le débat. Je crois que le président Anaky ne s’est pas levé de son propre chef pour aller à la télévision et dire aux Ivoiriens : je suis venu vous demander de descendre dans la rue et de chasser Laurent Gbagbo comme Rajoelina a chassé Ravalomanana. Le respect que nous devons, c’est aussi de penser que si le président Anaky, président d’un parti politique signataire des Accords de Marcoussis, avait l’intention de soulever le peuple, ce n’est pas à la question d’un journaliste qu’il dévoilerait ses plans. En démocratie, c’est le peuple qui est propriétaire du pouvoir. C’est le peuple qui doit prendre ses responsabilités pour se donner un sort. Ce sont les Ivoiriens qui doivent prendre en main leur sort. Les Malgaches ont fait comme ils l’ont fait, mais les Ivoiriens aussi doivent prendre en main leur sort pour sortir de cette crise. C’est l’essentiel qu’il faut retenir du message d’Anaky Kobena. On ne se met pas comme ça dans la rue, à la suite d’une question improvisée d’un journaliste improvisé ou mal intentionné ! Le principe sacré qui dit que dans une démocratie, le pouvoir est entre les mains du peuple, c’est ce principe qu’évoque Anaky en demandant au peuple de Côte d’Ivoire, comme le peuple malgache a pris son sort en main, de prendre aussi son destin en main pour sortir de cette crise. Je mets au défi quiconque de donner la moindre preuve qu’Anaky a pris des contacts avec le peuple pour soulever une rébellion populaire. Anaky est un citoyen libre qui a exprimé son point de vue sur une question que lui a posée un journaliste et qui est un point de vue universel sur les principes de la démocratie. Est-ce par la voie des urnes ou par la voie des rues ? Je ne crois pas qu’Anaky ait précisé une voie sur le plateau de la télévision ; mais ce que je sais de lui et étant un signataire des différents accords, c’est que la Côte d’Ivoire doit sortir de la crise par des voies pacifiques en allant aux urnes où les Ivoiriens doivent prendre leurs responsabilités. Et comme il est connu universellement que chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite, la Côte d’Ivoire sera gouvernée par un gouvernement qu’elle mérite en fonction de sa réaction devant les situations, en fonction du choix fait par ses responsables et par le peuple. On peut partager ce point de vue comme certains peuvent ne pas le partager. Nous au Rhdp, nous souhaitons sortir de la crise par la voie pacifique et démocratique. Personne ne fera le bonheur du peuple sans lui. Même Dieu qu’on dit bon ne nous emmène pas au ciel quand nous refusons et que nous nous complaisons dans le mal. Nous ne voulons plus de sang ; ce que nous voulons, c’est que Gbagbo parte du pouvoir par les urnes. Et Gbagbo va partir parce qu’il va perdre.


•Aujourd’hui, c’est Anaky Kobena qui est arrêté après d’autres provocations. Sans vous inciter à la révolte, à quel moment allez-vous commencer à répondre à ces incessantes provocations ?

Pour le moment, il m’est difficile de vous dire à quel moment nous allons répondre à ces provocations. C’est la politique de l’escargot que nous appliquons et à un moment donné, ce sont les militants, eux-mêmes, qui vont réagir sans que les responsables ne leur fassent appel. (…) La solution violente qu’on veut provoquer rendra encore plus malheureuses nos populations. Au niveau du Rhdp, nous voulons au maximum l’éviter dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de sa population. Ce matin, on ne peut pas vous dire quand la réaction va se faire, mais elle est à même de se faire.


•N’est-ce pas le trop plein de volonté du Rhdp d’aller à la paix qui pousse le régime en place à agir de la sorte en allant jusqu’à arrêter un président de parti ?

C’est possible mais lisez dans les images. Nous pratiquons la politique de l’escargot. Les stratégies, ce n’est pas au cours des conférences de presse qu’on les annonce. Il arrivera un moment où l’escargot, aussi patient soit-il, en rentrant dans sa coquille, aura son mot à dire. Nous ne voulons pas de violence, c’est notre philosophie de base. Mais si on est poussé à bout, la réaction viendra (…)

Jean Roche Kouamé
Coll : KB
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