Anaky prévient le Rhdp : “Nous avons affaire à une armée qui a choisi son camp”

Le directoire du Rhdp a témoigné sa solidarité à Innocent Anaky Kobena, leader du Mfa.

Les membres du directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) sont allés, hier, témoigner leur solidarité au leader du Mouvement des forces d’avenir (Mfa). La rencontre s’est tenue en fin de soirée au siège du Mfa aux II-Plateaux. Et, elle a donné lieu à des échanges entre la délégation conduite par le Pr. Alphonse Djédjé Mady et ses hôtes des Forces d’avenir. Dans ses propos, le chef de file du Mfa, Innocent Anaky Kobena, a tenu à prévenir ses camarades du Rhdp.

«Donc, chers frères et sœurs de l’alliance, on sait déjà à quoi s’en tenir. Les temps à venir ne seront pas faciles. Je peux vous dire qu’à l’approche des élections, le danger va monter. Non seulement nous avons affaire à un adversaire politique mais nous avons affaire aussi à une armée qui, quelque part, a choisi son camp et qui a décidé non seulement de lutter pour ce camp mais de lutter à la place de ce camp», a-t-il prévenu. Il en veut pour preuve la façon dont les autorités militaires ont agi en donnant l’ordre à la Dst de l’interpeller et de le mettre aux arrêts.

«Ne nous faisons pas d’illusion. Remarquez seulement l’audace que cette armée a eue d’aller à la télévision pour dire que c’est elle qui a donné l’ordre. Ils auraient pu bien mijoter leur coup pour ne pas attirer les soupçons. Mais s’ils ont été aussi loin pour annoncer à la télévision que c’est eux qui ont donné l’ordre à la Dst de procéder à cette interpellation, c’est que c’est une armée qui, peut-être quelque part, a déjà le pouvoir, soit elle est partie prenante du pouvoir ou partage le pouvoir», a-t-il ponctué. Il se convainc qu’il faut, au niveau du Rhdp, reprendre la lutte politique là où elle a été laissée pour donner toutes les chances à l’Accord politique de Ouagadougou.
«Nous savons, aujourd’hui, au niveau de notre alliance politique, le Rhdp, qu’est-ce qui vient d’être engagé. Il faut, plus que jamais, retourner aux fondamentaux à savoir reprendre la lutte là où nous avions jugé utile à un moment donné de nous désengager. Repartons à zéro. Nous sommes à un point très important de l’histoire de notre pays et aussi de l’histoire de notre parti. Aujourd’hui, nous savons que nous avons affaire à non seulement un adversaire politique en face de nous mais ce pouvoir est presque partagé avec l’armée qui prend sur elle énormément d’initiatives, qui donne le ton, qui dit ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Nous devons nous dire que plus que jamais il faut reprendre la lutte, nous serrer les coudes et ne rien laisser qui puisse créer la zizanie dans nos rang», a-t-il conclu sur le sujet qui avait trait à son arrestation le vendredi 20 mars à la Dst pour incitation à l’«insurrection» populaire.

Le président du directoire du Rhdp a tenu à préciser les choses dès l’entame de son intervention. «Notre soutien n’est pas de façade», a-t-il dit pour décourager les langues qui ont vite clamé, depuis la conférence de presse du Rhdp mercredi, que les houphouétistes sont déchirés. Il a expliqué que les points qui n’ont pas été tranchés au cours de cette conférence de presse ont été laissés à l’appréciation des présidents des partis qui composent le Rhdp. Il a souhaité, de ce fait, une rencontre dans les jours à venir entre les présidents Bédié, Ouattara, Mabri et Anaky pour donner la conduite à tenir au directoire du Rhdp.

Innocent Anaky Kobena, pour rappel, a été mis aux arrêts le vendredi 20 mars puis relâché le lendemain par la Direction de la surveillance du territoire (Dst). Il était accusé d’appeler à l’«insurrection» sur le plateau de la télévision Première chaîne le mercredi 18 mars.

K. Marras. D