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Politique Publié le jeudi 30 avril 2009 | Notre Voie

Sortie de crise : Désarmement ou élections?

Le Premier ministre ne contrôle plus les éléments Forces Nouvelles. A preuve, il n’est plus question d’unicité des caisses de l’Etat, ni de passation de charges aux autorités préfectorales. Ni encore moins de désarmement. Récemment, le retour de Chérif Ousmane, “l’enfant prodigue”, à Bouaké, a été accompagné de grandes manifestations. Immédiatement après, un “conclave” des délégués a ordonné la démission du Premier ministre. Des Chefs de guerre ont ensuite réclamé la tenue des élections et 36 milliards de FCFA avant que ne soit abordée la question du désarmement de leurs milices. Ils sont quelque peu revenus sur leur “ordre”, après concertation, mais il s’agissait bien d’une action contre Soro Guillaume qui semble vouloir les délester de leurs butins.

Plus loin, on se souvient que, suite à l’Accord politique de Ouagadougou, les points clés que sont la nomination du Premier ministre, la tenue des audiences foraines, la désignation de la SAGEM, la création du CCI ont été exécutés. Mais, que ceux relatifs au regroupement des miliciens des Forces Nouvelles et à leur désarmement ont été remplacés par des festivités symboliques: Flamme de la Paix à Bouaké, voyage du chef de l’Etat au Nord. En résumé, les chefs de guerre et leur leader sont plus arc-boutés à leurs intérêts mercantilistes qu’à l’intérêt national. Le Premier ministre ne contrôle plus ses “commandants”, mais il détient encore une carte maîtresse : il reste pour l’instant leur seul interlocuteur crédible face à la communauté nationale et internationale.
Cette situation inquiète le Front populaire ivoirien et le CNRD qui réclament, à hue et à dia, le désarmement avant les élections. Cette position nous paraît plus idéologique que réaliste. La souffrance des populations doit nous obliger à sacrifier nos positions partisanes et erronées pour privilégier la paix et le retour à l’investissement.

En effet, le redéploiement de l’administration a été effectué alors que les rebelles étaient toujours en armes. L’électricité a été maintenue dans ces zones assiégées, pour le bien-être en eau et en courant des populations, même si elle profitait aussi au fonctionnement des usines “vendues” à des tiers par ces rebelles. De même, les audiences foraines, ainsi que l’enrôlement ont été effectués dans les mêmes conditions. Il en découle que, d’un strict point de vue technique, rien ne s’oppose sérieusement à la tenue des élections aujourd’hui.

Ce qui a été réalisé sous occupation peut valablement être réalisé, maintenant que le CCI se trouve renforcé et devient opérationnel. Bien plus, cela permettra de consolider l’estime de la communauté internationale envers le président de la République, faiseur de paix, et la confortera dans l’opinion qu’elle a eu raison d’accorder, de manière extraordinairement rapide, l’initiative PPTE à la Côte d’Ivoire. En tout état de cause, si le CCI fonctionne de façon adéquate - ce qui peut impliquer son armement -, l’on aura l’impression d’avoir affaire déjà à une armée républicaine en marche et un désarmement négocié qui avance. Quant au désarmement forcé, qui se réalise dans la plupart des cas de ce genre (Sierra Leone, Liberia, Angola...), il signifie sacrifice de vies humaines. Il ne saurait donc intervenir qu’en dernier recours, pour un nombre limité d’acteurs bien ciblés; il ne devra pas entraîner une reprise sérieuse des hostilités et devra aussi s’inscrire dans un cadre légal internationalement bien défini et bien compris.

En cas de victoire du président ivoirien Laurent Gbagbo, les rebelles pourraient refuser les résultats des urnes. Mieux, des élus proches de Soro Guillaume pourraient renforcer, au parlement, la position du RHDP et demander-exiger une révision constitutionnelle aux fins de leur permettre de désigner en leur sein le Premier ministre. Ce sont des risques à courir. Des risques pour atteindre la paix. Le statu quo actuel profite à quelques-uns, mais ni à la paix, ni aux populations. Des risques enfin qui peuvent être largement amoindris, si deux conditions sont respectées : au plan externe, un attachement continu de la communauté internationale à la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Et, au plan interne, une implication réelle et déterminée des cadres du FPI à réussir l’enrôlement de leurs électeurs, et une participation massive aux élections afin de doter le président Laurent Gbagbo d’une majorité présidentielle confortable au Parlement.
Le FPI et le CNRD doivent être réalistes : la population a trop souffert et veut la paix, avec ou sans désarmement complet des rebelles. Le désarmement ne constitue plus aujourd’hui un obstacle aux élections. Mieux, chacun a une tâche à accomplir. celle des militants du FPI et de leurs cadres, c’est l’enrôlement et les élections. Celle du désarmement est l’affaire des signataires de l’APO. Que chacun fasse bien ce qu’il a à faire, sans empiéter sur le terrain de l’autre, et nous nous en sortirons, Inch’Allah !

Michel Gbagbo
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