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Société Publié le vendredi 15 mai 2009 | Le Repère

Grippe “porcine” A (H1N1) : A Abidjan, on s’en fout !

Il y a longtemps, la viande de porc appelée communément "Gabi" était peu prisée par les Ivoiriens. Parce qu'ils assimilaient l'animal aux immondices marquant son environnement et son alimentation. Cependant, la viande de porc se consommait davantage dans les zones rurales. En ville en général, c'est la viande de bœuf qu'on trouve dans les repas des familles. Ainsi, le prix du bovin était à la portée de toutes les couches sociales qui ignoraient même le goût du "Gabi". Mais, aujourd'hui, cette viande est devenue une denrée rare à cause de la forte demande qui influence le prix sur le marché. Les ivoiriens consomment aujourd'hui régulièrement la viande de porc au détriment de la viande de bœuf qui est devenue plus chère. A tel point que l'importation et la vente de cette viande est devenue une activité génératrice de gros revenus. On en trouve sous toutes ses formes. "Nous vendons toutes les parties du porc en pack de 10 kg et plus" avait confié M. Esse Tanoh Serges, responsable commercial à Atlantis à Yopougon Sable. Ce magasin où l'on trouve essentiellement de la viande importée, notamment le porc ne désemplit pas depuis notre arrivée. Les clients se succèdent malgré la pluie diluvienne qui s'abat sur Abidjan. Mais, qu'est-ce qui explique cette affluence quand on sait que la grippe porcine est au cœur de l'actualité ces derniers temps ? Apparemment, les clients ne s'en soucient guère. "J'achète les pattes de porc que je fais fumer pour les revendre au marché" explique cette dame visiblement heureuse de s'approvisionner facilement et abondamment, étant donné que son activité lui rapporte gros. Elle venait de se ravitailler à hauteur de 50 Kg de pattes de porc. Qui correspondent à 5 packs de 10 Kg à raison de 6500f le pack. Soit 32500f le prix d'achat. Se prononçant sur l'épidémie, notre interlocutrice s'est voulue très formelle "Ce n'est pas en mangeant la viande de porc qu'on contracte la maladie. Et quand nous achetons la viande, nous la faisons fumer. Puis nous faisons cuire pour la vendre aux clients. C'est plutôt les éleveurs qui sont concernés parce qu'ils sont avec les porcs" a-t-elle souligné. Cette réponse était sur pratiquement toutes les lèvres des clients. Nous nous rendons à ensuite quelques mètres où se trouve la fameuse "Gabriel gare" réputée pour la vente de la viande de porc. Contrairement aux magasins qui vendent de la viande de porc importée, ce lieu reçoit de la viande en provenance des sites nationaux d'élevage parfois en entier ou en détail. Mme N'guessan Akissi Hortense, vendeuse de viande de porc n'a pas bonne mine. Les chevillards de porcs sont perchés dans l'espoir d'un achat. "Depuis trois jours, je n'ai même pas encore vendu 4 porcs. Avant, je pouvais vendre dix (10) porcs en trois (3) jours. Maintenant, ça ne marche plus" s'inquiète-t-elle. Selon elle, le phénomène de la grippe porcine est venu aggraver une situation déjà difficile, compte tenu de la crise financière générale. Ce qui pousse les clients vers les magasins de viande importée. "Leur affaire de grippe porcine est venue empirer nos souffrances parce que certaines personnes ont peur d'acheter la viande de porc. Et quand ils veulent en acheter, ils vont dans les magasins de viande importée. Pourtant, c'est la viande importée qui peut rendre malade" se plaint-elle. Le kilogramme de viande de porc est variable entre 1700f et 1300f. elle a donc lancé un appel à l'endroit du ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques : "Nous demandons pardon au ministre Alphonse Douati de dire à la télé et à la radio qu'on peut manger la viande de porc" souhaite-t-elle. Les consommateurs, ceux que nous avons rencontrés au marché de Niangon Nord à Yopougon ont manifesté, pour certains, leur indifférence face à cette maladie. "C'est une maladie des Blancs. Nous ne pouvons pas avoir ça parce qu'on ne joue pas avec les animaux. Nous, on prépare notre viande longtemps avant de la manger. Ils ont fait avec la grippe aviaire, maintenant, c'est la grippe porcine. On est fatigué !!" déclare, amer, Mme Komenan Lucie, ménagère. Pour d'autres, la précarité économique les contraint à consommer de la viande malgré les probables risques de transmission de la maladie. "Avec 1000f de pattes de porc, je fais la sauce de ma famille", précise une dame venue acheter de la viande fumée. En rappelant que le prix du kilogramme de la viande de bœuf se situe entre 1500 f et 1800 f. "Combien de personnes vont-elles manger un kilo de viande de bœuf pour une famille nombreuse comme la mienne ?" s'interroge-t-elle. Cependant, quelques personnes préfèrent ne pas tenter le diable en consommant la viande de porc. Tel est le cas de M. N'cho Landry, administrateur à la Fonction Publique, qui a interdit la consommation de cette viande, jusqu'à nouvel ordre, chez lui. "Je préfère ne plus consommer de viande de porc parce qu'actuellement, en une fraction de seconde, ce qui se passe à l'extérieur peut sévir ici" explique-t-il. Le constat est pareil dans les marchés que nous avons visités du côté d'Adjamé, de Port-Bouet et d'Abobo. Les Ivoiriens continuent de consommer de la viande de porc malgré le battage médiatique autour de la grippe porcine qui sévit dans le monde.

Morgan Ekra
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