x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le lundi 25 mai 2009 | Nord-Sud

Adjamé-Renault : Des barrages civils poussent à la gare

De plus en plus de gros bras, qui se réclament des syndicats ou même des sociétés de gardiennage rackettent impunément à Adjamé-Renault depuis plusieurs années. Les usagers s'en plaignent.

Les barrages des « syndicats » de transport poussent partout aux abords des gares d'Abidjan. Le premier, le plus visible, est du côté du Mirador, à l'entrée du « black market » à Adjamé. Ce mercredi matin, trois garçons, vêtus de Jeans coupés et de débardeurs sales, montent la garde. Une barre de fer sert de barrage. Elle est soutenue par de vieux pneus. Ces gros bras la soulèvent et la redescendent à l'approche des véhicules. Le passage est payant. Le conducteur est souvent contraint de négocier pour franchir l'obstacle lorsqu'il n'a pas d'argent. Ce qui n'est pas évident au regard de l'intransigeance de ces « syndicats ». En notre présence, une voiture personnelle, se présente au barrage. L'un des hommes du contrôle se détache du groupe et échange avec le chauffeur. Celui-ci sort en fin de compte une pièce d'argent et la tend au surveillant qui la met dans une besace accrochée à sa ceinture. Le véhicule peut continuer. A sa suite, un car de la compagnie M.T arrive. Il passe sans rien payer. Une autre voiture personnelle puis un mini-car, gbaka s'arrêtent. L'usager paye avant d'avoir accès à la gare, le chauffeur du gbaka se livre à une dispute avec les hommes du barrage. Il ne donnera rien. En observant la scène l'on s'aperçoit que la plupart des véhicules qui sortent de la gare par ce barrage, ne sont pas inquiétés. Ceux-ci se seraient déjà acquittés de leur « taxe ».

Contraste. À quelques mètres de là, des agents du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos). Ils sont plutôt préoccupés par le contrôle des pièces d'identité des passants, alors qu'à moins d'une dizaine de mètres se déroule une véritable opération d'extorsion de fonds par des civils. A 100 mètres, précisément à l'entrée de la gare de la compagnie M.T., se trouve un autre barrage tenu par des civils. Une poignée de jeunes attroupés autour de l'obstacle se chargent de lever la barre de fer lorsqu'un véhicule veut traverser. Tout engin à quatre roues est obligé de s'acquitter de sa taxe avant de passer. Vers la gare de la compagnie « Aïcha ni Morry », un troisième barrage. Les mêmes règles y sont appliquées. « Pour les véhicules personnels, les taxis et les gbakas, les prix varient entre 100 Fcfa et 200 Fcfa. Quant aux gros camions, ils doivent payer 500 Fcfa avant de passer », nous renseigne l'un des opérateurs de ces barrages qui se réclament des syndicats. Les conducteurs confirment cette répartition des tarifs. Ce matin, A.G, un fonctionnaire, qui accompagnait son épouse à la gare M.T, a payé 200 Fcfa à ce check point avant de passer. « Ils sont assez violents, quand vous leur demandez la raison pour laquelle ils vous rackettent. Il vaut mieux s'acquitter de cette somme, faute de quoi, vous pourriez être brutalisés sans que personne ne vienne à votre secours », affirme-t-il. Certains commerçants véhiculés qui travaillent dans ce secteur, n'échappent pas à la loi de ces hommes. « On ne peut plus avoir accès librement à son propre lieu de travail sans payer. Et ça dure depuis plusieurs années au vu et au su des autorités », s'indigne l'un d'eux qui préfère garder l'anonymat. Ils sont, dit-il, à la merci de ce racket. Beaucoup s'interrogent encore sur le but de ces barrages. Difficile de leur soutirer des informations sans être traité de tous les noms. « Ils n'aiment pas qu'on les questionne sur leur présence ici », raconte Abdoulaye à la gare de Danané. « Ils nous ont fait savoir qu'ils sont des gardiens et qu'ils assurent la sécurité de la gare contre d'éventuels voleurs ou même des assaillants », renchérit B.H, un commerçant au black market. Le siège de la Coordination nationale des gares routières (Cngrci) n'est pas loin de là. Touré Adama, le président de cette structure, a constaté ces barrages illégaux depuis longtemps. « Ces barrages existent depuis 3 ans et ça dérange beaucoup. C'est illégal », se plaint-il. Il révèle qu'il reçoit les plaintes de certains commerçants et transporteurs qui dénoncent ces barrages civils. « Ces jeunes, soutient-il, ne sont ni des syndicalistes, ni des gardiens, mais des voyous. « Le seul syndicaliste parmi eux est Djékourabi, installé vers la gare de la compagnie Aïcha ni Morry. Nous lui avons demandé d'arrêter cette pratique qui déshonore la corporation », ajoute-t-il. Pour sa part, le maire d'Adjamé, Sylla Youssouf, a tenté diverses actions pour déloger ces racketteurs sans succès. « S'ils sont là, c'est parce qu'ils ont des attaches avec les policiers », pense le président de la Cngrci. Certainement de solides appuis, et même un partenariat, comme le soutiennent les mauvaises langues, qui les réconfortent dans leur activité.


Raphaël Tanoh
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ