x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Showbizz Publié le mardi 23 juin 2009 | Nord-Sud

Pr Sery Bailly sur le Nouchi (Président du comité scientifique du séminaire sur le nouchi) : “Le nouchi peut devenir le créole”

L’homme de lettres Sery Bailly, président du comité scientifique du séminaire qui vient de se tenir à Grand-Bassam sur le parler populaire « nouchi », explique dans cet entretien les motivations de cette réflexion.


•Comment se sont déroulés les travaux du séminaire sur le nouchi ?

Les travaux se sont déroulés en deux parties. La première partie a été la cérémonie d`ouverture en plénière. La deuxième partie s`est déroulée en ateliers. Elle a porté sur le nouchi dans le monde de la francophonie.


•Quels étaient les objectifs visés ?

Premièrement, c`est un phénomène social qui apparaît dans notre société. Il faut le comprendre c`est-à-dire d`où il vient, de quoi il se constitue. Au besoin, si possible, plancher sur son avenir. Et déterminer quelle attitude doit-on avoir face à ce phénomène social. D`autres peuvent le mépriser. D`autres peuvent estimer que l`avenir appartient au nouchi. D`autres par contre vont trouver qu`il faut être prudent. Dans tous les cas, on ne peut pas mépriser ce phénomène. Il faut le comprendre. Il convient de lui donner la place qu`il a et qui convient dans l`histoire de notre nation. Mais, ce que je regrette, c`est que nous réfléchissons sur le nouchi et il n`y a pas de locuteur vraiment bien formé, bien impliqué dans la langue. A l`avenir si nous faisons une enquête sur l`hypothèse qu`on a émise sur comment les mots sont formés, les phrases sont inventées. Le nouchi évolue. Si vous considérez dans notre société que les jeunes représentent une grande portion. En réfléchissant sur le nouchi, nous sommes en train de réfléchir sur l`avenir de notre société. Le nouchi gagne du terrain, ce sera au détriment du français classique mais qu`est ce que nous devenons dans l`arène internationale. Parce qu`on ne peut pas parler le nouchi à l`Onu. Nous devons chercher à savoir comment il peut nuire. C`est une question d`identité, une question culturelle. Nous formons des ingénieurs, docteurs, de grands mathématiciens. Si nous savons résoudre nos problèmes, le nouchi ne va pas devenir un obstacle à cette ambition, il faut s`interroger là- dessus.


•Que peut-on concrètement tirer de ce parler populaire ?

Des jeunes utilisent le nouchi. Si vous voulez les comprendre, il faut comprendre leur langue. Si nous voulons leur donner des conseils, si nous voulons qu`ils nous écoutent. Il nous faut faire l`effort de se rapprocher d`eux, de comprendre leur langue. Ils auront le sentiment qu`on se soucie d`eux. C`est-à-dire qu`on ne les a pas exclus. Qu`on ne les a pas abandonnés. Du crédit que nous allons avoir, ils seront disposés à nous écouter. Et nous pourrons leur dire attention il y`a une limite à ne pas franchir.


•Le nouchi peut-il devenir comme le créole aux Antilles ?

Oui, le nouchi peut devenir comme le créole. Il y a plusieurs catégories de français qui existent. Le français populaire de l’époque, c`était le français de “Moussa”. Aujourd`hui, il y a le nouchi qui est en train de prendre la place. Il faut l`étudier et savoir quel est son avenir. Qu`est-ce qu`il faut faire pour les aider socialement. Vous comprenez que quelqu`un qui parle seulement le nouchi ne peut pas se présenter au concours de l`Ena, au concours de la police. Mais le nouchi correspond à un besoin de se protéger. Aussi, il faut savoir que nous sommes appelés à être bilingue. A parler le français classique et nos langues nationales en plus les langues internationales. Il y a la jeune Nash, la rappeuse, j`apprends qu`elle étudie l`anglais, qu`elle parle bien sa langue maternelle, le français et qu`elle parle aussi le nouchi. Ça fait 4 langues. Chacun de nous doit être plurilingue.


•Le nouchi ne va-t-il pas créer une rivalité avec la langue française au point de conduire les élèves à la paresse ?

C`est une rivalité qui va être saine. On dit que la rivalité c`est bon mais, il ne faut pas que cela débouche sur la guerre. C`est comme la démocratie, on dit que la rivalité est bonne, il faut l`organiser pour ne pas que cela débouche sur des inconvénients.

Entretien réalisé par Emmanuelle Kanga, Correspondante régionale
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Showbizz

Toutes les vidéos Showbizz à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ