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Politique Publié le mercredi 12 août 2009 | L’expression

Lettre ouverte - Les recommandations d’Anaky Kobena à Jesse Jackson

En arrivant ce jour en Côte d’Ivoire, ayez conscience de ce que tous ses vingt millions d’habitants sont heureux et fiers d’accueillir l’une des figures emblématiques de la longue et dure lutte des Noirs américains pour la reconnaissance de leurs droits civiques et l’abolition de l’odieuse discrimination raciale qui sévissait sur cette terre des Etats-Unis d’Amérique que ses pères fondateurs ont posé comme havre de liberté et de progrès pour l’ensemble de l’humanité.
Votre cause était juste, votre lutte noble, et le Tout Puissant vous a fait la grâce de vous garder en vie pour en savourer l’ultime accomplissement lorsque le 4 novembre 2008, Barack Obama, Afro-Américain, a été élu président des Etats-Unis d’Amérique.
Nous savons que les larmes que vous avez versées, lors de la cérémonie d’investiture le 20 janvier dernier, vous ramenaient loin en arrière, surtout en ce terrible jour du 4 avril 1968, lorsque, le Révérend Martin Luther King, tombait à Memphis, sous les balles de la haine et de l’intolérance, juste à côté de vous.
Vous avez raison de venir soutenir la Côte d’Ivoire, que vous connaissez et aimez de longue date, au moment où elle s’achemine vers la fin de la plus grave crise politique et sociale de sa jeune histoire, et a besoin de l’appui et des conseils de tous ses amis.
Cher Révérend Jackson, nous croyons savoir que vous êtes cette fois-ci l’hôte d’une organisation dénommée Congrès panafricain des jeunes patriotes (Cojep) qui a pour vocation de « lutter contre l’impérialisme et le néocolonialisme ».
Nous ne voudrions en rien faire ombrage à votre séjour et nous ne nous étalerons donc pas sur ce que le nom de son leader, Charles Blé Goudé, évoque ici en Côte d’Ivoire. Retenons simplement qu’en raison des nombreuses entraves qu’il a dressées sur le chemin de la paix, l’Organisation des Nations Unies l’a dans son collimateur et, en attendant d’autres actions judiciaires, le Comité des Sanctions du Conseil de sécurité l’a interdit de voyager et a ordonné le gel de ses avoirs depuis le 7 février 2006.
Nous ne doutons pas que Charles Blé Goudé s’empressera de vous conduire chez son maître et commanditaire, Monsieur Laurent Gbagbo, Chef de l’Etat. Sachez que vous aurez des échanges très civils avec un président arrivé au pouvoir de manière trouble, en rien démocratique, et même « calamiteuse » selon ses propres termes.
Par respect des règles de l’hospitalité, et toujours pour ne pas embrumer votre séjour chez nous, nous dirons juste de lui que c’est un gentleman dont le mandat est arrivé à expiration depuis près de quatre années, et qui aura jugulé toute velléité de contestation et de résistance chez le peuple de Côte d’Ivoire après la froide exécution d’au moins 300 personnes supposées appartenir à l’opposition le 25 mars 2004, sans même que les manifestations qui avaient été projetées aient pu avoir lieu.
Les vingt millions d’Ivoiriens qui se réjouissent de votre visite souhaiteraient vivement qu’une voix aussi forte et autorisée que la vôtre, au plan mondial comme au niveau de l’élite noire américaine et africaine, se fasse l’écho de trois de leurs souhaits les plus ardents :
1. Respect du calendrier électoral avec à la clé, l’organisation d’élections enfin démocratiques, transparentes, ouvertes à tous, sans violence et sans fraude à la date du 29 novembre 2009
2. Allègement des conditions de vie des plus démunis
- Diminuer le prix du riz, denrée la plus consommée en Côte d’Ivoire, pour assurer à toutes les familles au moins un vrai repas par jour. Le peuple ivoirien a faim !
- Diminuer le prix du carburant pour obtenir une baisse générale des prix des produits et services les plus vitaux
- Réhabiliter les routes et voiries
3. Moralisation de la vie publique
- Enrayer le racket et la corruption généralisés et surtout érigés en systèmes pour tous les concours d’entrée à la fonction publique
- Lutter contre le pillage systématique des ressources publiques, les détournements de deniers publics et la gabegie
- Restaurer l’école ivoirienne afin qu’elle joue son rôle de formation de vrais citoyens pour demain. Les résultats aux examens du Baccalauréat et du BEPC récemment publiés constituent une véritable catastrophe nationale !
Le peuple de Côte d’Ivoire est convaincu que vous lui manifesterez votre soutien et votre solidarité en assenant cela clairement et sans équivoque aux deux « grands défenseurs » de la « cause africaine » qui vous reçoivent.
Il vous en sait gré à l’avance.
Bien respectueusement.
Fait à Abidjan, le 11 août 2009

Innocent ANAKY KOBENA
Président du MFA
Candidat à l’élection présidentielle
Email : anakobena@yahoo.fr
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