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Économie Publié le mercredi 19 août 2009 | Nord-Sud

Samaké Salif (Secrétaire général de la Matca) : “Bientôt des taxis chinois à Abidjan”

Les dirigeants intérimaires de la Mutuelle d’assurance des taxis-compteurs d’Abidjan (Matca) sont exaspérés par les crises itératives qui nuisent à l’image de la société. Le secrétaire général explique pourquoi le conseil d’administration a opté pour des élections anticipées.


Huit mois après le décès de l’ancien Pca, Kassoum Coulibaly, la Matca semble retomber dans des crises récurrentes. Aujourd’hui encore certains administrateurs se liguent contre le conseil d’administration intérimaire. Qu’est-ce qui ne va plus dans la maison ?

Assimiler la situation actuelle à une grave crise, c’est aller trop fort. Mais certains administrateurs, depuis quelques temps, ont perdu de vue le contenu de leurs missions. La mission d’un administrateur, ce n’est pas de faire des revendications ou d’être à la base d’une instabilité. C’est bien au contraire penser au développement de l’institution qu’est la Matca. Dès lors qu’on perd de vue cette mission, on devient comme un sociétaire ordinaire, voire à la limite un problème pour l’entreprise. Effectivement au décès du président Kassoum le 6 janvier 2009 et conformément aux dispositions statutaires, M. Bakayoko Sidiki a été nommé à l’unanimité par l’ensemble des administrateurs comme Pca et moi-même en tant que Sg dans les mêmes conditions. Nous devions conduire le mandat à terme jusqu’en 2011. Les choses se sont passées dans les règles de l’art. La maison s’est mise au travail jusqu’à ce qu’on constate des velléités de prise de pouvoir au mépris des dispositions statutaires qui existent. On comprend que chacun pouvait être ambitieux. Mais en même temps, après la disparition de Kassoum, certaines personnes n’ont pas cru que la continuité pouvait être poursuivie. Donc après les élections qui ont vu l’installation du Pca par intérim, ces mêmes administrateurs continuaient à prendre des décisions, à engager des mouvements qui les affaiblissent mais qui nuisent également à l’image de la Matca. Parce que les problèmes qui ont été soulevés ne sont pas des problèmes de fonds. Quand on dit par exemple qu’on a voulu rencontrer le Pca et que ce dernier n’a pas répondu présent. Pour cela on n’est pas d’accord, il y a de quoi s’interroger.


Comment justifiez-vous la présence de ces administrateurs au sein du conseil d’administration de la Matca alors qu’ils sont frappés par une incapacité?

Dans leur quête de recherche de poste et de devenir obligatoirement Pca, ils se sont retrouvés dans le conseil d’administration de la Somat (Société mutuelle d’assurance des transporteurs), une de nos structures qui a fait faillite et est l’objet de retrait d’agrément malheureusement. Sur ce volet, le code Cima (Conférence interafricaines des marchés d’assurances) en son article 329 est clair. Quand un dirigeant d’une société d’assurance fait l’objet d’un retrait d’agrément au moment où il est en plein exercice, il est frappé d’incapacité. Ce qui l’interdit strictement de figurer à nouveau dans un conseil d’administration ou d’être dirigeant dans une autre société d’assurance. Mais il faut préciser que cette incapacité a été établie il y a quelques jours. Puisque le retrait d’agrément vient d’avoir lieu également. Donc quand ils se sont rendus compte que leur ambition sera freinée par cette disposition du code Cima, il fallait anticiper en piétinant les dispositions réglementaires. Cela n’incombe pas au Pca. C’est leur ambition qui les a conduits à la Somat qui a fait faillite. Ils ne peuvent pas par conséquent s’en prendre au Pca de la Matca.


Vous vous référez aux textes. Pourtant les statuts prévoient un poste de vice-président qui n’a jamais été pourvu. Cela n’est-il pas selon vous, une des raisons de ce mouvement de colère?

Il n’est fait nulle part dans les textes obligation au conseil d’administration de nommer un vice-président. C’est un poste prévu qu’on peut ou non pourvoir. Nous attendons qu’on vienne nous opposer une disposition des textes qui nous oblige à le faire. Depuis la présence de Kassoum, on n’a jamais eu de vice-président. C’est peut être à cause du fait que ce poste a créé des problèmes aux débuts de la Matca. A un moment donné, un vice-président pouvait convoquer le conseil d’administration et cela était à l’origine de nombreuses crises. Donc Kassoum a souhaité que le président ait les pleins pouvoirs conformément aux statuts et le Sg assure le secrétariat général. Mais en réalité, les missions du Pca ne sont pas aussi complexes que débordantes pour qu’il puisse être obligé d’avoir un vice-président à ses côtés. Mais il faut reconnaître que l’occupation de poste fait partie des ambitions de ces administrateurs. Pourtant parmi eux, nombreux ne savent ni lire ni écrire. Est-ce que l’absence de ce poste handicape la Matca dans son fonctionnement? Ou bien, il faut pourvoir ce poste pour faire plaisir à quelqu’un ? Une maison d’assurance n’est ni un syndicat encore moins une organisation de transporteurs. C’est une institution qui dépend du ministère de l’Economie et des Finances et qui a besoin d’être gérée selon certaines normes. Mais sous Kassoum Coulibaly, le vrai gestionnaire de la Matca était le Pca actuel. Il ne rendait compte qu’à Kassoum qui essayait d’arrondir les angles avec son expérience.


Pourquoi acceptez-vous d’aller en assemblée pour élire un nouveau Pca malgré ces dissensions internes?

Face aux intentions inavouées de quelques anarchistes que nous avons identifiés, il était normal que nous partions rechercher une nouvelle légitimité. Il ne faut pas oublier que ce conseil a été formé par Kassoum Coulibaly. Il est devenu un panier à crabes. Il faut que les oiseaux de même plumage se retrouvent dans un conseil harmonisé avec une nouvelle légitimité pour gérer la structure. Car si la Matca ferme, les taxis-compteurs vont disparaître.


Quelle est la situation financière actuelle de la mutuelle ?

La Matca se porte de plus en plus bien puisqu’elle vient d’obtenir de ses pairs, le prix de l’assurance qui paie le mieux les sinistres. Nous payons une moyenne de 30 millions de Fcfa par semaine dans le cadre des sinistres. Depuis pratiquement deux ans, la Matca ne doit plus en termes de sinistres. Bien au contraire, ce sont d’autres entreprises qui doivent à la mutuelle. Nous nous trouvons dans une phase de sortie de crise. Où nous sommes en train d’éponger la sous-couverture de 7 milliards de Fcfa qui est aujourd’hui à 700 millions de Fcfa. Mais en réalité, nous sommes à moins de 400 millions de Fcfa. Un de nos actifs qui est la Gmtci (Garantie mutuelle pour le fonctionnement des transporteurs) est pratiquement vidé de sa substance et ne vaut plus rien. Il faut la capitaliser. C’est la Matca qui est actionnaire principal de la Gmtci à hauteur de 74%. Or cet actif de plus de 300 millions de Fcfa est devenu un passif. C’est ce qui nous renvoie à 700 millions de Fcfa. On devait pourvoir effacer cela très rapidement. Il est tout fait normal que nous recherchions toute la sérénité nécessaire pour faire le travail. C’est pourquoi nous avons demandé qu’il y ait une assemblée générale dans les meilleurs délais. La représentativité va faire la différence. Aujourd’hui c’est l’augmentation du Fonds d’établissement (Fe) qui est un défi pour nous. Il faut avoir de l’argent frais pour passer de 300 à 800 millions de Fcfa. Il faut trouver 500 millions de Fcfa avant avril 2010, comme le prévoient les nouvelles dispositions du code Cima.


Où la Matca ira chercher ces fonds ?

Cela n’était pas une grosse préoccupation dans le schéma que nous avions prévu. Car nous avions planifié un certain nombre de choses qui devraient nous permettre de mobiliser ces ressources. Les fonds seront ceux de la Matca car il est interdit de contracter un prêt bancaire pour cela. Mais les crises ne peuvent pas se conjuguer avec les stratégies que nous avions mises en place pour être en phase avec le code Cima. Ce n’est pas une inquiétude mais si la situation continue dans ce registre, ce sera un problème majeur. C’est pourquoi justement nous réclamons une assemblée générale anticipée pour mettre fin au débat, afin que les vrais acteurs du secteur des taxis-compteurs prennent en main les destinés de la Matca.


C’est vrai que la Macta est une assurance. Mais en même temps, le parc automobile (taxis-compteurs) est en forte baisse et le secteur est menacé par les véhicules banalisés. Quel regard portez-vous sur cette situation ?

C’est vrai que la Matca a pour objet d’assurer les taxis-compteurs. Elle ne peut pas traquer les véhicules banalisés. Cependant les mutualistes se sont retrouvés en Groupement d’intérêt économique (Gie Djiguisso) pour toucher du doigt ces problèmes. C’est une plateforme dont l’objectif permettra le renouvellement du parc auto. En tant que Pca du Gie, nous avons conduit une mission en Chine pour négocier directement avec les fabricants. Nous sommes en mesure de vous dire que l’opération est pratiquement arrivée à terme. Dans sa mise en œuvre, on devrait pouvoir voir circuler à Abidjan des taxis-compteurs et même des minicars neufs. Nous sommes en train de rédiger actuellement la convention par rapport aux modalités de fourniture et de paiement de ces véhicules. Cette convention sera signée à Abidjan d’ici la fin du mois avec les partenaires chinois. En ce qui concerne les coûts, toutes les études ont menées pour les rendre plus compétitifs. Les prix des taxis-compteurs ne vont pas excéder 6 millions de Fcfa. Ce renouvellement nous permettra d’avoir 5.000 taxis-compteurs et plus de 2.000 minicars (gbakas). Aujourd’hui on est entre 6.000 et 6.500 véhicules. On atteint souvent des piques de 4.500 taxis. C’est une baisse très significative. Or il y a cinq ans, on était encore à environ 10.000 véhicules.

Cissé Cheick Ely
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