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Showbizz Publié le vendredi 28 août 2009 | Nord-Sud

Portrait - «Ambassadeur Agalawal» : “Mes parents ignorent que c’est moi Agalawal”

Avec un genre propre à lui, l’ «Ambassadeur Agalawal» s’est frayé un chemin dans le monde de l’humour ivoirien. Mais cela n’a pas été facile. De difficulté en difficulté, il s’est distingué comme la révélation humoristique de l’année 2009.

«Calmez-vous ! C’est la même personne. Vous avez l’habitude de me voir en blanc-noir, aujourd’hui, je suis en couleur». C’est comme ça, qu’il se présente, lorsqu’il ne porte pas sa tenue de scène. Lorsqu’il est Kra Kobenan Kouman Ignace (en couleur). Et non l’ «Ambassadeur Agalawal» (en blanc-noir). Ce nom qui l’a révélé au public ivoirien, lui colle à la peau. Sa tenue vestimentaire particulière et son style, alliant gestes et paroles l’ont imposé parmi les humoristes ivoiriens.

Une maladie mystique

Né le 24 décembre 1983, Kra Kobenan Kouman Ignace, alias « Ambassadeur Agalawal », est originaire de la région du Zanzan, précisément de Pinda Boroko, village situé non loin de Bondoukou. Il est svelte avec son 1 mètre 60 et ses 60 kilos. L’aspect sérieux qu’il présente contraste fortement avec le comédien qu’on connaît. Hors scène, on a du mal à reconnaître l’homme. Célibataire sans enfant, il est plutôt « clean ». Il ne fume pas et ne consomme pas d’alcool. Fraîchement titulaire d’une maîtrise en anglais, obtenue à l’université de Cocody, sa vie n’a pas toujours été facile. 3e enfant d’une famille qui en compte cinq, Kra Kobenan Ignace n’a pas connu une enfance heureuse. N’ayant pu jouir d’un amour paternel, il intègre l’école primaire grâce à ses oncles maternels. Mais très tôt, il est frappé par une maladie. « Quand j’étais à l’école primaire, je suis tombé gravement malade. J’ai failli être amputé du pied.
La maladie a commencé par une foulure. Ensuite, le pied s’est enflé. Les médecins ont pensé à un éléphantiasis. Quelques temps après, la partie enflée a laissée place à une plaie qui est devenue chronique. C’est ainsi que, les docteurs ont évoqué l’hypothèse d’un cancer. Et, ils ont demandé qu’on m’ampute de la jambe. Chose que mes parents n’ont pas accepté.
On a eu recours aux mystiques qui ont réussi à me soigner. Aujourd’hui encore, j’ai les séquelles de cette maladie», explique-t-il. Miraculeusement sauvé, c’est le lycée moderne de Grand-Lahou qui l’accueille pour ses études secondaires. Et, il atterrit chez M. Fiény Kouamé Amédée Pierre. « Il est mon protégé depuis la classe de quatrième » confie le tuteur. Là-bas, il aime distraire ses amis. Personne de très bonne humeur, on ne s’ennuie pas en sa compagnie.
C’est ainsi que certaines personnes lui ont découvert des talents. « Un jour, au cours d’une cérémonie en présence d’un ministre, on m’a demandé de jouer en ces termes : Ta plaisanterie que tu as l’habitude de faire, viens t’exprimer publiquement aujourd’hui » rapporte-t-il. Et, c’est à partir de cet instant qu’il a décidé de se lancer dans la comédie.
L’origine de « Agalawal »

Fan de « Gbi de fer », le jeune Kouman Ignace est très vite convaincu par le style de Adama Dahico, à qui il voue presqu’un culte. « Adama Dahico est incontestablement mon idole » précise-t-il. Comme tout artiste, il lui fallait un nom de scène. C’est grâce à un aîné du quartier à Grand-Lahou, que le nom Agalawal, qui est une déformation du nom du footballeur international nigérian Garba Lawal, lui a été donné. « Comme j’aimais bien jouer au foot et que je ne pratiquait pas bien ce sport, on m’avait donné un nom de footballeur professionnel. Un grand frère du quartier avait pris l’habitude, sous forme de moquerie de m’appeler Agalawal, en pensant au joueur nigérian Garba Lawal. Et, le jour de la cérémonie, en présence du ministre, lorsqu’on m’a demandé mon nom d’artiste, c’est lui qui a répondu Agalawal. C’est ainsi que le nom est resté ». Devenu Agalawal, le succès de l’humoriste en herbe au baccalauréat le conduit dans la capitale économique. Non sans difficulté. « J’ai eu de la peine pour lui, quand il a échoué au Bac à sa première année de terminal, alors qu’il était très brillant à l’école » confie son oncle. Arrivé à l’université de Cocody, il opte pour des études en anglais. Durant deux ans, il ne compte pas mélanger ses études et sa passion. « Il m’a fallu un repère au campus. Une base au niveau des études. C’est une fois stabilisé que j’ai décidé de faire ressortir mon talent d’humoriste. Je crois qu’aujourd’hui, mon objectif est atteint au niveau du campus », précise-t-il.
L’aventure abidjanaise est truffée de problèmes. « A mon arrivée à Abidjan, je vivais chez un autre oncle avec qui j’ai eu des histoires. Je suis parti de chez lui. Et ça n’a pas été facile, vu que je devais aller au campus et en même temps faire les photocopies et trouver de l’argent pour vivre ».

Sauver par le Cuac et ‘’Bonjour 2009’’

C’est durant cette période de vache maigre que Kobenan Ignace intègre le Comité universitaire d’action culturelle (Cuac). « C’est grâce au président du Cuac, Bamba Siaka, que j’ai pu obtenir une chambre à la cité Mermoz où je réside actuellement », se souvient-il. Mais, son intégration dans le monde des humoristes n’est pas simple. «Je ne suis allé à aucune école de théâtre. Il m’a fallu faire la courbette auprès des aînés pendant des années. Par amour pour la chose, j’ai accepté les humiliations, jusqu’à ce qu’arrive ‘’Bonjour 2009’’ de la Rti. C’est une phase importante de ma vie car cette émission a permis aux Ivoiriens et au monde entier de me connaître». Pour Claude Tamoh, animateur à Onuci-fm, le sérieux de l’artiste a beaucoup joué dans son intégration dans le milieu du show-biz ivoirien : « Il est de la catégorie des artistes ponctuels, organisés, méthodiques et disciplinés. Peut-être que son statut d’étudiant y est pour beaucoup », affirme-t-il.

Toujours une possibilité

De cette période difficile, Agalawal garde pourtant de bons souvenirs. Il a été très marqué par la caravane de la paix organisée par l’Onuci à laquelle il a été associé. Il aime qu’on ait du respect à son égard et qu’on tienne compte de sa présence. « Il (Agalawal) est très respectueux et tient compte des remarques qu’on lui fait » révèle son voisin de chambre, Ouattara Mamadou. Sa franchise et son génie créateur sont des caractères qui marquent son entourage. « Quand je l’ai vu pour la première fois dans sa tenue de scène, j’étais dépassé. Il sort de l’ordinaire. Et aujourd’hui, il a crée son propre styliste », témoigne l’oncle Fiény. Mais, il déteste qu’on lui manque de respect en public et préfère les personnes qui prennent la peine de lui donner des conseils en « aparté ». Marina, une jeune fille avec qui il partage beaucoup de choses, pense qu’il est très impulsif. Rappelant sa fameuse histoire de « deux cas », il pense que la vie offre toujours des possibilités. Comme cela l’a été dans son cas. C’est une façon à lui d’exprimer la liberté de choisir. A savoir que l’homme peut toujours avoir recours à quelque chose. Il y a toujours une porte de sortie. Mais, comme tout homme, il a aussi des défauts. « Il est beaucoup respectueux, mais, il est très têtu » note M. Fiény. Pour son voisin de chambre, Mamadou, le fait de ne pas avoir la grosse tête n’empêche pas qu’il fasse un peu trop le malin, surtout depuis qu’on le voit sur le petit écran.

Quand les parents ignorent tout

Que pense ses parents, surtout sa mère, de ce qu’il fait ? Rien. «Ma mère n’est pas informée de ce que je fais. Mes parents apprécient l’artiste, ils achètent des CD piratés de moi, mais ne savent pas que c’est moi. Mais, l’apprendre ne leur fera pas de mal. Au contraire, je le pense, ils respecteront mon choix», avoue-t-il.


S.A
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