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Showbizz Publié le samedi 29 août 2009 | Nord-Sud

Ecole de danse : Sur les ruines du Djolem

Après vingt ans d’existence, l’ensemble artistique du Djolem n’a plus de logis. L’école est devenue un lieu d’habitation.

Abobo, 2e arrêt, quartier Marley derrière la Coopec. La ruelle menant à l’ancienne école de danse est parsemée d’eaux usées dans lesquelles baignent des ordures. Pas facile d’atteindre l’école de danse le « Djolem ». Cette dénomination signifie en Sénoufo, « tradition orale » ou encore une certaine forme rythmique de pas de danse. La danse ? C’est l’art que Salif Coulibaly avait voulu promouvoir, depuis 1984 en ce lieu. Mais, les sons des tambours et autres balafons qui faisaient danser les soirs, papillons et insectes de nuit à Abobo, se sont tus à jamais. La devanture de l’école baigne dans une eau qui paresse à avancer. Laissant des traces vertes sur la petite terrasse construite devant « l’Institut ». Le mur de la cour a du mal à se défaire de sa tenue qui lui a permis d’être célèbre. Des inscriptions de cette période de gloire essaient encore de « parler ». Et, le poids de l’âge et surtout de la pluie, semblent les empêcher de « sortir des mots et des phrases cohérentes ». « Djolem… spec…dan… », peut-on lire. Un étroit couloir conduit à l’intérieur du centre. Là, une grande cour s’étend sur environ 200 m2. Un vrai espace de spectacle. Le podium se situe en face du couloir, à une hauteur d’un mètre. La touche d’un artiste peintre, pour le décor ne rime pas avec les vieux matelas qui s’y trouvent. Probablement un dortoir de fortune qui traîne encore ses couchettes, après que ses occupants se soient retirés des mains de Morphée. Ce village, scotché au mur, ne sait plus quel rôle jouer sur l’estrade. Six grands piliers en béton sont pointés vers le ciel comme pour implorer la clémence divine. Des cordes, sur lesquelles balancent des tenues vestimentaires, satisfaites du vent qui les débarrassent de leur poids, traversent de long en large la cour. Des fûts métalliques destinés à conserver de l’eau pour les familles se dressent devant chaque maison. Ces logis, sont à l’origine des studios destinés à recevoir les artistes, des bureaux et le logement du directeur. Des tabourets et des bancs laissés par les occupants trainent ça et là. L’entrée de la scène est fermée par des briques. Notre tentative pour atteindre la seconde sortie échoue. Un mur bloque le passage, offrant un peu plus d’espace aux maisons avoisinantes. Il nous a fallu ressortir et passer par la deuxième entrée pour voir ce qui s’y passe. Ici, aucune trace d’école. Que des dortoirs. L’exigüité du couloir de fortune ne rend pas agréable la balade. Des chaussures trainent par terre et les rideaux voltigent devant les portes. Ahmed, un artiste membre de l’ex-ensemble artistique se souvient : « Nous étions une soixantaine de jeunes à vivre ici. Tous logés, nourris et blanchis. Et cela, à la charge de la direction». Aujourd’hui, les artistes n’y sont plus admis. Le Djolem a été vendu à un artiste, a confié le directeur. Le nouveau propriétaire fera-t-il encore de ce lieu une école de danse ? Pas si sûr.

S.A.
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