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Showbizz Publié le vendredi 4 septembre 2009 | Le Repère

Marie Louise Asseu (artiste comédienne) : “Nous nous sommes trompés de combat sur la piraterie”

Dans cette interview, Marie-Louise Asseu nous parle de son concours de miss, de son film et du combat des artistes contre la piraterie.


Vous êtes l`organisatrice d`un concours de beauté dénommé "Miss tout niveau". D`où vous est venue l`idée d`organiser un tel concours ?

“Miss tout niveau” est venu du fait que j`avais remarqué que dans les autres concours, il y avait une fraude de la population qui n`était pas concernée et qui, par moment, se sentait frustrée par des réactions qu`elle recevait. Mais, le déclic est venu après l`élection de la Miss 2007, N`zi Bernadette. Tellement de choses ont été dites sur cette jeune fille qui se sentait belle et qui comptait pouvoir briguer la plus haute marche de ce concours. Quand elle a été élue, beaucoup de dossiers sur elle ont été mis au grand jour par rapport à son niveau d`étude, son environnement social. Je me suis dit pourquoi ne pas offrir une autre plate-forme où on ne refuserait pas les filles qui n`ont pas fait de longues études et qui sont tout simplement belles.
Ne pensez-vous pas que c`est un concours de trop ? Il y a aujourd`hui de nombreux concours qui sont organisés, Miss district, Miss Knon.
Le nôtre ne peut pas être un concours de trop dans la mesure où après "Miss Côte d`Ivoire", il y a eu le concours choco de ma sœur Patricia Kalou pour les enfants. Après ce concours, c`est le mien, "Miss tout niveau". Peut-être que les autres ont eu plus de moyens pour communiquer sur leur événement. Et puis "Miss tout niveau" ne peut pas être de trop dans la mesure où nous avons notre place. Nous donnons la possibilité à ces jeunes filles qui n`ont pas de doctorat, mais qui sont belles. La beauté est d`abord physique, il faut le constater avant de savoir que quelqu`un a quelque chose dans la tête.
Savez-vous quel niveau d`études j`ai ? Non ! Et pourtant, je peux vous plaire physiquement. Il faut d`abord accepter que la beauté soit physique et ensuite lui donner les atouts de bagage intellectuel. Dieu merci, ce que nous faisons, c`est de permettre à ces jeunes filles de se faire confiance, de briser ce mythe qu`il y a entre l`élite et elles.
Que tu aies été à l`école pour venir après apprendre à faire la culture, que tu n`aies pas du tout été à l`école pour venir apprendre à faire la coiffure, que tu fasses le commerce pour pouvoir vivre, n`enlève rien à la beauté physique d`une femme. Et je me battrai pour qu`on comprenne cela ?
A quand Miss Intelligence ?
"Miss Intelligence", qu`est ce que c`est ? Je pense que ce que nous faisons prend en compte l`aspect intelligence dans la mesure où nous prenons des filles qui intellectuellement ne remplissent pas les conditions académiques, mais sont en intelligence de la vie, qui leur permette de travailler. C`est de l`art de pouvoir transformer ce qu`on fait comme activité. Je pense que ce critère-là, désormais, fait partie de "Miss tout niveau". C`est chez nous qu`on trouve les intelligences.
Les serveuses parce qu`elles n`ont pas de grands niveaux d`études, ne sont pas belles et ne peuvent pas participer aux concours de Miss ! Je suis désolée !
Parlons cinéma. Où en êtes-vous actuellement ?
On n’a pas fini, on ne pourra pas finir de parler de cinéma. Le cinéma est avant nous et il sera après nous. On nous a traité de faiseurs de théâtre filmé. Mais, depuis 2000 où je n`ai pas eu de films à l`affiche, les deux salles de cinéma qui nous restaient sont demeurées en veilleuse, sauf les fils de l`extérieur.
Ça veut dire que nous n`avons pas mal fait, à un moment donné, de nous autoproclamer réalisatrice.
Vous reconnaissez vous êtes autoproclamée réalisatrice. Pourquoi n`êtes-vous pas allée apprendre le métier ?
On a envie d`apprendre. Je ne refuse pas d`apprendre. Mais apprendre sur le terrain, c`est aussi apprendre. J`ai tout appris sur le tas. Tout ce que je fais, que ce soit l`art de la scène, devant l`écran ou derrière l`écran, je l`ai appris sur le tas.
Que faites-vous derrière l`écran ?
Derrière l`écran, c`est quand je me dis qu`il faut que je puisse réaliser à partir de ce que j`ai déjà vu.
Pensez-vous que le cinéma ivoirien a évolué depuis les années 2000 ?
Je n`ai pas à le juger. Moi, je dis qu`il faut qu`il existe. Il y a ceux qui ont appris le cinéma, qui m`ont félicitée et qui ont dit que j`ai permis à un moment de donner un minimum de bouillonnement dans le métier. "Un homme pour deux sœurs" a suscité l`émergence d`autres frères qui avaient envie de produire. Et si à partir de cela, ceux qui détiennent le pouvoir de financement, veulent vous accompagner, ça va vous permettre non seulement de vous professionnaliser, mais de vous permettre d`apprendre tout en pratiquant. On le veut, mais en même temps, j`ai mes factures qui sont déposées à la maison, j`ai envie de les payer, je suis comédienne, j`attends qu`il y ait des créations. Tu as envie de sortir pour faire des tournées, mais de quels moyens disposes-tu pour les faire ? C`est tout cet ensemble qui fait que, par moment, on s`affaisse. Mais quand tu regardes devant toi, il y a un sourire qui te dit : mais non, ne baisse pas les bras. Ceux qui t`encouragent ainsi, ce sont les admirateurs. Tu te dis alors que si tu lâches, tu tues des âmes. C`est ainsi qu`on essaie d`avancer, selon nos possibilités.
La musique, le cinéma, les sketchs, dans quel art vous sentez-vous le plus à l`aise ?
Je suis comme de l`argile. Je me sens à l`aise partout.
Concernant votre film, "Un homme pour deux sœurs", où en êtes-vous avec la réalisation de la deuxième partie ?
Non, je n`ai jamais parlé de la réalisation de la deuxième partie du film. On a fait un long métrage qui est sorti le 14 février 2006. L`histoire a tellement touché des gens que je me suis dit qu`il ne fallait pas qu`on s`arrête à cela parce qu`à l`intérieur de cette histoire, on pouvait encore développer et essayer de corriger un certain nombre de comportements, d`attitudes des uns et des autres.
On en a fait une série de 52 épisodes. Quand on a terminé les épisodes, qui n`ont pas été faciles à faire parce qu`une chose était d`avoir la volonté, mais une autre était d`avoir les moyens, je me suis heurtée vraiment à un mur de marbre où avoir les grains de sable était difficiles. Il n`y avait pas d`argent et comme je ne connaissais pas l`environnement de la vente des séries, du coup, j`étais bloquée. J`avais en face de moi les techniciens, les comédiens et il fallait trouver de l`argent.
Et comme je suis une femme de défi, je me dis que, même si je dois y laisser mes plumes, il fallait que j`y aille jusqu`au bout.
Pour mes premiers épisodes, je voyageais beaucoup par avion pour essayer de les vendre auprès des chaînes de télévision d`autres pays pour pouvoir continuer la réalisation. On ne pouvait pas le faire parce que la réalité là-bas était tout autre. Finalement, c`est une agence qui nous a aidés à vendre sans que nous ayons besoin de nous déplacer. Il est vrai que même si la vente revient à 50% et qu`on n`a pas ce qu`il faut, mon objectif était de pouvoir terminer les 52 épisodes.
Avez-vous finalement pu les terminer ?
J`ai réussi à les terminer grâce à l`aide de l`agence dirigée par une jeune française. J`ai terminé parce qu`elle a réussi à le placer sur Cfi. Du coup, comme je ne me replaçais pas, même quand elle prenait ses 50%, les 5 ou 6 millions qu`elle me rapportait, me permettaient de continuer de travailler.
Donc, quand je recevais la presse culturelle pour lui dire que j`avais fini mes 52 épisodes, j`en profitais pour lui dire aussi merci parce qu`elle ne nous a jamais lâchés. Et par la même occasion, j`ai dit ma reconnaissance aux comédiens et aux techniciens qui ont compris que ce n`était pas pour gagner de l`argent qu`on voulait réaliser ce projet, mais pour écrire une page de notre histoire. Je renouvelle donc mes remerciements aux personnes qui nous ont donné gracieusement leur maison. Je n`ai donc pas annoncé la deuxième partie "D`un homme pour deux sœurs", mais je remerciais toutes les personnes qui m`ont aidée.
En 2008, je vous ai appelé pour vous dire que je visionnais votre film. Chez un ami, votre réaction était de savoir si ce n`était pas de la piraterie. Je vous ai dit qu`il m`a présenté un Dvd et vous m`avez répondu que vous n`avez pas encore fait de Dvd. Cela amène à vous demander où vous en êtes avec le combat contre la piraterie ?
Aujourd`hui, je pense que le combat n`est plus physique. Il doit être intellectuel parce que les enfants qui vendent les Cd sur la route, même si on les leur arrache, ils ne savent même pas d`où ces Cd proviennent. Ils ne sont que peut-être le dixième maillon de ceux qui les fabriquent.
La piraterie, ce sont de grosses entreprises, de grosses usines. Ce ne sont pas les enfants que nous voyons sur la route. Ils ne savent même pas le délit qu`ils commentent quand ils revendent ces œuvres là.
Quelle stratégie comptez-vous mener pour venir à bout de ce fléau ?
On ne va pas les étaler ! Ce que je veux dire, c`est qu`il faut trouver une autre façon de faire. Nous sommes en train d`y penser. Dieu merci, au sein de l`Unartci, nous avons des comités de réflexion. Aujourd`hui le président de l`Unartci qui est en même temps le président du conseil d`administration du Burida, qui sait ce que c`est que la piraterie, qui connaît les difficultés que nous avons, est plus apte, comme tous ceux qui sont dans le conseil, à écouter.
Qu`est-ce qu`il faut pour qu`on ne se batte pas, mais qu`on puisse rentabiliser cette piraterie ? Je pense que c`est à un plus haut niveau, il y a la loi sur la copie privée, sur le droit voisin qui a été votée depuis 1996. Il faut maintenant trouver les arrêtés qui nous permettent d`approcher les différentes structures qui utilisent de façon frauduleuse, parfois par ignorance, les œuvres de l`artiste. C`est un gros travail de sensibilisation à faire. C`est un travail de longue haleine qui va, d`ici un ou deux ans, donner satisfaction pour nous permettre d`arrêter un tant soit peu de tendre la main tous les jours comme des mendiants.

Interview réalisée par
Eddy Péhé et Cinthia R. Aka
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