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Économie Publié le mercredi 21 octobre 2009 | Nord-Sud

Méagui : L`économie menacée par le grand banditisme

Située à 40 km de Soubré et 126 km de San Pedro, la sous-préfecture de Méagui de par sa forte production cacaoyère (première dans le Bas-Sassandra) constitue une zone à forte activité économique. Malheureusement, le grand banditisme y est devenu un véritable cauchemar pour la population, particulièrement les operateurs économiques.


«Ici à Méagui, lorsque la nuit tombe, on commence à s'interroger sur le sort qui nous sera réservé tant l'insécurité est grande. On ne regagne pas son lit pour se reposer après une journée de dur labeur, mais pour veiller sur sa petite famille, la peur au ventre. Même situation sur les pistes. Il ne se passe pas de jour sans que les coupeurs de route ne sévissent avec des armes impressionnantes. Ce que nous vivons est tout simplement dramatique révoltant », raconte Touré Adama, chef de la communauté Cedeao de Méagui.

Même son de cloche pour Oupoh Bertin, secrétaire général du Syndicat des transporteurs: « Je me demande si Méagui fait partie de la Côte d'Ivoire, tant les bandits y règnent en maître. Finalement, la population est traumatisée. On se bat pour avoir de l'argent. Mais, ici, malheur à toi si tu en gagnes; tu peux y laisser la vie ». Et Zongo Abdul Karim, acheteur de produit, d'ajouter : « Il y a certes la gendarmerie, mais le problème c'est lorsque tu dénonces un bandit, on le fait arrêter, après il se retrouve dehors et vient se venger. Donc tout le monde a peur de collaborer avec les gendarmes. Sinon nos agresseurs vivent avec nous, souvent on les connaît ou on les soupçonne. Mais que faire ? »

A Méagui, il y a plus de 9 banques, signe que l'argent y circule et que les activités économiques y prospèrent. « Mais, on ne peut pas fréquenter les banques, au risque de se faire remarquer par les malfrats qui, une fois la nuit tombée, viennent vous faire la fête. Et malheur à vous s'ils ne trouvent rien. Renseignez-vous ; la quasi-totalité de nos opérateurs économiques viennent travailler ici et repartent dormir à Soubré ou à San Pedro pour fuir les bandits de grand chemin » révèle Zambi Philipe, un opérateur économique.


Quand le grand banditisme fait fuir les populations

Le drame dans cette atmosphère d'insécurité généralisée, ce sont les pauvres fonctionnaires qui, chaque fin de mois, se voient arracher leur salaire sur les pistes.

« Quand la fin du mois arrive, nous allons chercher notre solde la peur au ventre car, au retour, les malfrats peuvent prendre tout votre salaire. Or, il est impossible de vivre sans salaire. Le calvaire est grand. Cette situation fait que de plus en plus de travailleurs refusent de venir servir dans la zone. Pire, ceux qui y sont veulent partir », explique M. Dembélé Lacina, directeur de l'epp Sarakagui.

Pour N'dri Yao, président de coopérative, la situation est plus que préoccupante. « Malgré sa richesse, Méagui ressemble à un village, parce qu'il est impossible d'investir. Les opérateurs préfèrent construire à Soubré et San Pedro pour construire au détriment de Méagui. On ne peut pas leur en vouloir car ici on assiste à des braquages en plein jour. Mais ces derniers jours, nous avons reçu un nouveau commandant de brigade, et ses méthodes invitent à l'espoir », révèle M. Yao.

C'est dans cette atmosphère que M. Mamadou Keita, nouveau commandant a pris fonction.
L'arrivée d'un nouveau commandant de brigade suscite beaucoup d'espoir
« Depuis deux semaines environ, nous avons un nouveau commandant de brigade, M. Mamadou Keita qui selon certaines informations a réussi à mettre en déroute plusieurs bandes de malfrats à San Pedro et ici on pense qu'il est l'homme qui qu'il faut pour redresser la situation à Méagui. Déjà ses débuts nous réconfortent dans nos convictions. A peine arrivé, il y a presque tous les soirs patrouilles et rafles, à travers Méagui, ce qui nous permet déjà de fermer maintenant les yeux. Mieux à travers les réunions de prise de contact avec nous, il a tenu un discours rassurant. D'ailleurs c'est la toute première fois qu'un commandant de brigade arrive à Méagui et prend le temps de rencontrer les responsables des différentes couches socioprofessionnelles pour expliquer ses méthodes de travail et rassurer les populations sur sa volonté d'assurer leur sécurité et celle de leurs biens, c'est un grand pas de franchi. Il a même fait déguerpir des endroits qui semblaient être des nids de bandits ou des fumoirs. Et je suis sure que les choses iront de mieux en mieux, et c'est tout le malheur qu'on puisse souhaiter », explique toujours M. Zambi, comptable d'une coopérative de Méagui.

« Notre nouveau commandant de brigade M. Mamadou Keita est un homme de terrain. Il conduit lui-même les opérations, et cela nous motive, nous ses collaborateurs. Il n'a pas du tout peur, toujours prêt à aller au charbon, à donner l'exemple. Avec ce qu'il a commencé, d'ici peu les phénomènes de coupeurs de route et de malfrats seront de biens mauvais souvenirs, les opérateurs économiques et nos parents paysans vivront dans la quiétude », indique un élément de la brigade de Méagui sous le couvert de l'anonymat.

Idem pour cet autre directeur de banque à Méagui : « Ces derniers temps, la sécurité semble s'améliorer avec les rafles qui ont lieu ces derniers jours. Le nouveau commandant de brigade nous donnent des signes d'espoir. Il nous soulage même en faisant mettre de l'ordre aux abords des banques pour notre sécurité et celle de nos clients. La sécurité est de retour. Sinon on risquait de tout simplement fermer nos banques pour préserver nos vies. »

« Depuis mon arrivée, je ne cesse de rencontrer les différentes couches socio-professionnelles et au regard des échanges, je sais que les attentes sont énormes. Mais mon message est clair, je suis venu pour travailler, pas pour me faire des amis ou des ennemis. Je suis là pour servir la population, assurer la sécurité des biens et des personnes. Je mettrai tout en œuvre pour rétablir l'ordre et permettre aux uns et aux autres d'exercer tranquillement leur activité. J'ai déjà ma petite idée sur la situation et un plan de bataille que je ne peux révéler dans les journaux », explique déterminé le commandant de brigade Keita. Et d'ajouter : « Pour réussir ma mission, il est important qu'il y ait la confiance entre la population et la gendarmerie mais aussi et surtout la collaboration. Le gendarme n'est pas un magicien, il faut l'aider en l'informant, car les voleurs et les coupeurs de routes vivent parmi nous. Il faut donc une franche collaboration. Je mettrai un point d'honneur à les rassurer, en instaurant un climat de confiance pour qu'ensemble nous fassions de Méagui une cité paisible où il fait bon vivre », relate le commandant Keita.


K. M. Nadège
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