Interview - Zasso Patrick (Président MDVR) : “C’est pendant la guerre que le budget de souveraineté est passé à 75 milliards”

Patrick Zasso est le président du Mouvement pour la Défende de la Vraie Refondation. En tant que leader de jeunesse, il se prononce sur la rencontre entre Laurent Gbagbo et certains jeunes de Côte d’Ivoire ce samedi. Son analyse est sans appel et son appel sans fioriture : « Gbagbo est le désespoir de la jeunesse. Alassane Ouattara la solution ».


Le Patriote : Le chef de l’Etat sortant est candidat à sa propre succession. Que pensez-vous de sa candidature ?

Zasso : Je suis attristé par cette candidature de Laurent Gbagbo. J’ai toujours dit dans mes différentes conférences et interviewes dans la presse que le Président Laurent Gbagbo doit retirer sa candidature. Il s’est certainement laissé piéger par un groupe d’individus qui se sont enrichis pendant cette guerre et qui ont peur du changement. Ils ont peur de beaucoup de choses cachées et qui peuvent se révéler après leur départ du pouvoir. Laurent Gbagbo a lui-même dit au cours d’une réunion avec sa « nomenklatura » ceci : « si je perds le pouvoir, c’est pour vous qui est grave. » Autre chose pendant l’enrôlement, Gbagbo a convoqué Affi N’Guessan et Blé Goudé. Il leur a demandé pourquoi ils n’arrivaient pas à faire enrôler les militants du FPI. En fait, le message de Blé Goudé et d’Affi ne passent plus dans l’opinion. Il leur a donné 150 millions pour réaliser un clip appelant les « jeunes patriotes » à se faire enrôler. Malgré cela, les « jeunes patriotes » ne se sont pas faits enrôler. Dans le fond, les jeunes de Côte d’Ivoire ne sont plus en phase avec Laurent Gbagbo. Nous sommes tous convaincus aujourd’hui que Gbagbo ne peut plus faire l’affaire des jeunes Ivoiriens.


LP : Pourtant, Gbagbo se réclame candidat de la jeunesse à laquelle il s’adressera ce samedi à Yopougon. Qu’en pensez-vous ?


Zasso : De quelle jeunesse parle-t-on ? De quel espoir parle-t-on ?

Hier, on était dans la rue parce qu’on avait pensé qu’il n’ y avait pas d’école dans ce pays. Gbagbo une fois au pouvoir, la première des choses qu’il a faite, c’est de construire un palais présidentiel à Yamoussoukro. La priorité pour la jeunesse, c’est de créer des écoles et des universités. Il a dit dans son programme qu’il allait mettre 500 milliards pour la création d’entreprises, pour l’emploi des jeunes. Rien n’a été fait. Au contraire la situation a empiré. Même chez moi à Gagnoa, la seule scierie, CIB, a fermé les portes pour un déficit de 6 milliards, jetant dans la rue plus de 5000 jeunes. Je vous assure partout où nous passons, la jeunesse est déçue de Laurent Gbagbo. Je crois que cette jeunesse, en dépit des slogans, ne va pas se laisser distraire. Tous les Blé Goudé Charles qui sont devenus de petits bourgeois sont en train de distraire Laurent Gbagbo.
Dans nos pays africains, les présidents refusent de rentrer dans l’histoire.


LP : Comment voudriez-vous que Laurent Gbagbo rentre dans l’histoire ?

Zasso : Depuis la prise du pouvoir de Laurent Gbagbo, il n’ y a eu que des morts dans ce pays. Rien que des morts. La pauvreté, la misère, les diplômes s’achètent.


LP : Ses partisans vous rétorquent que c’est à cause de la guerre que tout cela est arrivé. Qu’en dites-vous ?

Zasso : Hier, on a accusé Houphouët de tous les maux. La responsabilité de la gestion de la Côte d’Ivoire incombe au chef de l’Etat. Les gens se cachent derrière la rébellion armée, c’est une échappatoire. L’Israël est en guerre, cela n’a pas empêché Israël de devenir une puissance et même, fabriqué la bombe atomique. C’est dans la guerre que les refondateurs se sont enrichis. Les immeubles poussent partout. C’est une réalité. Les scandales de toutes sortes. Rappelez-vous le scandale des 100 milliards des paysans qui devraient payer une usine de cacao aux Etats-Unis, les 100 milliards de déchets toxiques, j’en passe. L’argent du pétrole ne rentre pas dans le budget de l’Etat. Dans les villages, les refondateurs construisent des maisons à coup de milliards. S’ils ne sont pas contents, ils les cassent. Tout cela se fait sous la refondation aux yeux de tout le monde. En vérité, les refondateurs ont peur de dire devant la jeunesse ivoirienne qu’ils ont échoué. L’argument de guerre ne tient absolument pas. Aujourd’hui Gbagbo a un budget de souveraineté de 75 milliards, c’est dans la guerre. Pendant cette même guerre, le budget général du pays a augmenté. Ils ont échoué. Il ne leur reste qu’à faire de la propagande. Ils passent dans les campus et les agoras pour constiper encore la conscience des jeunes de Côte d’Ivoire. Ce que je voudrais dire, c’est que sur ces questions de la jeunesse, je demande un débat télévisé avec Blé Goudé.


LP : Quel appel lancez-vous aux jeunes auxquels Gbagbo s’adresse ce samedi ?

Zasso : Cela fait 9 ans bien comptés, on a été dans la rue, on a défié Seydou Diarra, on a défié Charles Konan Banny, Soro Guillaume. Ils ont cassé les entreprises françaises et mis au chômage des milliers d’Ivoiriens. Nous avons fait ce que nous pouvions faire pour Gbagbo. Mais Gbagbo n’a jamais compris que nous existons. La seule chose qui l’intéresse, c’est son pouvoir. Alors à ces jeunes, je leur demande de prendre conscience de leur propre avenir. S’ils se laissent manipulés par ces politiques nationalistes, ils resteront toujours pauvres. Ils ont besoin de construire leur avenir, ils ont une vie à construire, des familles à protéger demain. Ces élections à venir devront mettre définitivement fin au règne de la Refondation. Gbagbo n’est plus en phase avec la jeunesse. Il ne se retrouve même pas. La Côte d’Ivoire est trop grande pour être dirigée par Laurent Gbagbo. Il faut donner la chance à une autre personne. Le vent du changement a soufflé aux Etats-Unis, le vent du changement a soufflé en France, le vent du changement a soufflé au Ghana. La Côte d’Ivoire a besoin d’évoluer avec le monde. Les jeunes ont fini leurs études et sont assis à la maison. Qu’Ils réfléchissent à leur avenir. Laurent Gbagbo est un désespoir pour la jeunesse ivoirienne. Ceux qui ont mené des politiques nationalistes et ont combattu les Américains et les Français n’ont rien apporté à leur pays. Les jeunes doivent faire très attention. Ils n’ont qu’une seule solution, c’est le docteur Alassane Dramane Ouattara.

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