Droit au but : Légitimité historique

L’histoire est un témoignage. Cette vérité historique, le premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny, aimait la répéter. Et pour joindre l’acte à la parole, le vieux a témoigné entre autres sur la création du rassemblement démocratique africain, le RDA, pour, ce sont ses termes, « éviter les histoires ». Le jour où le Vieux parlait ainsi, un éminent homme de science, l’Ivoirien Pierre Kipré, était dans la salle. Spécialiste parmi les plus réputés en Histoire du continent noir, il légitimait avec certains de ses pairs les propos du père fondateur. Malgré tout, les vérités du Vieux restaient une vérité parmi tant d’autres possibles. Lui ne faisait qu’un témoignage d’acteur vivant de l’histoire. D’autres témoignages étant susceptibles d’exister et au besoin de contredire celle du Vieux. Le professeur d’histoire ambassadeur en poste à Paris est depuis un bon moment sur les bords de la lagune Ebrié. Il est chargé de la préparation des festivités du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Une tâche qui vaut bien la désertion des bureaux parisiens. Dans une interview au quotidien gouvernemental Fraternité Matin de lundi dernier, l’historien évoque les hommes qui ont eu à diriger le pays. Houphouët et Laurent Gbagbo en particulier. Du premier, il a affirmé que c’est le père fondateur. Un chef autoritaire mais pas sanguinaire sous lequel tout ne fut pas rose. Du second, le professeur apprend à tous qu’il a une légitimité historique. Le monde entier sait qu’il est le père du multipartisme et celui qui a défié le grand Houphouët. Des faits qui imposent la légitimité historique. Tout semble rose sous ce prince. La guerre, les escadrons de la mort, la corruption à ciel ouvert…L’histoire et son grand maître les passent sous silence. Qui est fou !

D. Al Seni