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Politique Publié le lundi 23 novembre 2009 | Le Patriote

Interview/ Maurice Bandaman (Secrétaire général adjoint du RDR) : “Voici pourquoi Ouattara est le meilleur”

Maire de Taabo, Maurice Bandama, émérite écrivain, Grand Prix littéraire d’Afrique noire, est le Directeur régional de campagne du candidat ADO dans le N’Zi Comoé. Dans un entretien-vérité, le Secrétaire général adjoint du RDR, passe en revue l’actualité sociopolitique de l’heure. Pendant plus d’une heure, il s’est « livré » au Patriote.

Le Patriote : L’élection présidentielle n’aura pas lieu le 29 novembre 2009, comme prévu. Quel commentaire faites-vous de ce énième report?
Bandama Maurice : On peut faire plusieurs lectures de ce report. Mais la lecture raisonnable qu’on puisse établir c’est qu’une élection, c’est d’abord un fichier électoral, ce sont des personnes identifiées qui participent au vote. Le mode opératoire qui a été adopté, c’est de faire en sorte que tous les Ivoiriens en âge de voter puissent figurer sur le fichier électoral. Jusqu’au dernier report, ce fichier n’était pas encore bouclé. C’est seulement hier que les listes ont été affichées. Sur le plan technique donc, le report se défend. Toutefois, il faut reconnaître la nécessité d’avoir un fichier électoral fiable, indiscutable. Nous prenons donc acte de ce report.

L.P. : Sur quelle base alors a-t-on fixé la date du 29 novembre, étant entendu que vos leaders sont membres du CPC, qui l’a fixée ?
B.M: Ce processus qui est enclenché, je veux parler de l’accord politique de Ouagadougou que nos leaders soutiennent, aboutira à des élections justes, transparentes et ouvertes. Le premier élément pour atteindre cet objectif, c’est la liste électorale. Bien sûr que nous avons enregistré des blocages intervenus durant le processus du fait des grèves des structures impliquées dans le recensement électoral que sont les agents de l’INS, de la CNSI, liées aux questions d’argent. On a constaté aussi que sur les 6.300.000 personnes enrôlées, le mode opératoire arrêté, qui consistait à croiser ce listing avec des fichiers historiques, a sorti par vagues successives des électeurs qui ont été croisés positifs. On peut estimer là aussi que ces méthodes ont pu retarder le processus de bonne foi. Mais, nous estimons qu’il y a de fortes chances que l’ensemble de tous ceux qui ont été croisés non Ivoiriens, le soient en réalité. Parce que pour une population ivoirienne estimée à environ 13 millions, il faut s’attendre à ce que la population électorale soit au moins de la moitié. Dans la plupart des pays, la population électorale est équivalente à environ 40 ou 50 % de la population totale. Sur les 20 millions d’habitants, la population ivoirienne est estimée à au moins 13 millions. Nous ne pouvons donc pas avoir un fichier électoral en dessous de 6 millions d’électeurs. La population ivoirienne à une croissance démographique de 3 %. On peut donc dire pendant près de 10 ans soit de 2000 à 2008, on a une population qui a augmenté d’environ 28 %. Hors, le fichier électoral de 2000 est environ de 550000 personnes. La population électorale de 2009, ne peut pas être en deçà de ce chiffre-là.

L.P. : A quoi vous attendez-vous alors ?
M.B. : On parle souvent de certaines personnes qui étaient sur les fichiers étrangers qui sont devenues ivoiriennes. Cela se comprend puisque dans ce pays, des mariages se sont opérés entre des Ivoiriens et des non Ivoiriens. Ces derniers ont dû exister sur le fichier étranger mais ne le sont plus aujourd’hui, pour avoir bénéficié de la nationalité. Il est aussi question de ceux dont on ne trouve aucune trace sur les fichiers historiques. Là aussi, il y a une explication. C’est la première fois en Côte d’Ivoire qu’une opération d’identification a été poussée aussi loin, dans les recoins. Moi, j’ai des parents, des oncles au village qui n’ont jamais eu de papiers. Mais cette année, du fait des audiences foraines, ils se sont fait établir des papiers. On ne peut donc pas les croiser positifs en cherchant dans les fichiers de leurs ascendants.
Il faut, pour nous être positif. C’est pourquoi nous pensons que le fichier qui est l’un des éléments les plus importants, étant presque prêt, nous pensons qu’en un mois et au plus tard fin décembre, on aura fini avec le listing et nous pourrons aller aux élections.

L.P. : Vous allez continuer de rester attentistes ?
B.M. : Non. Parce qu’aussi long qu’est un chemin, il a toujours une fin. Nous sommes donc presqu’à la fin de ce processus, qui, ne l’oublions pas, est un processus assisté. Ce processus ne peut pas aller dans tous les sens au gré d’un acteur. C’est pour cela que nos partis l’accompagnent avec toute la prudence. Ce n’est pas une démission, ce n’est pas une fuite de responsabilité. Nous pensons que nous avons intérêt à faire aboutir ce processus dans la paix.

L.P. : Ne donnez-vous pas l’impression que Laurent Gbagbo vous conduit à sa guise ?
BM : Nous ne suivons pas Laurent Gbagbo. Il ne nous mène pas comme il veut. Après les évènements de 2002, il ya eu Marcoussis. Malheureusement, Marcoussis ne nous a pas conduits aux élections jusqu’à ce que l’Accord politique d’Ouagadougou soit signé. Laurent Gbagbo, candidat est donc notre adversaire. Certes il est cosignataire de l’APO, mais dans cet accord, il y a un facilitateur qui est le Président du Faso, le Président Blaise Compaoré en qui nous avons entière confiance. Dans cet accord, il y a un cosignataire, le Premier ministre Guillaume Soro, en qui nous avons confiance. Nous pensons que le Président Blaise Compaoré ne va pas ruiner sa réputation, son image et son honneur dans un processus qui a échoué. Nous avons confiance au Premier ministre Guillaume Soro, qui a pris des risques pour la démocratie dans ce pays, qui au quotidien risque sa vie. Nous ne pouvons pas penser que ce monsieur puisse mentir à la Côte d’Ivoire, mentir au monde en trichant dans un processus pour lequel il a pris les armes. A la limite, nous faisons l’âne pour avoir le foin. Ce foin, ce n’est pas le pouvoir. C’est la paix qui est l’élément le plus important. Parce que l’histoire a montré que ce n’est pas toujours les Gandhi et des Luther King qui sortent des crises, mais ce sont des Hitler, des Amin Dada. Si Laurent Gbagbo nous tient, nous le tenons aussi ;

L.P. : Pensez-vous, objectivement, que le Chef de l’Etat a intérêt à organiser les élections quand on sait qu’il va, en cas de défaite, perdre des prérogatives ?
B.M. : La vérité, c’est que jusque-là, il y avait des raisons objectives, même si elles ont été provoquées par certaines personnes. Il ne faut pas laisser certains Ivoiriens sur la touche. Il faut boucler ce fichier électoral avant fin décembre. A partir de ce moment, la fabrication des cartes d’électeurs et des cartes d’identité prendra deux à trois semaines, la distribution se fait en deux semaines. Nous sommes tentés de penser que le CPC ne va pas proposer une date qui va dépasser les 2 premiers mois de l’année 2010.

L.P. : Pour vous donc les élections peuvent se tenir dans le premier trimestre de 2010 ?
M.B. : Je pense que c’est le souhait de beaucoup d’Ivoiriens. Nous pensons que la nouvelle date qui sera fixée au CPC devra être la dernière. Nous jugerons donc de la bonne foi des signataires de l’APO à l’attitude qu’ils auront vis-à-vis de la nouvelle date. Pour nous, il fallait tenir. On a tenu jusqu’aujourd’hui. Nous pensons que nous sommes à la fin. Ce n’est pas le moment de provoquer l’impatience des Ivoiriens. Nous sommes arrivés à la fin. La boucle va être bouclée bientôt. Notre rôle en tant que cadre, c’est de donner un message d’espoir à nos militants pour leur dire que nous RDR, c’est vrai que les reports nous agacent, nous fatiguent. Mais pour nous qui sommes sur le terrain, chaque jour de report nous apporte de nouveaux militants, parce que chaque jour nous apporte de nouvelles personnes.

L.P. : Contrairement à ce que vous dites, ce sont plutôt des militants de votre parti, des cadres de l’opposition qui quittent vos rangs pour rejoindre le Président Laurent Gbagbo. Comment expliquez-vous cela ?
B.M. : Nous n’avons pas encore vu des cadres qui aient quitté le parti pour Laurent Gbagbo. Nous savons que le président du Conseil général de Ferkessédougou, Zanga Ouattara, qui faisait partie d’une délégation, est allé rencontrer le Président Laurent Gbagbo ainsi que d’autres cadres du nord. Mais pour la plupart, ils ne sont pas du RDR. Il s’agit de Dosongui, Doulaye, Samba et autres. Chacun est libre de soutenir qui il veut dans cette phase. Ce que je peux dire, c’est que quand Alassane Ouattara sera au pouvoir, il ne va pas utiliser sa position pour faire la pression fiscale sur les opérateurs économiques. Cela fragilise tous ceux qui créent la richesse. Un opérateur économique crée des richesses. La situation de ces hommes d’affaires se comprend. Cela ne choque pas. Au contraire, nous compatissons à leur détresse.


L.P. : Est-à-dire que vous vous accommodez de la situation ?
B.M. : Non. Mais vous savez, tout le monde n’a pas l’âme d’opposant. Etre opposant, ce n’est pas facile sous les tropiques. Voyez le sort qui est réservé à nos chefs, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Donc les opérateurs économiques, ont des soucis. Ce sont des hommes d’affaires qui ont de gros chiffres d’affaires. Ils ont à défendre leurs affaires.
L.P. : Le Président Laurent Gbagbo va engager de fortes sommes d’argent durant la campagne. Pensez-vous que les Ivoiriens pourront résister à sa puissance financière ?
B.M. : Nous pensons et nous rappelons que c’est l’actuel Chef de l’Etat qui disait aux Ivoiriens d’accepter toute somme qui leur serait proposée par le pouvoir d’alors. Devant la misère du peuple, le souhait de tous c’est de voir le pays renouer avec le progrès, de voir les enfants avoir du travail. Eux-mêmes avoir droit à la santé, avoir des routes praticables, en un mot vivre mieux. Nous, nous sommes sereins face à la machine financière qui pourrait être déployée. Parce que les Ivoiriens ne sont quand même pas dupes. Ils sont conscients de leur situation. Ils savent qu’ils ne vont pas se contenter de 200000 FCFA ou 300000 FCFA en une semaine et après ne pas avoir 1000 FCFA pour manger. Je ne pense pas que les Ivoiriens pendant tout ce temps qu’ils sont restés sans être assistés par le pouvoir, n’ont pas fait leur propre lecture de la situation. Nous ne sommes pas perturbés outre mesure. Au contraire, nous avons les échos du terrain. Chaque fois que les sommes importantes sont offertes, on sait les problèmes que cela pose quant à la répartition. Quand ils sont 100 a recevoir de l’argent, au moins 80 retournent leur veste pour marquer leur indignation. Comme disent les Chinois, la meilleure manière de nourrir un homme, c’est de lui apprendre à pêcher. Les Ivoiriens veulent qu’on leur donne les moyens de se prendre en charge. Quand nous disons qu’Alassane Ouattara va faire en sorte que les Ivoiriens vont vivre mieux, nous ne disons pas qu’il va distribuer l’argent aux uns et autres. Nous disons plutôt qu’il va créer l’environnement macroéconomique, c’est-à-dire assainir le milieu pour permettre à chacun de se prendre en charge. Nous ne sommes pas inquiétés par l’argent qui va être dégagés et distribués aux Ivoiriens.

L.P. : Le Président de la République vient de faire des nominations de hautes autorités. L’opposition une fois de plus n’a pas réagi. Quel est votre commentaire ?
B.M. : Vous savez, une opposition n’a pas à répondre à tous les actes posés par le Chef de l’Etat. C’est son droit s’il juge nécessaire de nommer des personnalités à de hautes fonctions. On attend de voir ce que ces nominations vont donner. Les populations vont demander le bilan de ces personnes qui viennent d’être nommés.

L.P. : Le Président Gbagbo, s’est proclamé candidat du peuple. Un commentaire.
M.B. : Le peuple va choisir, le peuple choisira. Tout le monde peut se proclamer du peuple. C’est au nom du peuple que nous faisons la démocratie qui est la voix du peuple pour le peuple. On verra, ce que décidera le peuple. Le peuple, c’est vous, c’est moi, c’est lui le Président de la République, c’est l’ensemble des 6 millions d’électeurs qui vont s’exprimer.
L.P. : Il est, selon ses termes, le candidat du peuple contre vous qui êtes les candidats de l’étranger.
M.B. : Nous ne sommes pas candidats de l’étranger. Nous sommes candidats des Ivoiriens. Et personne ne peut se proclamer défendre plus les Ivoiriens que nous. Les déclarations, les effets d’annonce, chacun est libre d’en faire. C’est le peuple qui en dernière instance choisit et sanctionne. La sanction peut être positive ou négative. Personne ne se montrera sur son mauvais jour. Nous considérer comme candidat de l’étranger, mais c’est quoi l’étranger ? Ce principe souverainiste est passé de mode, c’est un discours archaïque. C’est un discours qui n’a prospéré nulle part. L’histoire est là pour l’attester et le témoigner. Quand on n’a pas d’argument, on vilipende l’étranger.
Nous disons que notre candidat veut établir de bons rapports avec tous les peuples du monde. Les ancêtres disent que de bons voisins valent mieux qu’une grande clôture. Il est bon d’avoir des relations de coopération, d’amitié et de paix avec le monde entier. La Côte d’Ivoire est un pays pauvre. Ce pays a besoin aussi bien des Ivoiriens que des autres peuples. Les pays qui sont devenus indépendants pour s’affranchir de l’impérialisme l’ont fait en tirant les meilleurs acquis de leurs rapports avec l’étranger. C’était l’exemple du Japon, c’est le cas de la Chine, du Brésil, c’est tous les pays émergeants. Plutôt que de vilipender l’extérieur et de tenir un discours souverainiste, il faut, plutôt, un discours d’union, un discours d’ouverture, un discours de paix. Je me souviens d’une phrase de Bernard Dadié, qui a dit une belle phrase dans son roman Climbié : « le travail et après le travail, l’indépendance mon enfant ». Vous avez en plus la devise de la Côte d’Ivoire : Union, discipline travail. C’est par le travail qu’on se libère de toutes les tutelles. Et notre candidat est prêt à mettre les Ivoiriens au travail. Et de ce travail, tirer tous les profits qui vont nous permettre de nous libérer.

L.P. : Le président de la République accuse l’opposition d’être à la base de la misère du peuple. Qu’en pensez-vous ?
M.B. : Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Mamadou Koulibaly, l’un des siens qui le dit dans ces contributions, notamment, « les blues de la république », où il disait que la guerre a le dos large. Pour lui, la guerre n’a pas empêché le pays de vendre son cacao, son café. La douane qui fait rentrer d’énormes sommes d’argents, fonctionne normalement tout comme les deux ports. Les ressources pétrolières ont fait une grande percée, allant selon les chiffres d’organismes internationaux de 40000 Barils en 2004 à 100000 barils aujourd’hui. Le budget de la Côte d’Ivoire a lui aussi connu une hausse considérable. On ne peut donc pas accuser la crise. Economiquement, cela ne s’explique pas. La crise en réalité n’a duré que quelques mois. Et après. Il y a eu un gouvernement d’union.

L.P. : Un gouvernement qui n’est pas son gouvernement ?
M.B. : N’empêche. Il aurait fallu donner des orientations à chaque membre du gouvernement avec des moyens. On donne des objectifs précis aux ministres, aux maires, aux présidents des Conseils généraux, avec des moyens conséquents. C’est après qu’on peut juger les uns et les autres. Si vous n’avez pas fixé des objectifs, comment voulez vous des résultats ? Ce ne s’explique donc pas. Le Sénégal connait depuis 1982, une rébellion en Casamance avec le MFDC, cela n’empêche pas ce pays d’évoluer. On nous a dit que la « partie utile de la Côte d’Ivoire » était sous l’autorité du Chef de l’Etat.

L.P. : Le ton monte à nouveau dans la presse du pouvoir. Votre candidat est attaqué quotidiennement.
M.B. : Quand on n’a pas d’arguments on pense qu’à force de noircir l’adversaire, on fini par avoir raison de lui. Nous sommes des démocrates. Mais l’histoire est un témoignage. En la matière, sur les différentes guerres, la vérité n’a été sue que des années après la guerre. La vérité n’a jamais été dite pendant la guerre. Pendant l’apartheid, la vérité n’a pas été dite. On a dit que c’était Robert Gueï, qui était en train de faire le coup d’Etat. Laissez les gens dire ce qu’ils pensent.
Chez nous les Baoulé, quand il y a la guerre, c’est le chef qui est mis en cause. Parce que c’est sa façon de gérer qui peut conduire à la paix ou à la guerre.
Ils ont traité Alassane Ouattara de tous les maux qui sont après, venus se mettre à ses pieds pour lui présenter leurs excuses. Pour nous, la politique, c’est de se mettre au service des autres. Et de travailler à leur bien. L’Histoire a montré que quand les peuples choisissent librement, ils choisissent le meilleur.

L.P. : Et pour vous le meilleurs, c’est qui ?
M.B. : Pour nous, le meilleur c’est Alassane Dramane Ouattara. En tant qu’enseignant et pour l’avoir côtoyé, j’atteste qu’il est le meilleur. C’est sur cette base que moi, je me suis engagé à ses côtés. En 2000, j’avais une belle carrière universitaire à faire, mais j’ai accepté de rester parce que je croyais en lui. Je suis le seul et grand écrivain noir de ma génération qui ait accepté de rester au pays.
Souvenez-vous que Laurent Gbagbo lui-même a dit que : « ADO est brillant et travailleur ». Que peut-on dire de plus pour qualifier un homme. Le débat est donc clos. Et je sais qu’en habile homme politique, Laurent Gbagbo, fait son travail et qu’il sera prêt à féliciter ADO.

L.P. : Pensez-vous avec ces nominations, notamment celle du Pr Yao N’Dré comme Président du Conseil constitutionnelle, que les choses pourront se dérouler comme vous le souhaitez ? Ne craignez vous pas un passage en force du camp adverse ?
M.B. : Comme je l’ai dit, nous sommes dans un processus assisté. Rassurez-vous, il n’y a aucune possibilité de passage de force. Nous sommes dans un tunnel, il y a une certaine direction qu’on ne peut pas prendre. On a vu les sorties du Pr Yao N’Dré. On a aussi vu la réaction de la presse. Je pense qu’il ne prendra pas la responsabilité de précipiter la Côte d’Ivoire dans un chaos qui a été évité de justesse. Son attitude sera lourde de conséquence face au peuple de Côte d’Ivoire et face à l’histoire. Je ne pense pas que ses parents, sa région qui l’on célébré récemment lui conseilleraient de prendre cette voie. Les gens peuvent avoir des prétentions, des projets, mais nous ne pensons pas qu’il prenne sur lui, la décision d’invalider un vote prononcé par la CEI.

L.P. : Ne peut-il pas intervenir dans la proclamation des résultats ?
M.B. : Certains pensent qu’on pourra utiliser tel article pour dire que le pays n’est pas unifié, que les armes circulent ou autre chose pour soit empêcher le déroulement du scrutin ou soit empêcher la proclamation des résultats. Le moment venu nous aviserons. Pour l’heure, je dis que le processus est assisté. On est tenu d’aller jusqu’au bout. Moi, je raisonne positif. Maintenant, si des dérives survenaient, tous ceux qui interviennent dans le processus aviseront.

L.P. : Votre président a fait plusieurs tournées à travers le pays. Quels bilans faites-vous de ces tournées ?
M.B. : Nous pensons d’abord que le président a fait un bon travail, parce qu’en quatre mois, il a parcouru 70% du territoire national. Il ne reste plus que 30%. C’est une performance. Ce qui montre qu’il est très bonne santé physique.

L.P. : Malgré ce qui s’est passé à Gagnoa ?
M.B. : Oui, ce qui lui est arrivé peut arriver à tout le monde. Même, nous qui sommes plus jeunes, ça nous arrive. Ça, ce n’est pas un évènement. Des populations qui sont sorties, c’est aussi un signe de satisfaction. Partout, il y a eu foule. Bien sûr, Alassane Ouattara jouit d’une popularité certaine qui peut attirer des badauds. Mais c’est un signe de sa popularité. Ça veut dire que c’est un homme qui compte. Il y a ensuite le message du président et encore mieux, la réaction des populations et surtout qui a été entendu partout. « Nous souffrons, viens nous sauver. Nous souffrons, vient développer la Côte d’Ivoire ». Le président a vu le délabrement de la Côte d’Ivoire. Le bilan que nous pouvons tirer est positif. Le président est allé dans les villages, dans les hameaux, il a emprunté des pistes. Il s’est arrêté pendant la nuit dans les villages. Les populations sont sorties avec des lampes tempêtes pour l’attendre. Si les gens n’avaient pas un espoir pour lui, ils ne feraient pas cela.

L.P. : Que de réactions à propos de ces promesses jugées irréalistes par ses adversaires.
M.B. : Ce sont des promesses qui sont réalisables. On pourra le juger par elles. Pour atteindre ses objectifs il a dit qu’il allait travailler avec des Ivoiriens issus de son parti, mais aussi des autres partis et de la société civile. Voila ce que nous appelons une société moderne dans laquelle l’on se fixe des objectifs et l’on se donne les moyens des les atteindre. Il a fait un diagnostic total du pays en s’appuyant sur les fondamentaux sociaux, économiques. C’est pourquoi son slogan de campagne est : « ADO solutions ». Il a les solutions pour tous les secteurs du pays. Pour les problèmes sociaux, de paix, de cohésion sociale et des problèmes de repositionnement dans le concert des nations. De par son talent, son expérience, son tempérament, ADO a le meilleur profil pour relever tous ces défis. Vous savez, après la révolution française, quand il a été mis fin au règne des rois, les révolutionnaires ont mis en place un système transitaire. Ce système veut dire que ceux qui n’ont jamais géré, on ne peut pas leur confier des charges. On ne confie pas des tâches importantes à des personnes qui n’ont jamais géré. Or, ADO a travaillé au redressement de plus de la moitié des pays du globe c’est-à-dire 120 pays sur les 180 pays.

L.P. : Cela est-il suffisant à vos yeux pour convaincre les électeurs ?
M.B. : Je peux vous porter témoignage. En tant que jeune fonctionnaire, j’ai commencé a travaillé en 87 - 88. En 90, avant que ADO ne deviennent Premier ministre, on faisait les rangs devant les guichets des banques. Des que les premiers font leur retrait, les signaux deviennent rouges. Mais quand Ouattara est venu et qu’on a vu les propositions qu’il a faites, les choses ont changé. Les bailleurs de fonds ne sont pas des philanthropes. Ils investissent pour se faire des bénéfices. En 90, la Côte d’Ivoire était en crise. Le cacao ne se vendait pas, le café ne se vendait pas. Il n’y avait pas de pétrole. Mais il a pu mobiliser des ressources qui lui ont permis de construire des universités, des dizaines d’écoles primaires et des lycées et collèges. Il a multiplié les centres d’émetteur par 2. Il a doté le CHU de Cocody. Il saura faire venir des ressources. C’est son métier. Les Ivoiriens le jugeront aux actes. Des pays qui étaient en retard sur la Côte d’Ivoire en matière d’électrification sont aujourd’hui en avance. C’est le cas du Maroc, du Sénégal, du Ghana. L’expérience de vie qui était de 50 à 55 ans a baissé pour tomber à 40-45 ans. Ce sont des fondamentaux sur lesquels il faut travailler. Nous savons qu’ADO pourra le faire. Il l’a déjà fait. Nous disons donc aux Ivoiriens de se ressaisir le jour du vote. Il faut que les Ivoiriens sachent qu’en votant, ils choisissent la mort ou la vie, la pauvreté ou la croissance.

Par Charles Sanga
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