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Politique Publié le mercredi 25 novembre 2009 | Notre Voie

Baou Doué (ex-trésorier général UDPCI) - “Notre priorité, la réélection de Laurent Gbagbo”

L’ancien trésorier général de l’UDPCI, Baou Doué, en dissidence avec l’actuelle direction du parti, a créé un mouvement de soutien au candidat Laurent Gbagbo qui a été investi le 31 octobre dernier. Dans l’entretien qui suit, il évoque les circonstances et motivations de son choix et invite les Ivoiriens à donner un autre mandat propre à Gbagbo qui pourrait permettre de le juger avec objectivité.

Notre Voie : Votre mouvement, le “Cercle du renouveau Baou Doué pour la victoire de Laurent Gbagbo dans le Moyen-Cavally” a récemment été investi à Bloléquin, dans l’ouest du pays. Qu’est-ce qui a motivé la création d’un tel mouvement de soutien à Gbagbo alors que vous êtes militant de l’UDPCI ?
Baou Doué : Effectivement, depuis 2002, je suis trésorier général de l’UDPCI. Donc membre de la direction du parti. Quatre facteurs ont motivé mon action. Le premier, c’est qu’à la création de l’UDPCI, le général Robert Guéi avait voulu que le parti travaille pour le FPI. C’est ainsi que les députés UDPCI ont soutenu, à l’Assemblée nationale, le programme du FPI. Le 13 septembre, lors d’une conférence de presse, le général dit couper avec le FPI et demande à Gilbert Bleu-Lainé de rendre sa démission du gouvernement. Mais je reste convaincu que si Robert Guéi était encore en vie, il aurait trouvé les moyens de soutenir son frère Laurent Gbagbo dans ces élections-ci. Le deuxième élément est que Laurent Gbagbo a initié plusieurs réunions au Palais de la République pour ramener la paix à l’UDPCI quand notre parti traversait une crise. Aujourd’hui, il faut rendre la monnaie au chef de l’Etat. De trois, le président de l’UDPCI, Mabri Toikeusse, n’a jamais reconnu le travail que j’ai abattu dans le Moyen- Cavally. Dans le parti, Mabri n’a d’yeux que pour ses frères dan. Ce sont les mêmes qu’il nomme autour de lui depuis sept ans qu’il est au gouvernement. Tout cela crée forcément des frustrations. A l’UDPCI, chacun gère le parti à partir de sa poche. Mabri ne met pas l’argent de l’Etat à la disposition du parti. Enfin, Gbagbo mérite qu’on lui donne un mandat propre à partir duquel les Ivoiriens le jugeront. C’est inconséquent que nous le jugeons maintenant avec tous les troubles que le pays a vécus.

N.V. : Vous auriez pu adhérer aux mouvements déjà existants. Voulez-vous faire chic avec votre mouvement de soutien ?
Baou D. : Non, pas du tout. Mon mouvement est créé sur la base des structures de l’UDPCI. Tous les responsables sont de l’UDPCI. Pierre Périco Némonglo, qui est le secrétaire du Cercle, était la cheville ouvrière de l’UDPCI à Bangolo. Je puise dans les militants de l’UDPCI, du PDCI, du RDR. Beaucoup de militants de l’UDPCI sont d’accord avec moi parce qu’ils sont déçus par la gestion du président Mabri Toikeusse. Vous savez, la réalité au niveau de notre parti, c’est qu’il y a deux pôles de décisions. La direction officielle du parti décide en premier ressort. Et puis, il y a le bois sacré auquel tout le monde n’a pas accès. Ce sont les privilégiés du bois sacré qui décident définitivement et en dernier ressort. Nous avons beau arrêter des décisions, si le clan dan n’est pas d’accord, rien ne passe.

N.V. : C’est pourquoi vous avez démissionné de votre poste de directeur financier à la Pharmacie de la Santé publique (PSP) ?
B. D. : Je dois avouer que lorsque Mabri Toikeusse a été nommé ministre de la Santé et qu’il m’a fait appel, j’ai d’abord refusé. Parce que la direction avait souhaité que je sois son directeur des affaires financières (DAF). Il n’a pas accepté. J’ai eu beaucoup de problèmes à la PSP. Mes attributions étaient concentrées aux mains de Madame la directrice. Des jeunes gens sont allés rencontrer le ministre Paul Yao Akoto pour lui dire ce que je vivais. Akoto a demandé que le problème soit réglé en trois jours. Rien n’a été fait. Dans le cadre du partage du pouvoir, le ministère est revenu au PDCI. Ce que je n’ai pas obtenir avec ma mère, je ne pouvais l’obtenu avec une autre. C’est ainsi que je suis parti de ce parti.

N.V. : Maintenant que votre mouvement est investi, quelles vont être les orientations de vos actions les jours à venir ?
B. D. : Les coordonnateurs sont déjà actifs sur le terrain à Duékoué et à Guiglo. Je vais me rendre sur le terrain pour discuter avec tous les responsables de l’UDPCI. Je vais leur demander d’élargir le Cercle à tout le monde. Mais, je ne suis pas naïf pour dire que tous les militants de l’UDPCI viendront avec moi. Je suis sollicité, mais les moyens font défaut pour le moment. Ceux qui m’appellent sont des militants du RDR et du PDCI. Je leur dit qu’ils peuvent rester dans leurs partis politiques respectifs et voter pour Gbagbo. La priorité, c’est la réélection du président Laurent Gbagbo.

N.V. : Comment sont les rapports entre votre mouvement et les structures officielles du FPI ?
B. D. : Ce n’est pas facile pour certains responsables d’accepter les nouveaux qui viennent soutenir Gbagbo que nous sommes. Beaucoup pensent que nous venons pour leur ravir leur poste. Nous leur disons que nous menons tous le même combat pour la réélection de Laurent Gbagbo. Dans l’urne, on ne distinguera pas le bulletin du militant FPI et celui du militant d’un autre parti. Je voudrais demander à nos amis de ne pas nous faire des difficultés. Bien au contraire, qu’ils nous aident à mener ensemble les actions. Nous faisons la cour aux militants du RHDP. Je profite pour dire merci au directeur général adjoint de la Radio nationale, Eloi Oulaï, qui est venu spontanément nous soutenir en nous offrant un bœuf quand nous étions dans son village à Babli Vaya. Je n’oublie pas le directeur général du Port autonome d’Abidjan, Marcel Gossio, qui nous a encouragé à initier le mouvement et qui nous apporte son soutien. Pour rallier les villages et campements, il serait souhaitable que nous ayons deux doubles cabines à cause de l’état défectueux des routes.

Entretien réalisé par
Délon’s Zadé
delonszade@yahoo.fr
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