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Diplomatie Publié le lundi 21 décembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Côte d’Ivoire : Les trouillards de la république

Combien d’hommes politiques ivoiriens pensent-ils vraiment voir la Côte d’Ivoire quitter la mauvaise pente, où elle glisse actuellement ? Ministres du gouvernement, députés, conseillers généraux, maires, ils ont tous péché d’avoir transformé les Ivoiriens en témoins passifs d’un Etat qui se donne en spectacle. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, ce ne sont plus les simples citoyens qui font de l’agitation, mais les hommes politiques, qui sont devenus de simples badauds, d’une grandeur théâtrale. De ce fait, ils ne savent plus distinguer leurs propres limites, les lois de la république, ou les institutions républicaines – encore moins, respecter une décision judicaire, un décret du Président de la République. Les hommes politiques de ‘’métier’’, il y a en a peu en Côte d’Ivoire. Il y a aussi les ministres ; où nombreux à croire que le bilan actuel du gouvernement est l’affaire du Président de la République… seul. Il ne faut pas orienter les faits. Il suffit de récapituler sans hésiter l’origine politique de chaque ministre, pour dire tout simplement que le gouvernement actuel n’est ni une cohabitation, ni d’union nationale. Au même moment, où ils affaissent l’Etat ivoirien, pour lequel ils travaillent, les mêmes ministres se soustraient à la légalité de leur fonction de commis de l’Etat. Cette démagogie nauséabonde amène parfois les mêmes ministres à protester dans la rue, avec véhémence, contre une décision signée en conseil des ministres. Dans quel pays sommes-nous ? Il faut avoir tout au moins du courage et se résoudre à préférer ses convictions politiques et démissionner du gouvernement au lieu de faire du statut du commis de l’Etat pour étaler les ressorts psychologiques de vedettes d’un parti politique au gouvernement. Cette bravoure qui manque à certains ministres qui se donnent parfois en spectacle, les transforme en simples badauds institutionnels. Cette lâcheté est historique en Côte d’Ivoire et n’est pas inséparable du comportement des chefs de partis politiques. Qui eux-mêmes manquent de courtoisie et de sang-froid. Ce qui sanctionne sur le terrain, la déliquescence du parti, aggravé par le manque de formation des militants. Autant de signes lamentables du statut de politique en Côte d’Ivoire. On oublie qu’un parti politique n’est qu’une simple association, sous l’influence juridique de l’Etat qui l’autorise. Ce n’est pas à un parti politique, quelle que soit sa note d’influence de fixer les dates des échéances électorales. Et j’ai constaté que cette violence mentale, reste un marasme qui crève les yeux dans le paysage politique en Côte d’Ivoire. A mon avis, la Côte d’Ivoire n’a pas reculé. Ce sont les hommes politiques qui ne font pas le poids dans un héritage institutionnel, tout de même honorable. C’est bien les hommes politiques qui ont tout bafoué, en prenant comme leçons démocratiques, leur état d’esprit de croyance ethnique, appuyé de convictions matérielles qui anesthésient leur courage politique et l’action citoyenne des militants. Cette vérité du ‘’marché politique’’ se trouve chez les députés de cette dernière législative. Les députés qui ont soutenu, aux heures chaudes de la crise ivoirienne, la fermeture de l’Assemblée nationale ; leur propre siège. Du jamais vu ! Des députés, qui ont tenté de sacrifier l’Etat et libérer les institutions républicaines qui les protègent. Dans quel pays sommes-nous ? Depuis 1968, j’exerce la fonction de journaliste, je n’ai jamais vu, ni en pleins, ni en creux une telle sorte de modèle d’esprit démocratique. Bien à l’air, dans le même état de folie, les députés se sont illustrés à se décrocher de leur propre constitution, avec l’intention de faire chuter l’Etat, toutes les institutions républicaines, et le Président de la République. En Côte d’Ivoire aujourd’hui, ministres, députés, maires, conseillers généraux, tous ont franchi tous les totems politiques et continuent de se prosterner dans la démagogie nauséabonde : ceux qui ont dirigé la Côte d’Ivoire il y a 40 ans, veulent régler la crise ivoirienne sur fond de nostalgie du passé, le temps au statut confortable. Ils jouent aux héros, aucun respect pour le président de la République et les institutions républicaines. Et puis il y a ceux qui croient que la Côte d’Ivoire est le patrimoine de la Cedeao, l’Onu, l’Union Africaine, l’Union Européenne. Ils pensent diriger leur pays avec les ‘’notes de service’’ de la Maison Blanche, de l’Elysée, ou Banki-Moon. Dans cette comédie politique, les trouillards n’osent regarder les Ivoiriens en face.
Par Ben Ismaël
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