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Société Publié le mercredi 23 décembre 2009 | Nord-Sud

Préparatifs des fêtes de fin d`année : Quand le sexe remplace l`argent

Toujours bien sapées, chaque semaine chez le couturier, parures coûteuses. Comment certaines femmes ``brillent`` sans moyens financiers ? Notre enquête.

Certaines jeunes filles sont prêtes à tout pour être belles, surtout en cette période de fêtes de fin d`année. Lanzéni est bien placé pour en parler. Ce couturier installé au petit marché de Cocody St-Jean vient d`être soumis à une sérieuse épreuve par une de ses clientes qui lui a proposé de payer en nature la confection de quelques ensembles. «Début décembre, elle m`a apporté un tissu pour coudre un ensemble chemisier-pantalon, en me remettant une avance. Deux jours plus tard, la même cliente est revenue avec des pagnes pour la confection de trois autres ensembles. Nous sommes tombés d`accord sur le prix. Avant de partir, elle m`a laissé son numéro de téléphone en me disant que je pouvais l`appeler quand je voulais », relate Lanzéni. N`ayant pas reçu d`appel, c`est la cliente qui va joindre plusieurs fois son tailleur pour lui demander de terminer ses travaux. « Finalement elle s`est présentée le 17 décembre pour les essayages ».

C`est le moment choisi par la demoiselle pour préciser ses intentions au styliste : « Comme nous faisons quelques retouches pour ajuster les vêtements, elle m`a appelé derrière le rideau pour voir le pantalon qui, d`après elle, flottait au niveau de la hanche. Sans arrière- pensée, je me suis exécuté et qu`est-ce je découvre ? Une jeune fille toute nue. Très supris, je n`ai pas le temps de prononcer un mot quand elle me demande d`apprécier le papillon tatoué sur son fessier…». Selon Lanzéni, la cliente lui a proposé des rapports sexuels en ces termes : « J`ai envie d`être avec toi ». Non préparé à une telle proposition, l`homme hésite à bondir sur l`occasion. Il retrouve rapidement ses esprits et explique à la jeune fille qu`il n`était pas prêt à accepter l`arrangement qu`elle voulait. Mieux, il a décidé de ne plus faire de retouches tant qu`elle n`avait pas payé, en espèces, les 18.000 Fcfa qu`elle lui devait. Plusieurs couturiers, vendeurs de vêtements et autres parures se sont retrouvés au moins une fois devant pareille situation.

Couturiers, les préférés

Toutes les clientes n`ont pas l`audace de se dénuder comme l`a fait cette cliente de Lanzéni pour atteindre leur but. Bien souvent, elles usent de subterfuges pour faire ``tomber`` leur cible. Et bien souvent, ce sont les couturiers qui sont visés. Doulaye, a vu venir vers lui une fille qui avait déjà refusé ses avances. Son atelier se situe derrière le Forum des marchés d`Adjamé. « Ayant appris que j`étais confectionneur de tenues de dames, elle m`a apporté des tissus en prévision des fêtes de Noël et de la St Sylvestre», révèle le couturier qui a fait fi de leur antécédent pour recevoir la demoiselle comme toutes les autres clientes. Le prix de la couture est fixé à 12.000 Fcfa. « Le jour du retrait, Mariam, c`est son nom, se présente sans argent espérant pouvoir emporter ses ``fringues`` gratuitement. « C`était mal me connaître. J`ai refusé de les lui donner. Plus tard, son copain s`est présenté et a pris l`engagement de payer», poursuit Doulaye qui cache difficilement sa joie d`avoir réussi à se venger. Son inflexibilité lui vaut aujourd`hui d`être l`ennemi de la jeune dame. «Je m`en fout et j`ai la conscience tranquille parce que nous n`avons pas eu de relation intime », se réjouit-il. Doulaye dit être prêt à coudre gratuitement des vêtements pour une femme qu`il aime, mais jamais pour « les filles envieuses qui profitent des hommes ». Son collègue Bakary est du même avis. « Je ne prétends pas être un saint, cependant, je ne supporte pas les tentations absurdes et inutiles. Je n`hésite pas souvent à éconduire ce genre de filles », prévient-il. « Seuls les habits de mon épouse peuvent sortir de cet atelier gratuitement », jure Bakary. Pourtant l`homme « aux ciseaux magiques » attire les jeunes filles. A l`en croire, elles ne cachent pas souvent leur désir de se prostituer chez les couturiers : « Mes clientes me caressent les épaules, les mains. Plusieurs fois, on m`appelle pour réparer des fermetures éclair bloquées ou pour rattraper des jupes qui flottent. Lorsque j`arrive, je les trouve généralement en slips. Quand je dois aller avec une, je récupère d`abord mon argent dans la mesure où c`est la raison de ma présence dans cet atelier », précise-t-il. Les couturiers ne sont pas les seules victimes des attaques sexuelles de ces femmes qui n`ont pas les moyens de leurs ambitions. Elles sont également connues chez les commerçants de vêtements féminins, surtout ceux qui sont à l`étage du marché ``Dabanani``à Adjamé, non loin de l`ex-cinéma Roxy.

«On fait comment?»

«Ces filles viennent dans la boutique, essaient les habits comme toute autre cliente et créent une familiarité subite avec toi. Peu après, elles te disent que le costume les intéresse, mais qu`elles n`ont pas les moyens», relate Akossi. Originaire du Nigeria, il est de ces jeunes commerçants Ibo accusés d`abuser sexuellement de leurs clientes qui n`ont pas le cash. Il s`en défend et raconte : « Le 24 décembre 2008, une cliente a fait éruption dans ma boutique. Elle a fini les essayages puis m`a dit ceci : ``Ces vêtements sont attrayants, je veux les prendre. Cependant, mon argent ne suffit pas``. Je lui ai proposé de choisir un modèle qui était à la hauteur de ses moyens. Elle m`a rétorqué qu`elle tenait à partir avec le premier qu`elle avait choisi. Elle m`a demandé : `On fait comment ? Je lui ai répondu aussi : On fait comment comment ?`` Elle me dit :

Comme tu veux. Lorsque je lui ai demandé d`être explicite, elle m`a tout bonnement soufflé `` Donnant-donnant ``. Quand tu poses trop de questions, comme je l`ai fait ce jour-là, elles te traitent de villageois, car pour elles, tu dois être à mesure de déceler le code tout de suite dans la mesure où la pratique est devenue une mode dans la capitale économique ». Comme les couturiers, le commerçant déclare avoir rejeté l`offre. La fille l`aurait qualifié de `` pas gentil `` avant de disparaître. D`après Akossi, le refus catégorique entraîne souvent des discussions, voire des injures de la part des demandeuses. Patrice, un autre jeune, commerçant se veut strict et sévère : « Je ne suis pas venu du Nigeria pour courir après des femmes ou distribuer ma marchandise. Quand une fille rentre dans ma boutique et tourne trop, je la chasse. Car, quand une fille demande un habit contre son sexe, c`est que le commerçant lui en a donné l`opportunité », estime-t-il.

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