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Société Publié le mardi 5 janvier 2010 | Le Mandat

Tendances musicales - Du concept au succès

En Côte d'Ivoire, la fécondité culturelle est très active sur le plan musical. On observe une multitude de concepts qui sont, pour certains farfelus, et pour d'autres originaux. Quoiqu'il en soit, de l'un ou de l'autre de ces aspects, tous les concepts musicaux qui ont transité en Côte d'Ivoire ont eu leur succès parmi les passionnés de la musique (succès parfois général et pérennisé). Cette passion prononcée des rythmes musicaux est même allée jusqu'à l'incorporation de cultures musicales venues de d'autres pays dans la musique ivoirienne (l'exemple du ‘’Batchingué’’ illustre bien cette idée), ce qui fait de celle-ci, une culture exotique sous son aspect musicale, et une culture en général admirée par les pays voisins. Les lignes qui vont suivre donneront un panorama général sur l'esprit culturel ivoirien, dans son aspect surtout musical et attrayant, ainsi que la cadence avec laquelle les citoyens la vive.
Les tendances musicales d’aujourd’hui
L'idée selon laquelle la culture musicale ivoirienne constitue un exemple pour certaines nations ne tire pas son origine seulement dans la promotion faite à l'extérieur par les acteurs du showbiz (concerts, tournées...), mais également dans l'appréciation et le goût que les habitants du pays développent pour elle. Il faut en effet remarquer les deux étapes essentielles que franchissent, en général, les tendances musicales pour arriver au stade de concept national: l'étape primaire (c'est-à-dire création et évolution locale au quartier ou au village) est suivie de la seconde, qui porte définitivement à la notoriété (concerts géants, voyages, studios etc.). Selon le genre de musique, les conditions à chacune de ces étapes diffèrent considérablement et cette différence porte sur l'esprit du concept et aussi sur le nom du concept: très souvent, le nom du concept a un sens qui dérive de l'esprit dans lequel il a été créé. Deux exemples illustrent ces propos: Le’’ zouglou’’ est un genre (non musical à l'origine) qui devait être destiné à décrier les maux et tares de la société ivoirienne, ou très précisément les difficultés sociales auxquelles sont confrontées les populations urbaines. Son nom tire son sens étymologique dans cette optique. Le coupé-décalé a été créé en 2002-2003 par un groupe de jeunes gens (apparemment oisifs), avec à leur tête Stéphane Doukouré (connu sous le nom de Douk Saga). Il se veut amusant, distrayant, parce que selon ses concepteurs, il apparaît en plein conflit armée et apporte la joie dans les cœurs déchirés et l'espérance devant les illusions perdues. Ainsi, chaque concept musical a sa source d'inspiration, son histoire et son message (pour les plus sérieux). C'est ainsi que tous les concepts nationaux ont eu leur succès. Ensuite, lorsque par une politique assez rigoureuse, l'œuvre musicale arrive au grand public, une appréciation globale s'impose pour donner ses valeurs culturelles et tendancielles au concept sur le plan national ou international, car tous les genres musicaux sont célèbres parce que la majorité, dans l'opinion publique, s'accorde à le dire. Ce fut le cas avec le ‘’ziglibithy’’, en 1970 dont le précurseur s'appelle Ernesto Djédjé (1947-1983). C’est aussi actuellement l'exemple du ‘’zouglou’’ dont on a parlé plus haut. Amélioré depuis les années 1990 et en 2000, il fait son apparition en France ou il est accueilli en grande pompe avec le groupe Magic system. Depuis les années 2002-2003, il existe un genre nouveau d'ambiance faite par des animateurs qu'on appelle D.J. Ces derniers ont développé un genre musical accompagné surtout de pas de danse (comme le faisaient en 1997-2000, les concepteurs du ‘’Mapouka’’); en 2008, ce fut le ‘’Fatigué fatigué’’ et en 2009, la danse dite de la grand-mère ou simplement le ‘’Kpangor’’ (vélo en langue baoulé) qui reste la plus célèbre, suivi du ‘’Sanguêbê’’.
Appréciations et influences
La renommée de certaines musiques de Côte d'Ivoire a eu des échos, même au-delà de la frontière. Bien que célèbres , certains types de musiques n'ont pas eu le succès extérieur; on peut citer le Pollié (avec Gnaoré Djimmi), le Zoblazo (de F. Meiway) qui tend maintenant à avoir l'ampleur internationale. Au Burkina-Faso, en Guinée Conakry, au Bénin... on adopte souvent le système ivoirien de "fête", accompagné de la musique d'origine. Celui-ci se passe dans un cadre ouvert, plus ou moins public, où on sert éventuellement la boisson et la nourriture, et qu'on appelle ‘’ maquis’’. Les maquis sont en général, les principaux moyens de diffusion de la musique d'ambiance (surtout), mais aussi de bon nombre d'autres musiques nationales ou étrangères. L'adaptation des concepts les plus populaires telle que la ‘’Sagacité’’ est fréquente. Dans les pays voisins ou même lointains, certains artistes ou particuliers s'adonnent remarquablement aux agissements d'impression financière pratiquées par les ivoiriens qu'on appelle ‘’boucantiers’’. L'apparition des maquis dans les pays voisins, avec le même caractère, trahit jusqu'à l'exotisme culturel et moral des habitudes voisines, par cette évocation de la culture ivoirienne. Tout ceci constitue pour les populations d'ailleurs ou d'ici, un moyen de divertissement remarquable et original.
Bilan
Cet aspect de la culture ivoirienne représente en réalité très peu pour celle-ci mais il est de loin, le plus adopté par la majorité des populations urbaines surtout. Et, quoique spécifiques à la Côte d’Ivoire, tous ces concepts ont des liens directs ou indirects avec l'occident. Ce qui a, en partie, participé à leur vulgarisation. Parce qu'ils bénéficient des techniques occidentales, leur expansion est notable et ils semblent répondre au goût urbain, mieux que les rythmes traditionnels, qui sont jusqu'aujourd'hui ignorés par la population urbaine en général.
Adèle Kouadio
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