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Politique Publié le mardi 5 janvier 2010 | Le Patriote

Affaire "tu n’as rien, tu n’es rien…" - Gbagbo, de l’opposition au pouvoir : Le socialiste s’est effondré devant l’argent "Avant on n’avait rien. Maintenant, on a un peu"

Ce discours de Laurent Gbagbo, produit en 2005, soit cinq années après son accession au pouvoir, est tout un programme. Au-delà d’un aveu de richesse subite, cette profession de foi se précise comme l’histoire d’un homme au parcours difficile. En somme un indigent politique. Dire que Laurent Gbagbo était un grabataire sous l’opposition, c’est enfoncer une porte ouverte. Lui-même n’a jamais eu de cesse de parler de son enfance. Ainsi, nous apprend-il que lorsqu’il était « petit, il volait souvent ». Il y a également l’anecdote qu’il racontait sur les vendeuses d’attiéké du marché de Gagnoa, avec lesquelles il rusait, pour manger sans frais. Quand il était en lutte contre Félix Houphouët Boigny et le PDCI RDA, Gbagbo était une identité remarquable. Avec ses compagnons de lutte, avec qui il animait, selon les propos de Laurent Dona Fologo, « le ministère de la parole », il affichait barbes et cheveux hirsutes. Hormis son modeste titre de professeur, Gbagbo n’était pas un nanti. Il disait prestement à qui pouvait l’entendre que son compte bancaire était vérifiable à la Riviera, le quartier où il résidait avant sa prise du pouvoir. Pour mener son combat politique, l’homme n’avait donc pas d’argent à donner, comme il le fait en ce moment, avec la foire des débauchages tous azimuts. Cependant, il en recevait beaucoup, surtout de ses adversaires politiques. En premier lieu, Félix Houphouët Boigny dont la philosophie consistait à ne pas voir ses opposants dans la disette et la pauvreté. Le camarade socialiste ne disait pas autre chose : « Moi, à Ouragahio, quand j’étais candidat à la députation, ils sont arrivés avec 150 millions de FCFA. Nous avons récupéré une partie de cet argent pour battre campagne ». Nous étions déjà en 1990, dès les premières heures de la restauration du Multipartisme. C’est ce qui a expliqué ce désormais célèbre discours de l’ancien opposant historique. « Si le PDCI vous donne de l’argent, prenez et bouffez. C’est votre argent », clamait-il à l’époque face à ses partisans. A la disparition du premier président ivoirien, le seplou de Mama a continué à être assisté par ceux qu’ils nomment « les héritiers », Bédié et Ouattara. Ainsi, pendant son alliance avec le Rassemblement Des Républicains, toutes les manifestations du Front Républicain étaient prises en charge par les républicains. Selon des sources bien introduites, la campagne de Laurent Gbagbo, pour les législatives anticipées de Ouragahio en 1996, a été entièrement financée par le président du RDR, Alassane Ouattara. Sous le président Henri Konan Bédié, des poches à sous lui étaient également réservées dans certaines entreprises de la place. Parvenu au sommet de l’Etat en octobre 2000, dans les conditions que l’on sait, le camarade socialiste n’a pas varié dans sa posture. Maintenant, ayant les commandes du pays, avec tous ses leviers économiques, il peut se donner autant de moyens qu’il le souhaite. En plus du fonds de souveraineté de 75 milliards qu’il se réserve tous les ans sur le budget national, il a un salaire mensuel de 9 millions plus de nombreux avantages. L’homme qui se vantait de nous avoir « ôté le bâillon qui nous empêchait de parler », est donc sur un nuage. Il a atteint les hauteurs de l’Olympe et regarde ses compatriotes avec le mépris des « nouveaux riches ». Il nargue ses bienfaiteurs d’hier et suspend à tour de bras, les salaires des fonctionnaires. « Le fauteuil présidentiel n’est pas un banc », mais il peut perdre celui qui y est assis da façon provisoire, s’il n’est pas initié à la gestion des affaires. De l’opposition au pouvoir, Laurent Gbagbo a oublié et s’est oublié. Du sommet de la montagne, il a perdu de vue ses origines modestes. Plus grave, les feux de la gloire et du pouvoir ont pratiquement consumé « l’enfant de pauvre », comme il aimait à se présenter pendant les périodes chaudes de la lutte pour la démocratie.


Bakary Nimaga


L’homme a trahi tous ses bienfaiteurs

Une plaisanterie de mauvais goût dont l’effet boumerang retourne inéluctablement vers son auteur. À la présentation des « experts » de sa campagne électorale, Gbagbo a prétendu que son adversaire qu’il redoute pourtant le plus, en l’occurrence Alassane Ouattara, « n’est rien et n’a rien ». On ne peut être qu’interloqué devant un tel raccourci qu’a pris le candidat du FPI pour parler d’ADO quand on sait ce que le leader du RDR lui a rendu comme « petits services » dans un passé récent. L’homme a certainement oublié ses visites chez les Ouattara et les amis de Ouattara ici comme ailleurs. Bref ! Même si on pense, à tort d’ailleurs, qu’en période préélectorale, tous les coups bas truffés de falsification de l’histoire et dégageant la puanteur de l’ingratitude caractérisée sont permis, la sagesse recommande que l’on puisse avoir un minimum d’égard pour ses bienfaiteurs d’hier. Il y a des limites à ne pas franchir. Le candidat du FPI, malheureusement (et c’est son habitude) n’a cure de cette maxime. En vérité, l’homme s’est toujours retourné contre ses bienfaiteurs que les circonstances de l’histoire lui ont permis de rencontrer. Qui ne se souvient pas ses exutoires verbaux accompagnés de raillerie contre le président Bongo du Gabon, au plus fort de la crise ivoirienne. Prétextant que le doyen d’alors des chefs d’Etat africains avait des préférences pour le Dr. Alassane Dramane Ouattara, Laurent Gbagbo n’a pas hésité à le traiter de tous les noms, jusqu’à le qualifier de «rigolo » dans une interview accordée à un journal français. Et pourtant, Dieu seul sait ce que ce « rigolo » lui a rendu comme services. Pour mémoire, quand il y a eu le coup d’Etat militaire en 1999 qui a renversé le régime Bédié, Gabgbo était ce jour là, comme il a eu lui-même à l’affirmer plus tard, dans le salon de Bongo. C’est grâce à la générosité de ce « vieux rigolo » qu’il a pu regagner la Côte d’Ivoire en passant par Bouaké via le Burkina Faso. Le Faso, un pays dont le président, Blaise Compaoré, lui a été d’un soutien déterminant pendant ses années d’opposant. Le président du FPI n’est sûrement pas rentré les bras ballants du Gabon. Konan Bédié dont il s’est réjoui de la chute du régime, fait partie des personnalités dont la générosité a profité au Woody de Mama. L’on raconte que ses relations très amicales avec Yobouet Lazare alors Président du conseil d’administration de la Société ivoirienne de raffinage (SIR) sous Bédié ne sont pas fortuites. Les compagnons de lutte du camarade socialiste qui ont fait les frais de sa trahison sont légion. Tout près de nous, il y a le général Robert Guéi avec lequel il a passé un gentleman agreement qui a contribué à dévoyer la transition militaire. Là encore, tout le monde sait comment le patron de la junte a payé cette collaboration. Cracher dans la soupe après s’en être délecté est le jeu favori du chef de la refondation. Sa sortie contre le président du RDR en est une autre preuve.

Ibrahima B. Kamagaté
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