x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 6 janvier 2010 | Le Patriote

Déchets toxiques : Affaire 22,5 milliards de Trafigura - Vigilance, on veut voler l’argent des 31.000 victimes

Depuis le 21 octobre 2009, les 22,5 milliards devant servir à l’indemnisation de 29.624 victimes des déchets toxiques sont sous séquestre. Cet argent tant attendu par les bénéficiaires n’a pu donc être distribué par la volonté d’un homme : Gohourou Claude François. Ce dernier récuse aujourd’hui le cabinet d’avocat anglais qui a mené les négociations avec Trafigura. Et pourtant….

Manifestement, la frénésie devant l’odeur du souffre dévoile souvent la nature de l’homme dans toute sa laideur. Le spectacle qui entoure aujourd’hui les 22,5 milliards destinés à l’indemnisation de 29.624 victimes ivoiriens des déchets toxiques met tout simplement en lumière une certaine rapacité des hommes, une voracité d’un cynisme répugnant. Mais aussi le manque de justice. Pour mieux comprendre l’escroquerie à grande échelle qui se profile sous nos yeux, il faut peut-être rappeler les faits.


De quoi s’agit –il ?

En 2006, des victimes d’Angré Djibi et d’Akouédo, prennent l’initiative de déposer une plainte devant la haute cour Britannique afin d’amener Trafigura à réparer le dommage que les populations de ces quartiers ont subi du fait de leur exposition aux déchets toxiques du Probo Koala. La plainte est jugée recevable sous la conduite du Cabinet Leigh Day and Co. D’autres associations de victimes de déchets toxiques les rejoignent. Alors que le procès était annoncé pour début octobre 2009, Trafigura propose une négociation avec le cabinet. De ces négociations naîtra un protocole d’accord d’indemnisation de chacun des 29.624 victimes à hauteur de 750.000 FCFA. Le cabinet relaie l’information aux concernés qui marquent leur approbation. Le 24 septembre 2009, les 22,5 milliards sont versés sur un compte ouvert à la SGBCI au nom du cabinet.

Pour sécuriser le mode de paiement, le Cabinet Leigh Day and Co propose aux victimes le système de carte pré alimentée avec un code confidentiel pour chaque bénéficiaire. Trois semaines plus tard , 90% des 29.624 victimes disposaient déjà de leur code confidentiel et il ne restait qu’à entamer le paiement quand, contre toute attente, une ordonnance de séquestre du compte en question intervient le 21 octobre 2009. A l’origine de ce blocage, une requête de Gohourou Claude François, président du collectif des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Cnvtd-ci) qui exige que les fonds soient versés sur le compte de son association.

Quand l’argent divise

Le 06 novembre, la justice déboute Gohourou au motif qu’il n’a pas la qualité juridique pour représenter l’ensemble des 29.624 victimes. Aussitôt, les avocats des victimes introduisent une requête de main levée sur le compte. Une requête qui reste, malheureusement, sans suite jusqu’ici.

Entre-temps, Gohourou qui fut débouté avec l’argument de non qualité juridique revient à la charge, en exigeant, cette fois, du Cabinet une copie du protocole d’accord signé avec Trafigura. Pis, il reproche sous le couvert du Cnvtd-CI au Cabinet anglais de n’avoir pas associé les représentants d’associations aux négociations. Un revirement bien étranger. Car Gohourou aurait été bien-fondé dans sa démarche s’il avait posé tout ce dont il réclame aujourd’hui avant la signature du protocole. Lui qui sait pertinemment que le contrat qui lie les victimes au Cabinet est un contrat individuel qui engage chaque victime et non un quelconque représentant.

Faut-il d’ailleurs préciser que sur les 29.624 victimes bénéficiaires des 22 milliards, 1818 personnes seulement dans la zone de Vridi Canal sont affiliées à l’association de Gohourou. Et que dans le cadre de cette indemnisation, les victimes ont bien volontiers accepté de céder 3% de leur indemnisation aux structures dont elles sont affiliées. A titre d’information, Gohourou a perçu le 9 octobre 2009, la somme de 15.575.625 FCFA au titre du collectif des victimes des déchets toxiques d’Abidjan sud 3 dont il n’est plus le président depuis peu. La question que l’on se pose maintenant c’est de savoir pourquoi onze jours après avoir « levé l’impôt sur ces victimes », il décide d’empêcher les autres de percevoir leur argent? Ces procédés dilatoires visent-ils, honnêtement, quel but si ce n’est de se sucrer davantage sur le dos de milliers de personnes dont la souffrance ne semble émouvoir personne.

Selon certaines victimes que nous avons pu rencontrer, Gohourou les aurait fait croire que le fait que les fonds sont domiciliés sur le Compte du Cabinet Leigh Day and Co, profite aux avocats en termes d’intérêts générés. L’émission de cette idée a suffi pour que des victimes prennent position pour lui ; légitimant en quelque sorte son action de sabotage. Notons que dans sa machination Gohourou n’a pas reçu l’onction de tous ceux dont il se prévaut de représentant. A preuve, le président du collectif des victimes des déchets toxiques d’Abidjan Sud 3, Charles Koffi s’est désolidarisé de lui en dénonçant ses intrigues. Devenu depuis lors le porte-parole des victimes du Cabinet Leigh Day and Co, Charles Koffi semble faire face aujourd’hui à une machine aux reins solides voire d’acier. C’est que Gohourou n’agit pas seul dans cette affaire. Il est avéré que des mains obscures lui assurent protection et soutien dans ces agissements. Le premier visage de cette nébuleuse, découvert reste la Fesci et son éternel parrain Kacou Brou dit K.B.

Mais Gohourou traîne des casseroles

Faut-il rappeler que Gohourou Claude François et un agent comptable du trésor du nom de Danon sont depuis le 26 septembre 2009 sous le coup d’une procédure judiciaire N° 5610 DGPN/DPC. Ils sont accusés dans le cadre du paiement des 100 milliards de Trafigura négocié par l’Etat de Côte d’Ivoire au bénéfice des victimes des déchets toxiques, de falsification de documents et de retrait de plusieurs millions de FCFA en lieu et place des vrais bénéficiaires. Gohourou a pu s’inviter dans le périmètre du Trésor sous le couvert de sa fameuse coordination dont l’existence légale n’a été reconnue que le 13 août 2009 par le ministère de l’Intérieur. Fait extrêmement bizarre quant on sait que c’est sous le couvert de cette coordination qu’il est accusé d’avoir grugé de pauvres victimes des déchets toxiques. Imaginez un seul instant que l’argent des 29.624 victimes ait été versé sur le compte de la Cnvtd-ci. A l’évidence, les motivations de Gohourou ne peuvent pas être dans l’intérêt des victimes comme il veut le faire croire.

Aucune victime ne peut accepter, s’il n’est manipulé, d’associer à son indemnisation quelqu’un qui fait l’objet d’une procédure judicaire pour une implication dans une question de détournement de fonds destinés à d’autres victimes des déchets toxiques. A l’évidence, la probité de cet agitateur est sujette à caution. Et la boutade prévient que « qui a bu boira ». La justice doit être regardante sur les motivations réelles de Gohourou.

D’ailleurs, Charles Koffi dénonce le fait qu’il se serve des victimes comme otages pour des revendications fallacieuses et farfelues dont il est le seul à connaître les tenants et les aboutissants. C’est pourquoi, il interpelle le chef de l’Etat afin qu’il veille à ce que la justice dans son administration et ses décisions puissent rassurer le citoyen lambda quel que soit son milieu social. Car il est à craindre des manifestations de masse en ce début d’année, si d’aventure les indemnisations ainsi obtenues devraient disparaître et que les bénéficiaires n’en voient pas la couleur. Espérons que cette interpellation ne tombe pas dans les oreilles d’un sourd.
Alexandre Lebel
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ