Abobo-Banco : Il était une fois une histoire d’or…

Est-ce l’éclat des pépites d’or ou la grande cupidité qui a fait perdre la tête à Silué Kolo? La facilité avec laquelle cet agent commercial de 29 ans, employé à Tam-Tam Consulting, s’est fait avoir laisse perplexe. L’histoire commence à San Pedro où il se trouve en mission pour le compte d’Aviso CI. C’est Silué lui-même qui relate comment il descend aux enfers. « J’ai été joint au téléphone par un certain Kassy qui prétend me connaître, selon lui, à « Burlob Informatique ». Il m’a soufflé qu’il voulait me confier une quantité d’or de 24 carats pour le compte d’un Européen à Abidjan », affirme le tonitruant agent commercial, qui a pourtant essayé de résister à la tentation. Il refusera dans un premier temps l’offre de son interlocuteur arguant que les histoires d’or finissent presque toujours en eau de boudin. « Je lui ai alors proposé une autre personne mais il a tout de suite refusé. Nous avons gardé le contact jusqu’à ce que je revienne à Abidjan. Un jour, le même Kassy m’a rappelé pour me dire qu’il a remis les 24 carats d’or à un chauffeur de gros camion. Et que celui-ci devait me remettre le précieux métal… », poursuit Silué Kolo qui s’est rendu le lundi 1er février au rendez-vous du fameux conducteur porteur de l’or. Toujours aux dires de l’agent commercial, il remet la somme de 225.000 F Cfa au chauffeur. Ce dernier propose à Silué de vendre l’or à un Européen du nom de Barnier très intéressé par ce type de transactions. Silué Kolo rentre donc en contact avec le sieur John par le biais de Barnier, officier au 43eme Bima. Récepteur, John aurait certifié la qualité du métal. «Nous avons contacté ensemble M. Barnier qui a promis acheter un gramme d’or à 14.250 Fcfa soit un montant global de 14.250.000 millions de francs Cfa. La transaction était fixée au mercredi 3 février. Ce jour-là, dans la matinée, « j’ai reçu un coup de fil d’un anonyme me demandant de faire très attention car des escrocs venaient de me tendre un piège », laisse encore entendre Silué Kolo.


Silué, hanté par la peur


Le virage pris par l’affaire sème alors le doute chez le potentiel acquéreur. Il sent qu’il est victime d’une escroquerie orchestrée par Kouassi Kouakou Bienvenu. En effet, les prénoms John et Barnier n’étaient en réalité qu’un subterfuge pour camoufler l’identité de Kouassi Kouakou Bienvenu. Ce lascar a 35 ans et est convoyeur à la Compagnie de transport nommée Sipat. Les cars de cette société relient Abidjan et Séguéla. Le fieffé escroc habite dans la commune d’Anyama. Pour découvrir le pot aux roses, Silué teste à nouveau le minerai. Et surprise des surprises, il découvre que le prétendu précieux métal était tout sauf de l’or. « C’est ainsi que je l’ai conduit au commissariat de police pour escroquerie », souligne l’infortuné agent commercial. Dans le cadre de notre enquête, nous sommes entrés en contact avec le plaignant. Joint au téléphone il nous a gentiment indiqué qu’il a mis une croix sur cette affaire.

Visiblement hanté par la peur et le traumatisme, Silué Kolo refuse donc tout entretien. C’est son avocat, il a refusé de décliner son identité pour des raisons que l’on ignore, qui balbutie au téléphone. Surpris, il tient à savoir comment l’affaire de son client a été répandue. « Comment avez-vous obtenu le numéro téléphonique de mon client ? Donnez-moi le nom de votre rédacteur en chef. Nous ne voulons pas coopérer avec vous. N’appelez plus mon client pour quoique ce soit… », nous a-t-il lancé, énervé, en nous raccrochant au nez. Quant au prévenu, il indique lors de son audition au poste de police du 21ème arrondissement, qu’il a fait la connaissance de Kassy en février au barrage de Séguéla. Selon lui, son patron lui avait demandé de convoyer des camions sur Abidjan. « C’est chemin faisant que j’ai rencontré Kassy et nous avons échangé les contacts. Il m’a appelé un peu plus tard pour me dire qu’il devait me remettre une quantité d’or que je devais donner à un certain Barnier », soutient Bienvenu, en précisant qu’il n’avait pas encore fini de prononcer ces mots lorsque trois individus se sont présentés à lui. « Ils m’ont ceinturé et m’ont conduit au commissariat de police », a-t-il marmonné. Le prévenu, lui, reconnaît l’accusation d’escroquerie. Il a donc été déféré au parquet depuis le vendredi 5 février. Bienvenu est attendu devant le tribunal le 19 février. Silué Kolo devra se constituer partie civile et se présenter à la barre. Une histoire d’or qui se termine finalement en queue de poisson…


Une enquête de Bahi K.