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Économie Publié le lundi 22 février 2010 | Nord-Sud

Grosses coupures de courant ; Quand le délestage augmente le nombre des chômeurs

Les grosses coupures qui sont devenues récurrentes surtout dans les villes de l'intérieur du pays, font planer de graves menaces sur les activités économiques à telle enseigne que de nombreuses personnes se retrouvent temporairement au chômage.


Les délestages qui ont lieu depuis pratiquement deux semaines dans les villes de l'intérieur et plus particulièrement dans les zones Centre, Nord et Ouest commencent à avoir des conséquences graves sur les activités économiques. De nombreux emplois sont, de plus en plus, menacés en raison de la crise de l'électricité qui secoue le pays. A l'instar de la quasi-totalité des villes en zones CNO, la capitale du Denguélé est frappée par cette pénurie de courant qui a fragilisé les activités économiques. Une situation difficile qui fait que beaucoup de travailleurs se trouvent à la rue dans l'oisiveté. Koné Daouda, responsable d'un atelier de soudure, n'arrive plus à contenir sa douleur ce mardi 16 février. Assis devant son lieu de travail, la minée renfrognée, il regrette avoir quitté sa maison de bonne heure pour venir à son atelier. Puisqu'aucune machine ne tourne véritablement à plein temps à cause des coupures intempestives du courant. «J'aurais dû rester à la maison car tout est bloqué dans l'atelier. Nous n'avons pas de groupe électrogène pour travailler. Sur les 10 personnes qui travaillent ici d'habitude, il n'y a que deux qui sont utiles. Les autres doivent attendre la venue du courant. C'est un chômage temporaire», déplore M. Traoré d'une voix chagrinée. Depuis que les délestages sont devenus monnaie courante dans cette ville, ce soudeur dit ne plus travailler régulièrement. Et cela contribue à démotiver ses employés.

Des travailleurs inquiets

«J'avoue que je n'arrivais plus à supporter la pression occasionnée par les délestages. J'ai demandé à mes employés de faire une rotation afin que chacun puisse gagner un peu d'argent. Même avec cette mesure, on n'arrive pas à s'en sortir parce que le travail est pratiquement arrêté», explique Koné Daouda. En effet, beaucoup de jeunes, surtout des déscolarisés, sont très actifs dans ce secteur qui a pris du plomb dans l'aile à cause de la pénurie d'électricité. «Mon patron m'a demandé de rester à la maison pendant trois jours parce qu'on n'arrivait plus à travailler. C'est vraiment difficile pour moi parce que c'est ce petit métier qui me permet d'avoir un peu d'argent et de soutenir aussi ma mère qui est une sexagénaire», fait remarquer Dembélé Idrissa, apprenti-soudeur et orphelin de père. Pour éviter l'immobilisme total, il a mis à profit ses jours de congés forcés pour accompagner son oncle au champ. «Je ne veux pas rester sans rien faire. Donc en attendant que mon patron me rappelle, j'accompagne mon oncle au champ pour l'aider», soutient-il. Le nombre des «sans-emplois» du délestage semble grossir dans la cité du Kabadougou. Plusieurs secteurs en paient les frais. C'est le cas au quartier Vakabala dans l'atelier du célèbre couturier Soro Abou. Les sept machines à coudre ne sont pas occupées comme d’habitude. Là aussi, on attend. On attend le courant. «J'emploie neuf personnes dans mon atelier. Et vous-mêmes, vous constatez que nous ne pouvons rien faire à cause de la coupure du courant. Si les choses continuent, il serait difficile pour moi de conserver mes employés. Quand on vient au travail et qu'on n'arrive pas à travailler, cela devient inquiétant pour tout le monde. Puisqu'il faut prendre des mesures pour survivre», fait savoir le couturier. Selon lui, c'est quand le travail se fait régulièrement et correctement que sa structure arrive à faire des recettes. Les coupures de courant semblent avoir raison de lui.

Risque d'aggravation de la pauvreté

Ne disposant pas de groupe électrogène, il a donc prévenu ses collaborateurs qu'il va procéder à un dégraissage, le temps que tout se normalise. Et depuis, une grosse inquiétude se lit sur le visage de certains travailleurs. Même s'ils sont conscients que ces mesures annoncées par leur responsable, peuvent être justifiées, ils craignent cependant le temps qu'ils passeront sans emploi. «C'est la psychose générale. Parce que le premier responsable de l'atelier nous a prévenus qu'au moins, trois des neufs employés que compte la structure, se seront libérés temporairement», se préoccupe l'un des employés. Non loin de l'atelier de Soro Abou, se trouve «Multi informatique », la structure de Moussa Fanny. Il a monté sa petite activité pour proposer la formation informatique et la vente d'accessoires. Aujourd'hui, il y règne un calme plat à cause de la coupure de courant. Habituellement, sa structure ne désemplit pas. Car, M. Fanny initiait un groupe de jeunes filles déscolarisées à l'outil informatique. Elles ont déserté le lieu d'apprentissage, faute d'électricité. Le propriétaire de «Multi informatique» est juste venu pour faire le nettoyage. Parce que sa structure est située en bordure d'une voie non bitumée. Les véhicules et les motos qui y passent, laissent derrière eux d'énormes bouffées de poussière.
«Vous allez certainement trouver ma réaction curieuse, mais je pense que je suis contraint au chômage à cause des coupures du courant. Je perds de l'argent parce que les jeunes filles que je forme d'habitude, ne fréquentent plus ma structure. Je viens juste pour faire le nettoyage», affirme-t-il. La situation est véritablement préoccupante dans plusieurs localités. De Minignan à Bako en passant par Samatiguila, Goulia Madinani et Tiémé, les travailleurs doivent imaginer des solutions pour préserver leurs emplois menacés par ces délestages. M. Tane Dély, lui, est entrepreneur. Il est obligé d'interrompre pendant les moments de délestage, les travaux de construction de la clôture de la mairie faute d'eau pour pétrir le béton. Conséquence immédiate découlant de cet arrêt des travaux, ses manœuvres Doumbia Koné et leurs 4 compagnons doivent attendre le retour de l'électricité pour reprendre du service. Quant aux fabricants de briques, à cause de la pénurie d'eau, ils sont obligés de stopper leurs activités, le temps que le courant actionne à nouveau les turbines de la Sodeci. «Si le délestage doit durer quatre mois comme on nous l'a dit, nous devrons craindre la fermeture de notre société», affirme M. Mobio Antoine, responsable de l'entreprise fruitière, coopérative des fruits du nord (Cofruno). Si les activités de cette entreprise venaient à s'arrêter, souligne le responsable, ce sont deux cents employés qui iront au chômage. Samassi Ahmed est l'un des employés de Cofruno qui confie son sort à Dieu : «Je prie afin que le délestage n'atteigne pas les quatre mois. Sinon, que deviendrais-je quand on sait que c'est dans cette entreprise que je gagne ma vie.» La pauvreté qui sévit depuis le début de la crise dans cette région, risque de s'aggraver avec les nombreux délestages qui fragilisent plusieurs secteurs d'activités.


Tènin Bè Ousmane à Odienné
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