Délestage, coupures d’eau, élections… - La Côte d’Ivoire, un pays KO debout

Des femmes parcourant la ville d’Abidjan, avec sur la tête des bassines et des bidons, à la recherche d’eau potable. Des ménages qui doivent désormais apprendre à vivre sans électricité. Le tout dans l’indifférence totale des gouvernants qui, en ces périodes de grands délestages et de coupures d’eau, disposent dans leurs résidences cossues, de groupe électrogène et continuent de boire de l’eau minérale. La Côte d’Ivoire dite refondée est aujourd’hui l’archétype même de l'Etat défaillant. A preuve, depuis le début de l’année, il n’existe pas de gouvernement digne du nom pour faire face aux difficultés qui assaillent les populations. Et pourtant, tout n'est qu'urgence. Pas un secteur qui n’est pas sinistré. Près de 60% de la population végète sous le seuil de pauvreté. Et pendant ce temps que fait le premier des Ivoiriens ? Il tire un malin plaisir à retarder tout : le processus électoral, le nouveau gouvernement, la tenue des élections… Quand il se rend à l’Ena au baptême de la 48ème promotion, il nargue les pauvres parents obligés de débourser des millions Fcfa pour faire entrer leurs progénitures dans cette école censée former les cadres de l’administration ivoirienne. « On dit qu’on paie pour entrer à l’Ena. Si c’est vrai, arrêtez. Si ce n’est pas vrai, dites aux Ivoiriens que c’est faux ». Voila avec quelle légèreté le sommet de l’Etat règle la question de la corruption qui a gangrené l’administration. Le secteur de la santé, l’école, les infrastructures économiques etc., tout part en lambeaux. Demandez au grand chef de faire un tour dans les Chu et il se rendra compte qu’ils sont devenus inhospitaliers. Les populations, elles, continuent d’encaisser stoïquement. « Pas d'eau potable, pas de courant, rien à manger », peste un une mère de famille. Voila ce qu’en pense l’Ivoirien de la rue. « C’est la faillite de l'Etat. Ça fait des années que nous sommes dans le même merdier. » On ne se fait aucune illusion sur le nouveau gouvernement qui peine à se mettre en place. Cette équipe-là ne peut pas sortir le pays de l'ornière. Il a plutôt besoin d’un électrochoc salutaire.


Jean Roche Kouamé