x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le samedi 6 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Lutte contre le racket : Les chauffeurs n’y croient pas

Les corps habillés ivoiriens pourront-ils se défaire de cette image d'éternels racketteurs ? La réponse varie selon le secteur d'activité : oui, pour certains à "la seule condition que cela touche aussi plusieurs autres secteurs infectés par la corruption". "Non, c'est impossible!" Répondent, de façon unanime, d'autres. Notamment, les chauffeurs de transport en commun interrogés qui arguent être les grandes victimes du racket des policiers.
1er mars 2010, il est un peu plus de 21 heures. Sur l'axe Liberté-Abobo, précisément au niveau du carrefour cimetière, il y a un léger embouteillage alors qu'il ne semble pas avoir d'accidents de circulation."Je suis sûre que ce sont encore les mendiants ", s'exclame un passager assis près de nous. Poussés par la curiosité, nous lui demandons de quels mendiants il s'agit et pourquoi viennent-ils bloquer la circulation en pleine nuit ? C'est alors que notre voisin nous demande d’un air étonné si nous venons d'arriver en Côte d'Ivoire. " Vous ne savez pas que nous parlons des gendarmes ou vous faites exprès ! Ce sont de vrais mendiants et ils nous le démontrent toujours en passant tout leur temps à racketter au lieu de faire leur travail ", nous rétorque-t-il avec dédain.

Le racket continue toujours
Les gendarmes en question, munis de torche et de sifflet, font des signes aux apprentis chauffeurs afin qu'ils passent à la caisse auprès d'eux-mêmes ou de leurs chefs. Ces derniers déposent rapidement la somme de 500 Francs aux chefs assis sous un hangar de fortune et donnent leur numéro matricule pour ne pas avoir à payer le double, lors d'un autre passage. Puis ils continuent leur route, en proferant des injures. "Ce sont des maudits…C'est à cause de ça qu'ils finissent mal ", disent-ils et les commentaires vont bon train. Les gendarmes sont traités de tous les noms par les passagers et les chauffeurs.
A en croire les apprentis, aucun ne peut y échapper. Du chauffeur de wôrô-wôrô, en passant par les chauffeurs de gbaka et de taxis compteurs, tous doivent donner " quelque chose " (Ndlr : l'argent) aux gendarmes, au risque de ne pas continuer leur chemin et de perdre par conséquent leurs clients. "Souvent même tu as tes pièces, mais ils te disent de verser quelque chose", nous dit Ali D, à la question posée de savoir pourquoi les pièces des véhicules ne sont jamais à jour.
Et pourtant, une phase pilote du projet de lutte contre le racket et les tracasseries routières a été lancée le 19 janvier dernier, au corridor de Gesco à Yopougon. En présence de nombreuses personnalités dont le ministre de la Défense, Amani N'Guessan. A la suite de ce lancement, des affiches publicitaires ont été postées sur de grands panneaux qui ne peuvent échapper à vue d'œil dans la capitale économique. Mieux, un numéro vert a été communiqué pour que la population signale tout abus d'autorité ou de corruption des Forces de l'ordre. Cependant, jusqu'à ce jour, ce message publicitaire de ces pancartes mise en place par le comité technique de contrôle de la fluidité routière, dirigée par le Chef d'état major de l'Armée, le général Philippe Mangou, pour sensibiliser les forces de sécurité et les acteurs du racket, semble être tombée dans les oreilles des sourds. Tant le racket continue son chemin au nez et à la barbe de tous. "On a même l'impression que c'est maintenant que les policiers et les gendarmes prennent un nouvel envol dans leur histoire de racket", nous a confié, M. Koffi, un passager d'un véhicule de transport en commun en partance pour Cocody. Il était ulcéré par les agissements d'un agent de force de l'ordre, dans la matinée du 2 mars dernier. En effet, ce policier, posté au virage non loin du lycée technique (à Cocody) a soutiré la somme de cinq cents francs Cfa (500 Fcfa) au chauffeur qui n'était pas en possession de toutes ses pièces. Sans aucune gêne et au vu et au su des passagers, il a osé faire la monnaie au chauffeur qui avait un billet de mille francs (1000Fcfa).

Pas si facile que cela
Pour Ange, un autre passager, le racket des policiers ne peut être efficacement combattu ainsi. " Les chauffeurs mêmes sont complices du racket parce qu'ils ne possèdent jamais les pièces de leurs véhicules " et d'ajouter en ce qui concerne le numéro gratuit qu'il s'agit d'une pure distraction. "Tu vas beau appeler, ils ne vont même pas venir, on a vu ça ici, il y a quelques années ", nous a-t-il déclaré. A notre niveau, nous avons composé le centre d'appel (115) sans pouvoir avoir un interlocuteur à l'autre bout du fil.
Pour Ouattara, chauffeur de wôrô-wôrô, " tout est une question d'éducation et d'un code de bonne conduite que l'on se fixe dans la vie ". Aujourd'hui, de nombreux chauffeurs de transports en commun, toutes tendances confondues sont sceptiques quant à la lutte contre le racket. Pis, ils n'y croient pas dans la mesure où ils pensent que les Forces de l'ordre postées sur la route ne sont que la face visible d'un immense iceberg qui mettra beaucoup de temps pour fondre.
Cinthia R Aka
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ