Double concerts reggae : U-Roy sublime, même dans le noir

Les amoureux de la musique reggae ont eu droit à deux concerts mémoriaux vendredi et dimanche derniers au Palais de la Culture et au Parc des sports de Treichville. Pour ses premiers concerts dans un pays africain francophone, le fondateur du style ‘’deejay’’ a confirmé son talent mettant des spectateurs en délire.

Son âge n’aura pas, un seul instant, altéré la qualité du spectacle. Coiffé d’un chapeau multicolore (jaune, marron et noir) et vêtu d’une tunique africaine (blanche) brodée aux couleurs rasta (rouge-jaune-vert) avec une étoile au centre, d’un pantalon tissu (marron clair) et d’une paire de chaussures de la même couleur (plus foncée), Daddy U-Roy a donné son premier concert, vendredi, dans un pays africain francophone. Le Daddy est monté sur scène au-delà de 22 h 30, à la suite de Spyrow, Kajeem et Ismaël Isaac qui ont chauffé la salle Anoumanbo du Palais de la culture (4.000 places) durant la première partie du spectacle. Avec une voix reconnaissable parmi mille autres, le créateur du style deejay tient en haleine le public amoureux de la musique reggae, pendant près de 2 h 30. Une constance dans la voix, mais aussi, dans le jeu scénique. Juste un mouvement du pied, une façon élégante de bouger le corps et le micro. Une valse avec la mélodie. L’expérience du Daddy réduit au respect les quelques pessimistes qui doutaient de sa capacité à enflammer encore une foule. « A 70 ans, il a le ‘’vibes’’ en lui », a commenté un amoureux du reggae. C’est le titre ‘’Bunny bunny bunny’’, qui entame le voyage musical avec le public d’Eburnie. Une mosaïque humaine, composée d’une forte communauté européenne. Ensemble, ‘’Black & White’’ (Noirs et Blancs), ont vibré sur toutes les chansons. Une musique constante par le rythme et émotionnelle par les timbres vocaux. Des chansons aussi belles les unes que les autres. La touche ‘’deejay’’, avec le dub, la guitare basse, est reconnaissable. Le tout auréolé par la voix de U-Roy amplifiée parfois par les échos. Toutes les notes de musique sont vécues par les spectateurs et chacun bouge selon son inspiration. Certains exécutent des gestes soft, d’autres réalisent de véritables chorégraphies. Au-delà de minuit 30, un vent frais souffle sur le palais et une pluie s’ensuit. « That’s a blessing » (c’est une bénédiction), apprécie l’icône de la musique reggae. Et, intervient une coupure d’électricité, une panne technique est à l’origine. Ce qui aurait pu être appréhendé comme une fausse note, fut la partie la plus rythmée du concert. Le batteur du groupe, reprenant seul le relais, a entretenu le public jusqu’au retour de la lumière. Un enchaînement de cadences reggae qui enflamme le public gesticulant dans le noir. On allume les téléphones portables pour témoigner de sa satisfaction. Le retour de l’électricité et du Daddy sur scène est synonyme d’une série d’hystéries. L’un des moments de délire est l’interprétation de ‘’Go there natty dread’’, un titre qui fait l’effet d’une bombe dans le temple du show abidjanais. La chanson ‘’Rebel’’ a mis fin au périple. Un titre repris en chœur par des fans surexcités. Des fanatiques n’ont pas voulu quitter le Palais. « Comme on le dit, les bonnes choses ont toujours une fin », commente un rasta rassasié. 24 heures plus tard, le Daddy a réitéré l’exploit devant un public plus nombreux au Parc des sports de Treichville. « Quand je retournerai en Jamaïque, je dirai à mes frères qu’il y a un peuple formidable en Côte d’Ivoire », a promis le vétéran de la musique reggae qui, depuis son arrivée, n’a cessé de parler de la chaleur du peuple ivoirien. De nombreux chanteurs reggae, dont Tiken Jah Fakoly venu du Mali, ont assisté au concert.

Sanou Amadou (stagiaire)