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Politique Publié le lundi 19 avril 2010 | Le Patriote

Hamed Bakayoko aux Ivoiriens: "Il nous faut un sursaut national pour mettre fin à la médiocrité"

© Le Patriote Par Emma
Rassemblement des républicains - Hamed Bakayoko, directeur central de campagne d’ADO, chargé de la jeunesse
« Le processus de sortie de crise : bilan et perspective ». Tel est le thème autour duquel s’est structuré l’exposé du ministre Hamed Bakayoko. Nous publions de larges extraits de la réflexion du directeur national de campagne chargé de la Jeunesse du candidat ADO.

Le constat de l’illégitimité

On pourrait dire, en deux mots, pourquoi la Côte d’Ivoire est en crise. La Côte d’Ivoire est en crise parce qu’à la tête de ce pays, il n’y a pas de dirigeant légitime. Quand je dis dirigeant légitime, c’est-à-dire un Président qui sait que quand il marche, quand il va dans les sommets, son peuple est derrière lui. Il sait qu’il va avec le mandat de son pays. Il sait que c’est la majorité des Ivoiriens qui lui ont donné leur onction. Un Président qui sait qu’il a son peuple derrière lui, lorsqu’il participe à des sommets de chefs d’Etat, il a le mandat de la majorité de son peuple. Mais Laurent Gbagbo, qui est aujourd’hui le chef de l’Etat sait que quand il marche et même quand il dort, la majorité des Ivoiriens ne sont pas avec lui. Même les sondages qu’il a achetés lui disent qu’il n’a pas la faveur de la majorité de son peuple. Donc, c’est une crise de légitimité, c’est lui-même qui a dit que les élections qui l’ont conduit au pouvoir, ont été « calamiteuses ». Il disait encore récemment, à Jacqueville, que tous les problèmes qu’on vit sont dus au fait qu’on n’a pas encore d’élections. Je crois que c’est une vérité, il faut que vous le sachiez.
Imaginez-vous, quand il est à Dakar au Sénégal, pour les préparatifs de la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance avec une vingtaine de chefs d’Etat. Quand il regarde à gauche et à droite, tous les présidents qui sont là, sont le fruit des élections. Ils viennent de gagner des élections, difficiles ou pas. Ils ont donc le mandat de leur peuple. Vous savez, ne pas être légitime, les gens ne le voient pas, mais c’est un problème pour celui qui se trouve dans cette situation. Il parle au nom des Ivoiriens et malheureusement, il sait qu’il n’a pas leur onction. Quand on arrive à une telle situation, il faut tout simplement conclure qu’il y a un manque de démocratie. Un démocrate, un vrai, ne prend pas ce à quoi il n’a pas droit. Quand tu n’es pas crédible, il va de soi que tu n’es pas fier de porter ce chapeau. Un démocrate, quand il est dans une fonction, c’est qu’il la mérite. Or Laurent Gbagbo sait qu’il est contesté par le peuple. Il y a donc un réel problème de démocratie. Tu es assis là, tu sais que c’est par la force et par des arrangements que tu es là et tu es content de cela. C’est parce que lui-même, Laurent Gbagbo, sait qu’il n’est pas légitime, qu’il a passé des accords qui l’obligent à partager le pouvoir avec un Premier ministre et des ministres qu’il n’a pas choisis. S’il le fait, c’est parce qu’il sait qu’il n’est pas légitime. On en arrive à ces situations d’illégitimité parce qu’à chaque fois, les gouvernants veulent des élections en leur faveur. Et comment procèdent-ils ?
Premièrement, la formule traditionnelle sous les tropiques est d’écarter des candidats. Il y a une compétition dans le village, et tu ne veux pas que certains y participent et avec cela, tu dis que tu es garçon. Tu trouves des stratégies pour les en empêcher. C’est ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire. Mais aujourd’hui, dans notre pays, l’accord a empêché ce procédé. Maintenant, comme ils ne peuvent plus éliminer de candidats, ils veulent réduire les candidats au vote, c’est-à-dire les électeurs. Je suis Ivoirien, et voilà qu’on veut m’arracher mon droit primaire, mon droit de vote. Et le faisant, on touche inévitablement à des piliers fondamentaux de la stabilité d’une nation. Prétendre que « toi, tu n’as pas droit parce que tu n’es pas joli », « tu n’a pas droit parce que ton nez est gros », ou parce que « tu n’es pas Ivoirien », c’est s’attaquer aux fondements de la paix sociale, de la stabilité. Quand on commence à classer les gens, on menace la stabilité de la nation. Je vous invite à interroger des historiens, des intellectuels de renom. La Côte d’Ivoire est l’un des seuls pays où on continue de cultiver ces idées rétrogrades, révolues, dépassées.
Regardez au Gabon, il y a eu récemment des élections. On n’a pas eu ce problème, au Togo, pareil. Ici ou ailleurs, cette diversité constitue une richesse.
J’ai rencontré récemment une communauté, la communauté ivoirienne d’origine Burkinabé. Leurs parents se sont installés ici, il y a de cela bien longtemps avant même l’indépendance. Ce qui fait d’eux des Ivoiriens de plein droit. Ils m’ont dit qu’ils vont prendre des cartes consulaires, parce que dès qu’on voit sur leurs papiers « Ouédraogo », on les traite d’étrangers, alors qu’ils sont Ivoiriens de plein droit. Pourquoi les Ivoiriens ont-ils encore du mal à comprendre cette réalité ? Tout le monde à une origine. Le monde entier comprend cette réalité, sauf ici où cette véritable gangrène continu à ronger la Côte d’Ivoire. On a signé des accords, le dernier en date est celui de Ouaga. Une grande idée et stratégie du président Compaoré : mettre ensemble tous ceux qui sont en conflit et voir s’ils peuvent s’élever au-dessus de la mêlée pour mener à bout, un processus dans un intérêt partagé, pour avancer. Mais, ce que je peux vous dire sur les accords signés dans le cadre de la crise ivoirienne, c’est que ce sont de très, très bons accords. Malheureusement, un bon accord, s’il n’y a pas de volonté pour l’appliquer, il devient un mauvais accord. Tous les accords intervenus sur la crise ivoirienne souffrent du manque de volonté et de bon sens dans leur application. Ce qui nous arrange, on prend et ce qui ne nous arrange pas, on le rejette. A chaque fois qu’on règle un problème on en créé d’autres. J’entends dire qu’on a tué l’accord de Ouaga pour nous amener vers des accords de Dakar. Maintenant, nous on préfère les accords de Côte d’Ivoire. Les accords de Côte d’Ivoire. C’est quand les Ivoiriens auront pris leur responsabilité. Quand vous et moi, nous aurons pris notre responsabilité.

Perspectives de sortie
de crise

Dans la situation actuelle, il ne faut pas aller chercher trop loin. Le pays est bloqué, le pays est bouché, il faut le débloquer. Il faut le déboucher. Comment ? Mais avant de dire comment, je voudrais saluer les femmes de Côte d’Ivoire, les jeunes du RHDP pour toutes les actions qui ont été menées ces derniers temps. Ils sont allés voir les militaires au plus haut niveau, pour un dialogue direct avec eux. Leur dire : vous n’êtes pas nos ennemis, qu’on ne se serve pas de vous pour faire de nous une bouchée humaine. Chacun de nous a un frère ou un cousin dans l’armée. L’armée souffre aussi. Quand le carburant augmente, les militaires souffrent, c’est pour vous dire qu’ils ne sont pas en marge de la misère qui sévit en Côte d’Ivoire. Il ne faut pas tomber dans le piège du pouvoir et faire des militaires, nos ennemis. C’est pourquoi, je félicite ces femmes et ces jeunes, d’avoir eu cet échange clair avec la grande muette en lui disant que tous ceux qui sont manipulés et qui commettront des exactions, tôt ou tard, seront jugés. C’est fini ! Dans ce monde, on ne peut torturer et tuer impunément quelqu’un. Vous voyez jusqu’aujourd’hui, on parle de l’affaire Kieffer. Aujourd’hui, il y a des gens qui sont devant les tribunaux pour des tueries commises il y a dix ans. Il y a 20 ans. Le monde s’est donné des outils pour ne plus tolérer les agissements de ce genre. Il s’agit de l’ONU, cette grosse machine qui met du temps avant de se déployer. Mais quand elle se déploie, elle serre très fort. En Côte d’Ivoire ici, il y a des gens qui sont condamnés. Ils bavardent mais, ils savent qu’ils sont condamnés. Tôt ou tard, ils seront à la barre. Faisons en sorte que nos militaires le comprennent.
Il faut à présent, au cours de nos manifestions, une réaction différente avec l’armée. Nous ne devons plus les agresser. On les manipule contre nous. Si nous les agressons, ils vont continuer avec la brutalité. Au cours des manifestions, il faut leur offrir de l’eau, des oranges… ce ne sont pas eux nos problèmes encore moins nos adversaires. L’armée appartient à tout le monde, il faut multiplier ces campagnes pour la sensibiliser.
Que nous faut-il aujourd’hui, chers jeunes, chères femmes, chers militants ? Il nous faut un sursaut national. Il nous faut un sursaut historique. Il nous faut un sursaut d’orgueil et de fierté pour arracher les élections. Pour arracher la Côte d’Ivoire à la médiocrité. Il faut un sursaut. Qu’est-ce à dire, un sursaut national ? C’est-à-dire à un moment donné, quand on va donner le dernier coup de sifflet, tout le monde doit se lever, tout le monde doit se dire mais moi je fais quoi pour faire avancer qualitativement mon pays. Le problème de la Côte d’Ivoire, pendant que vous et moi nous avons sacrifié notre samedi matin pour venir parler des problèmes de la Côte d’Ivoire, d’autres, dorment. Tous les pays où il a eu un changement qualitatif et pacifique, c’est que tout le monde s’est levé. Dans ce pays, on sait que tout le monde est prêt, on sait que la majorité est fâchée. Mais beaucoup sont résignés. Nous qui sommes présents, chacun de nous doit aller leur parler, leur dire que les moments qui arrivent seront déterminants pour les dix années à venir. Est-ce qu’on a envie de reculer sur dix ans ou alors, allons-nous avancer sur deux générations ? On n’a pas le choix. Aujourd’hui, même quand tu vas chez les refondateurs après les manifestions d’orgueil ils ont faim. C’est une minorité qui a accaparé les fruits du pouvoir. Eux-mêmes, ils se cherchent. Un homme qui a faim, qui ne peut pas soigner son enfant, sa femme, c’est le comble.
Donc il faut engager le combat de l’éveil des consciences des Ivoiriens. Nous avons la prise de conscience à créer, et le sursaut national à réaliser. Nous en avons les moyens tous les ingrédients sont réunis. La Côte d’Ivoire est atteinte d’un cancer qui est en train de la ronger, il faut une intervention chirurgicale pour la guérir. L’intervention chirurgicale à ceci de particulier, qu’elle va juste permettre d’enlever la zone cancéreuse qui empêche le corps de vivre normalement. Aujourd’hui, il est de notre responsabilité de nous lever. Nous devons l’assumer si nous ne l’assumons pas, nous n’avons pas d’autre destin. Vous les jeunes, vous les femmes plus que tout, il est de votre responsabilité, il n’y a jamais eu de changement qualitatif sans que la jeunesse n’ait été le fer de lance. C’est très important ce que je vous dis. Et il est de notre responsabilité. Nous devons nous lever comme un seul homme pour que ce pays ait des élections comme les autres nations. Regardez au Gabon, lorsque le président Bongo, paix à son âme, est décédé, deux ou trois mois après, ils ont eu l’élection. Ils sont en train de parler d’autres choses. Le Togo, le Ghana, le Sénégal, le Libéria…Au Soudan, en pleine crise, ils ont organisé les élections. En Guinée où il y avait des problèmes, l’horizon est dégagé. Dans deux ou trois mois, les guinéens iront aux élections. En Côte d’Ivoire, on a quoi ? Qu’est-ce que nous avons ? Il faut que Laurent Gbagbo comprenne qu’il n’est plus possible de fabriquer des élections à sa mesure, pour les remporter haut les mains. Les élections sont comme des matchs de foot. Quand tu t’engages tu ne sais pas si tu auras l’issue de la partie. Et puis si tu perds ça fait quoi ? Laurent Gbagbo, si tu perds les élections, tu rentreras tranquillement à Mama. On ne te fera pas de mal. Il est temps que Gbagbo arrête de faire peur aux Ivoiriens. Que Gbagbo arrête d’effrayer les Ivoiriens parce que les Ivoiriens n’ont plus peur. Intimider, effrayer, on n’a plus peur. On est déterminé à assumer notre destin. Nous sommes dans le bon combat. On demande simplement des élections. Avec nos idées et nos arguments, avec le programme de notre candidat qui est vérité et cohérence, on a la capacité de changer ce chaos.
Je fais une confidence : le candidat Alassane Ouattara dès qu’on dira qu’il est élu président, 50% des problèmes de la Côte d’Ivoire sont résolus. Dès que les médias relayeront l’information en disant, « le nouveau président de la Côte d’Ivoire c’est Alassane Ouattara », vous avez réglé 50% des problèmes de jeunes qui sont le chômage. Pourquoi ? Parce que les investisseurs ont besoin des hommes qui inspirent confiance au monde des finances et au monde entier. Laurent Gbagbo, tu es devant une situation que tu ne peux gérer. Laisse ! Tu ne peux pas. C’est trop fort pour toi. Laisse ! L’heure de vérité va bientôt sonner. Le jour n’est plus loin où on va se remettre au travail. Le jour n’est plus loin où on va arpenter les rues de la Côte d’Ivoire pour conduire le président démocratiquement élu de la Côte d’Ivoire. Le jour n’est plus loin où ADO sera sanglé dans les plus beaux draps, les insignes de la République de Côte d’Ivoire prononçant son discours d’investiture. Rien ne nous est impossible si nous avons la volonté. Si nous sommes déterminés et mobilisés. L’erreur de Gbagbo, c’est de croire qu’on a peur de lui. L’erreur de Gbagbo c’est de dire que ces gens parlent, parlent, ils ne peuvent rien faire. Lui-même a dit que le film va prendre fin bientôt. Donc préparez-vous à participer à la fin du film.

Recueillis par MK
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