Bédié aux Houphouétistes : “J’ai le devoir de vous conduire au Palais et non au cimetière”

Pour la deuxième fois, en moins de trois jours, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) appelle à la retenue. Hier, il a donné une conférence de presse au cours de laquelle il a demandé aux houphouétistes de recourir au dialogue en cas de conflit. Une délégation du Rassemblement des républicains (Rdr), conduite par Amadou Gon Coulibaly, était présente à l’occasion.

«Au suivant ! », « Y a-t-il une autre question ? ». C’est l’ancien président Henri Konan Bédié, responsable du Pdci qui distribue ainsi le tour de parole aux journalistes. C’était hier, en fin d’après-midi, à la conférence de presse qu’il a donnée en sa résidence de Cocody, les ambassades. M. Bédié disposé, selon lui, à répondre à toutes les questions, a longuement parlé du report de la marche de l’opposition prévue aujourd’hui. «Chat échaudé craint l’eau froide. Nous avons l’expérience du passé récent », a-t-il dit, relevant qu’en mars des marches éclatées du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) avaient été réprimées dans le sang. Pour cela, il dit qu’il veut éviter d’autres morts dans les rangs de l’opposition. « J’ai le devoir de vous conduire au palais et non au cimetière », a-t-il interpellé à cet effet les houphouétistes. M. Bédié et Alassane Ouattara qui ont cautionné le report, l’ont fait pour éviter que des « violences extérieures » causent d’autres pertes en vies humaines. Mais ce samedi, un « malentendu interne » au Rhdp aurait pu entraîner le pire. Car, « l’objectif de la marche a été dévoyé parce que, dit M. Bédié, les jeunes voulaient organiser une marche insurrectionnelle qui durerait sept jours et qui occasionnerait la chute du régime Fpi (Front populaire ivoirien, Ndlr) », a révélé le conférencier. Autre fait qui a motivé le report, c’est que « le régime préparait un carnage ».
Pour M. Bédié, l’heure n’est pas au bras de fer. Il exhorte donc les Ivoiriens et les militants à préférer l’injustice à la violence. Car, on peut réparer l’injustice alors que le désordre peut tout emporter. Des toutes façons, s’est-il résumé, les Ivoiriens ne sont plus en 1995 quand Laurent Gbagbo disait et il cite : « Bédié ne nous laisse une autre alternative que la rue ». En 2010, la Côte d’Ivoire a changé ainsi que les mentalités de ses habitants, a fait comprendre le conférencier. Il dit être convaincu que le processus de paix reprendra incessamment. C’est pour cette raison qu’il appelle toute l’opposition au calme et à la retenue.

Bidi Ignace