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Politique Publié le samedi 15 mai 2010 | Nord-Sud

Conférence de presse du Président Henri Konan Bédié relative à la Conférence des leaders du Rhdp des 10 et 11 mai 2010

© Nord-Sud Par Emma
Report de la marche du RHDP du 15 mai 2010 - Le président Bédié s`adresse aux Ivoiriens
Vendredi 14 mai 2010. Abidjan. Résidence du président du PDCI-RDA à Cocody. Le Président Henri Konan Bédié anime une conférence de presse pour expliquer la décision prise par la Conférence des leaders du Rhdp les 10 et 11 Mai 2010
Certains ont exprimé leur approbation, d’autres leur incompréhension et leur déception, d’autres encore leurs désapprobations, d’autres enfin, leurs interrogations par rapport à l’avenir du RHDP, du PDCI-RDA et de la Côte d’Ivoire.

Que n’avons-nous pas entendu ?

BEDIE nous a trahis ; BEDIE a reçu 5 milliards, 7 Milliards, 10 Milliards et plus ; le PDCI a été vendu ; les responsables se sont fait acheter par GBAGBO ; BEDIE s’est fait rouler par GBAGBO ; les jeunes ont été sacrifiés ; … et j’en passe !
Des tracts sont même en circulation, nous rappelant les propos de 1995 de M. GBAGBO qui, ayant refusé d’apprendre la gestion d’un Etat en rentrant au Gouvernement, a déclaré : « BEDIE ne nous laisse d’autre alternative que la rue ».

Faut-il préciser que nous ne sommes plus en 1995, et qu’en 2010 la Côte d’Ivoire a changé.

Etant à l’écoute des militants et des Ivoiriens, j’ai donc décidé de tenir immédiatement cette conférence de presse pour dire aux militantes et militants, aux Ivoiriennes et Ivoiriens que je les ai entendus et compris, et pour les rassurer par rapport à notre avenir commun immédiat, conditionné par le processus de sortie de crise.
La marche projetée par nos jeunes est un moyen d’expression démocratique et un instrument de pression pour arracher au régime FPI la tenue immédiate d’élections transparentes et crédibles après les six reports que nous avons dû subir.
J’y ai pleinement souscrit même après ma rencontre avec le chef de l’Etat et des représentants de la Communauté Internationale que j’ai reçus à mon domicile.
Malheureusement, l’esprit, l’objectif et les conditions de préparation de cet évènement qui se voulait pacifique, ont été dévoyés. Ils étaient de nature à nous conduire à l’affrontement, à la chienlit, aux pertes en vies humaines et au risque de replonger notre pays dans la plus imprévisible des aventures.
Peut-être aurions-nous dû recadrer l’évènement à temps, je le concède bien volontiers.
En ma qualité de président du PDCI-RDA et ayant déjà assumé les charges de chef de l’Etat, je me devais de me montrer responsable.
Chaque Ivoirien se rappelle ces paroles fortes du président HOUPHOUET-BOIGNY affirmant qu’il préfère l’injustice au désordre ; car l’injustice peut se réparer alors que le désordre peut emporter tout, l’Etat, le corps social.
C’est le lieu de rappeler aux militants du PDCI-RDA et à tous ceux qui se réclament de l’Houphouétisme que le Père-fondateur nous a appris qu’en cas de conflit il faut recourir au dialogue. Si le dialogue échoue, il faut encore faire usage du dialogue, car en cas de conflit armé, pour s’en sortir, on aura toujours recours au dialogue mais dans des conditions plus difficiles parce que se sera dressé un mur de méfiance et de haine et qu’on aura déjà déploré des morts.
Mon acceptation de rencontrer le chef de l’Etat ne s’inscrit que dans la recherche du dialogue et constitue une étape importante de la reprise du dialogue inter-ivoirien.
Ayant contribué à bâtir ce pays pendant quarante ans, avec la sueur et l’intelligence du peuple ivoirien, il s’est imposé à moi la sagesse du jugement de Salomon. Que l’enfant vive !
Le président OUATTARA et moi-même avons donc cosigné le communiqué final, non par faiblesse, non par reculade, non par trahison mais dans le souci profond et réfléchi d’empêcher nos jeunes, dignes, volontaires et engagés d’aller au carnage qui se préparait par le pouvoir FPI.

C’est le lieu de féliciter nos jeunes et nos femmes pour leur courage et leur détermination.
Nous avons décidé d’éviter donc d’aggraver et de prolonger la crise qui dure depuis plus de dix ans et qui a plongé le pays dans une paupérisation généralisée, une économie délabrée et une situation sociale intenable.
Nous le savons, notre pays connaît une grave anomie, c’est-à-dire un état de désorganisation et de déstructuration dû à la disparition partielle ou totale des normes et valeurs communes à ses citoyens.
Nous ne voulons pas en rajouter aux blessures, meurtrissures et aux souffrances du peuple qui n’aspire qu’à vivre en paix.
Aucune ambition politique ne peut s’accommoder de sacrifices inconsidérés de vies humaines.
La vie humaine est sacrée. Et j’affirme que le droit à la vie est le premier droit de l’Homme.
Je regarde les militants du PDCI et les Ivoiriens droit dans les yeux et je leur dis : vos vies sont sacrées, vos vies me sont chères. Trop de sang a déjà coulé sur notre sol.
Il faut que des responsables dignes et de bonne volonté arrêtent cela.
Quant à la lutte politique, elle continue. Elle doit se poursuivre dans le cadre du rassemblement des houphouétistes réconciliés et revigorés
La marche a été reportée mais elle n’est pas annulée.
J’exhorte les militants qui m’ont fait confiance en me désignant comme leur candidat à l’élection présidentielle à garder confiance, à me faire toujours confiance.
J’ai le devoir de les conduire au Palais de la Présidence de la République et non au cimetière.
Des contacts que j’ai établis en leur nom, en Côte d’Ivoire avec les Chancelleries et à l’extérieur avec le facilitateur, le président Blaise COMPAORE, je reste convaincu que le processus électoral reprendra avec diligence, les prochains jours, pour que nous puissions sereinement nous préparer à aller aux élections.
Les élections restent, en l’état actuel des choses, la seule et unique voie pour doter notre pays d’institutions légitimes, pour renouer avec la paix et reprendre notre développement.
Je renouvelle mon engagement d’œuvrer, de concert avec tous les leaders du RHDP et les Ivoiriens de bonne volonté à la tenue effective de l’élection présidentielle.
On ne bâtit pas l’avenir d’un pays par la violence et dans le sang.
La violence conduit toujours au désastre, à la destruction, au sang et aux larmes. Or, « le Seigneur a en horreur les hommes du sang et de la ruse ».
Je sais que vous m’avez compris et je sais pouvoir compter sur votre esprit de discipline, votre persévérance et votre fidélité.

Restez mobilisés et à l’écoute
Je vous remercie

Fait à Abidjan, le 14 mai 2010

Henri KONAN BEDIE
Président du PDCI-RDA
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