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Politique Publié le mercredi 2 juin 2010 | L’expression

Présidentielle en Côte d’Ivoire - La longue marche des rendez-vous manqués

© L’expression Par DR
Sortie de crise: les accords politiques de Ouagadougou mis à rude épreuve
Photo d`archives. Passation de charges à la Commission électorale indépendante (CEI) entre l`ancien président, Robert Mambé Beugré (à dr.) et le nouveau, Youssouf Bakayoko (à g.)
Après la période de fin février-début mars, les Ivoiriens sont en attente de la fixation de la nouvelle date des élections. Mais que faut-il attendre de cette énième date quand on sait que plusieurs autres échéances ont été fixées sans avoir jamais été respectées ?

Cette semaine, sauf changement de dernière minute, ce qui ne serait d’ailleurs pas une surprise, les Ivoiriens devraient être situés sur la nouvelle date à laquelle ils seront conviés aux urnes. Le président Laurent Gbagbo a fait cette promesse au cours de la visite qu’il a rendue, le 17 mai, à Alassane Dramane Ouattara, président du Rdr. Des élections devenues un véritable serpent de mer. Depuis octobre 2005, date de la fin du mandat constitutionnel de Laurent Gbagbo, cinq dates ont été proposées et n’ont pas été respectées : Marcoussis a proposé octobre 2005, la résolution 1633 du Conseil de sécurité de l’Onu a retenu le 31 octobre 2006, Pretoria a opté pour le 30 novembre 2008 et l’Accord de Ouagadougou est venu rassurer tout le monde sur le 29 novembre 2009 avant de repousser l’échéance à fin février-début mars 2010. La dernière date que se prépare à proposer la Cei sera-t-elle la bonne ? Personne n’osera risquer un pari. Chronique d’un scrutin encore incertain.

30 octobre 2005 : requiem pour Marcoussis

Dans le processus électoral ivoirien, cette date marque le point de départ d’une série de rendez-vous qui ne seront jamais respectés. Après le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 qui s’est mué en rébellion, les différents acteurs politiques se sont retrouvés au bord de la Seine (France) pour laver le linge sale de la famille, dans la cour de l’ancien colonisateur. Au terme de l’accord signé à Marcoussis, dans la banlieue parisienne, Seydou Elimane Diarra est nommé Premier ministre avec des pouvoirs élargis pour faire appliquer le compromis obtenu au bout d’intenses négociations. Comme grand chantier, cet accord prévoyait l’organisation des élections présidentielles et législatives et aussi la révision de l’article 35 de la Constitution. Après un détour à Accra et à Pretoria, les parties ivoiriennes acceptent enfin de se rendre aux urnes le 30 octobre 2005 grâce à l’accord de Pretoria qui a pu régler une bonne fois pour toute la sempiternelle question de l’article 35. Mais le 30 octobre, point d’élection. La résolution 1633 du 21 octobre 2005 du Conseil de sécurité des Nations unies proroge le mandat du président Laurent Gbagbo.

31 octobre 2006 : le rendez-vous sous Banny

Charles Konan Banny est nommé nouveau Premier ministre de transition avec des « pleins pouvoirs ». Il a la lourde tâche d’effectuer le désarmement et d’organiser les élections. Pour contraindre les acteurs de la crise à respecter les délais, une rencontre est organisée, le 28 février 2006 à Yamoussoukro. Le rendez-vous des « quatre grands » redonne un peu d’espoir aux populations. Mais, très vite, elles vont déchanter. L’Onu décide alors de prendre ses responsabilités. Le 5 juillet, Koffi Annan élabore un chronogramme d’actions allant de l’identification au désarmement en passant par le redéploiement de l’administration. Exaspéré par les obstacles posés sur le chemin des urnes, Pierre Schori déclare, le 23 août 2006, que la date du 31 octobre n’est plus tenable. Cette décision sera ratifiée par la résolution 1721 du 1er novembre 2006. Celle-ci consacre, sur papier, la dernière transition de l’ère Gbagbo. Le débat autour de la concomitance entre le désarmement et les audiences foraines fait dérailler le ‘‘train’’ de l’ex-gouverneur de la Bceao. Banny ne parviendra pas à le conduire au terminus des élections. Après le scandale des déchets toxiques, l’ancien banquier sera sacrifié sur l’autel du dialogue direct. Dans la capitale du Burkina-Faso, Gbagbo et le chef de la rébellion paraphent l’Accord politique de Ouagadougou. Le chef de l’Etat ivoirien peut savourer sa victoire sur la communauté internationale qui l’empêchait de dormir avec ses résolutions contraignantes.

30 novembre 2008 : le rendez-vous de tous les espoirs

L’Apo signé le 4 mars 2007 matérialise la détente entre l’ex-rébellion et le camp présidentiel. Guillaume Soro est nommé Premier ministre. Il est chargé de la sortie de crise. Dans la ferveur du dialogue direct Gbagbo- Soro, une nouvelle date est fixée après la cérémonie de la « Flamme de la paix » célébrée en grande pompe, le 30 juillet 2007, au stade municipal de Bouaké. En présence de plusieurs chefs d’Etat, Laurent Gbagbo n’a pas pu contenir sa joie. « La guerre est finie », s’est-il écrié. Malheureusement, des retards accusés par le processus électoral avec la bataille autour de l’identification vont obliger les signataires de l’Apo à zapper l’échéance du 30 novembre. Le Cpc qui s’est tenu le 10 novembre 2008 invite la Commission électorale indépendante (Cei) à établir un nouveau calendrier électoral. Les observateurs, et avec eux, les Ivoiriens, comprennent dès lors tout le sens de la boutade du Premier ministre quand ce dernier conseillait de « sortir du fétichisme des dates ».

29 novembre 2009 : la grosse déception

De toutes les dates des élections qui ont été proposées dans le cadre du règlement de la crise ivoirienne, le rendez-vous manqué du 29 novembre est resté dans la gorge des Ivoiriens qui pensaient que cette fois-ci, c’était la bonne date. Les principaux candidats à l’élection présidentielle se sont lancés dans la pré-campagne. Mieux, le Premier ministre Guillaume Soro, lisant le décret de convocation du collège électoral, le 15 mai 2009, avait pourtant rassuré ses compatriotes. « Le collège électoral de la République de Côte d`Ivoire est convoqué le dimanche 29 novembre 2009 en vue de procéder à l`élection du président de la République », stipulait le décret adopté lors du conseil des ministres du 15 mai. Le patron de la sortie de crise ajoute, comme pour rassurer les pessimistes. « A la différence du 30 novembre 2008, la date du 29 novembre 2009 proposée par la Cei est une date réaliste. » Malgré les assurances données par le chef du gouvernement et Robert Mambé Beugré alors président de la Cei, le 29 novembre passera sans que les Ivoiriens n’entrent en possession de leurs cartes d’identité et d’électeurs. A plus forte raison, se rendre aux urnes.

Fin février-début mars 2010: les masques tombent

Comme le margouillat qui construit et détruit avec sa queue, les acteurs politiques, après avoir mis les populations devant le fait accompli, se sont retrouvés, à nouveau, au palais de Kosyam à Ouaga pour consulter le facilitateur Blaise Compaoré. Pour éviter le danger du « fétichisme des dates » après la fin de l’enrôlement, une période assez vague est indiquée pour organiser l’élection présidentielle. C’était sans compter avec la mauvaise foi des uns et des autres. Le président-candidat, soupçonnant Robert Mambé de vouloir introduire 429.000 électeurs sur la liste électorale provisoire, laisse tomber le masque. Le 12 février, il dissout, et le gouvernement et la Cei contre l’avis de ses concurrents. Les violences qui ont suivi cette décision ont eu raison du rendez-vous électoral. La marche de protestation que voulaient organiser les jeunes du Rhdp pour réclamer une date de la présidentielle a été reportée après un semblant de dialogue inter ivoirien. Avec toujours à la manœuvre le chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Après le énième report, le candidat de La mouvance présidentielle conduit allègrement son monde vers …octobre 2010.

Kra Bernard
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