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Politique Publié le jeudi 3 juin 2010 | Le Nouveau Réveil

Requiem annoncé de l`Apo : Compaoré, les dessous d`une sourde révolte

Exaspération et lassitude. Le Président Blaise Compaoré, Facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien qui a enfanté le 4 mars 2007 l'Accord politique de Ouagadougou (APO) est au bout du souffle. L'enthousiasme des lendemains de la signature de l'APO l'a abandonné, Blaise Compaoré envisage même de se retirer de la médiation si au-delà de 2010, les élections n'étaient pas organisées en Côte d'Ivoire. Pour l'APO ainsi que pour Gbagbo et Soro, le vrai compte à rebours vient de commencer
"Il est certain que mes limites effectivement peuvent être atteintes au cours de cette année", a confié le Facilitateur du dialogue direct avant d'ajouter qu'au-delà de 2010, il pourrait jouer un rôle différent dans le règlement de la crise ivoirienne. "Je m'en occuperai, mais pas à ce niveau". Ce qui veut clairement dire qu'il ne sera plus au premier plan.
En Côte d'Ivoire, cette sortie du Président Compaoré ne manquera pas d'alimenter la polémique. Pourquoi le Facilitateur veut-il partir ? Est-il déçu ? De qui ? Pourquoi annonce-t-il son départ maintenant ? Veut-il mettre une pression sur les acteurs politiques ivoiriens ou est-il simplement émoussé, déçu ? Par ailleurs, quel sort pour l'APO et pour Gbagbo et Soro si Compaoré venait à se retirer effectivement ?
On ne peut pas dire qu'on est vraiment surpris par la présente sortie du Président Compaoré. Tous ceux qui suivent l'évolution de la situation politique en Côte d'Ivoire disposent d'éléments assez probants pour comprendre la posture du Facilitateur. Sans le dire, Compaoré est agacé par l'inertie du processus de sortie de crise, les blocages intempestifs et les grosses incertitudes qui planent sur l'organisation des élections.
Le Facilitateur estime sans doute que ses efforts pour tirer le processus vers le haut sont mis en déroute par un manque de volonté politique manifeste des principaux acteurs du processus de sortie de crise. Il a été en effet presque mis devant le fait accompli lorsque le 12 février de cette année, Gbagbo, de manière cavalière, prononçait la dissolution de la Cei et du gouvernement.
Avec beaucoup de difficultés mais surtout de tacts, Blaise Compoaré a réussi à recoller les morceaux, à remettre sur pied la Cei dans son format traditionnel et un gouvernement avec la participation des partis politiques. Contrairement à la volonté de Gbagbo.
En accord avec tous les acteurs politiques ivoiriens, le Facilitateur avait réussi, lors de son passage à Abidjan, fin février, à faire adopter par tous, un nouveau chronogramme électoral qui devrait conduire le pays vers des élections fin avril-début mai 2010. Mais dès qu'il a tourné le dos, le camp présidentiel va brandir de nouvelles exigences qui vont plomber tout le processus. C'est finalement à la mi-mai que la première phase du contentieux va démarrer.
Il y a deux semaines, Gbagbo avait promis de réunir le Premier ministre et le président de la Cei pour proposer une nouvelle date de la présidentielle. Mais les choses traînent. Et rien n'indique, à part les déclarations d'intention de Gbagbo et de Soro (ce qui n'est pas nouveau), que les élections auront effectivement lieu cette année.
La crise en Côte d'Ivoire a fini par exaspérer tout le monde. La communauté internationale nous envoie de temps à autre des signaux forts. Mais de toute évidence, Gbagbo et Soro s'en moquent. Ils comptent sur la force pour maintenir leurs positions. Depuis quelques jours, les armes ont repris les places dans les rues d'Abidjan. Les Forces de défense et de sécurité nationale sont en alerte.

Si Compaoré s'en va…
Si Compaoré s'en va, on fait quoi ? Si Compaoré s'en va c'est que l'APO est mort. Puisque dans ses dispositions, les Accords de Ouaga ont fait du Facilitateur un acteur clef du dispositif. Compoaré est un acteur essentiel de l'APO. Il a été associé à la conception, à son élaboration, à sa déclaration officielle de naissance, à sa mise en œuvre.
Tous les différents susceptibles de surgir dans l'application de cet accord, toutes les divergences d'interprétation des textes relèvent de sa compétence exclusive. Il est donc clair que si un acteur de cette trempe venait à se retirer de l'APO, c'est tout l'édifice qui s'écroule. Parce que cet accord va perdre son capital-confiance. Car c'est parce que Compaoré est là que la communauté internationale fait encore preuve de patience et de tolérance vis-à-vis de Gbagbo et de Soro. Qui avaient promis les élections dix mois après la signature de l'APO en mars 2007 mais qui après 37 mois sont incapables de proposer une date pour la présidentielle. Si Compaoré jette l'éponge, que l'APO est aussi jeté aux orties, Gbagbo sera obligé de partir. Un nouveau cadre institutionnel s'impose et cela doit se décider en accord avec la classe politique ivoirienne et la communauté internationale.
Akwaba Saint Clair
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