Sortie de Compaoré, Koulibaly: Affoussy Bamba exprime la position des Forces Nouvelles

Question : Il y a comme un parfum de désamour entre les Forces Nouvelles et le RDR. Pourquoi certains cadres du RDR, n'hésitent plus à tirer à boulets rouges sur le Premier Ministre, Guillaume Soro. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Affoussy BAMBA :
Il faut voir dans la sortie de ceux à qui vous faites allusion l’expression d’une lassitude par rapport au retard accusé dans la conduite du processus électoral. Lassitude généralisée qui dépasse le RDR.
En réalité, il n’y a pas de problème entre les Forces Nouvelles et le RDR, ni entre le Secrétaire Général des Forces Nouvelles Monsieur Guillaume Soro et le Président Alassane Dramane Ouattara.
Néanmoins, quel que soit le degré de lassitude que l’on peut éprouver, il faut éviter de s’attaquer aux institutions ou aux personnes, parce que c’est mesquin et inutile.

Q :
Beaucoup ne le savent peut-être pas, vous êtes très impliquée depuis le début à un haut niveau, dans les négociations qui ont conduit à l'Accord Politique de Ouagadougou. Blaise Compaoré le Facilitateur a affirmé récemment, qu'il pourrait se retirer de la médiation d'ici quelques mois. Est-ce selon vous, le signe d'un échec de l'APO ou un effet de lassitude face aux engagements que les parties signataires ont du mal à tenir? Pour certains, l'APO est mort de sa belle mort.

A. B.
La déclaration du facilitateur n’est pas une reconnaissance de l’échec de l’APO mais une lassitude généralisé face à la non tenue des élections aux échéances fixées comme je l’ai indiqué précédemment.
L’APO est un très bon accord qui permet de régler les questions d’identité et électorales.
Mais comme tout accord, il ne peut être exécuté tout seul, il ne l’est que par la volonté des signataires.
Or en l’occurrence, il faut reconnaitre que le processus électoral a été bloqué depuis janvier 2010 et depuis lors, le Premier Ministre, dans le cadre d’un consensus parvient à faire évoluer les choses.
On ne peut donc pas raisonnablement dire que l’APO est mort de sa belle mort.

Après les rencontres entre le Chef de l’Etat et les leaders de l’opposition que sont BEDIE et OUATTARA, les discussions se poursuivent avec le Premier Ministre, le Président de la CEI et les structures impliquées dans le traitement de la liste dite blanche, tel que l’INS et la SAGEM.
La discussion a été suspendue pour reprendre le vendredi (ndlr : 04/06/10) et elle va s’élargir à d’autres acteurs, autour de la fiabilité de la liste Electorale, de sorte que l’on arrive à adopter un mode opératoire permettant de régler définitivement la question de la fiabilité de la liste électorale. Tout ceci pour nous permettre d’avoir une liste définitive et aller aux élections.
Par conséquent, tirer les conclusions de l’échec de l’APO à ce stade des discussion, me parait prématuré et inopportun.
Donnons une chance à ces initiatives avant d’emboucher la trompette de ceux qui prédisent la mort de l’APO.
En tant que signataire de cet accord, le jour où il apparaîtra que l’on est dans une impasse, les Forces Nouvelles prendront leur responsabilité pour constater l’échec de l’APO.

Q :
Monsieur Mamadou Koulibaly s’en prend aux Forces Nouvelles et propose une fusion des listes blanche et grise, qu’en pensez-vous ?

A. B. :
Au contraire, je crois qu’il s’en prend au clan présidentiel en indiquant qu’il faut fusionner les listes blanche et grise en l’état, pour aller très vite aux élections.
Or, la remise en cause de la fiabilité de la liste dite blanche, de 5.300.000 électeurs n’est pas une revendication des Forces Nouvelles, mais du camp présidentiel.
En outre, un mode opératoire avait été adopté à Ouagadougou, mais il risque aujourd’hui d’être modifié par la remise en cause de la fiabilité de cette liste, ce qui conduit à des retards dans l’avancée du processus.
On ne peut donc pas raisonnablement dire que Mamadou Koulibaly n’est pas tendre avec les Forces Nouvelles, qui je le rappelle sont arbitres dans ce processus parce que n’étant pas candidat à l’élection présidentielle.
Il faut souligner la solution de la fusion des listes blanche et grise que Mamadou Koulibaly préconise, est empreinte de bon sens, mais il devrait en sa qualité de cadre du FPI, chercher plutôt à y faire adhérer le camp présidentiel, de sorte à régler définitivement cette question.

Q :
N'est-ce pas une bonne raison supplémentaire pour aller vite aux élections et à la réunification du pays. La mort de l'APO consacrerait l'échec de ce dialogue inter ivoirien, celui initié par Gbagbo et Soro...

A. B. :
Je ne vous contredirai pas sur ce point.

Q :
Parlons de ces engagements pris, notamment du processus du désarmement. Le 15 juin vous avez annoncé la relance de l'encasernement. Cela signifie qu'en amont bien des problèmes ont été réglés. J'ai nommé l'état des sites d'accueil et l'épineuse question des finances, le nerf de la paix...

A. B.
Les discussions liées aux questions financières sont loin d’être finies puisqu’il faut régler dans le même temps, les problèmes connexes à l’encasernement, la démobilisation et l’unicité des caisses de l’Etat.
Les discussions se poursuivent sur les questions financières.
Il est certain que l’encasernement de Korhogo sur le site du CTK aura bel et bien lieu le 15 juin 2010, ce qui n’est pas fortuit.

Q :
Combien seront-ils vos hommes qui seront encasernés ? Est-ce que ce processus sera achevé avant les élections ?

A. B. :
L’effectif total des hommes est de des 5000 Volontaires pour l’Armée Nouvelle.
Sur Korhogo, il est prévu l’encasernement de 500 soldats sur le site CTK, mais à terme sur l’ensemble de Korhogo. Il devrait y avoir 1300 soldats encasernés au sein des Groupements d’Instruction.
Ce processus, étant lié aux questions financières, une fois celles-ci réglées, il devrait s’achever rapidement.
Pour savoir si ce sera avant ou après les élections, je vous dirai qu’il faut que la date en soit connue, encore faut-il pour cela, que nous nous accordions rapidement sur la liste électorale définitive.

Q :
Toute dernière préoccupation Maître Affoussy Bamba, quelle signification politique prend à vos yeux, cette relance de l'encasernement ?

A. B. :
Cela revêt le sens du retour à la normalisation, le retour des militaires dans les casernes comme pour signifier que le plus dur est derrière nous.

Une interview réalisée par afreekelection.com